Comme
souvent le 17 août et sur la page d'accueil de Pagina/12, le peintre et dessinateur de presse Miguel Rep
rend hommage aujourd'hui à José de San Martín,
dont c'est l'anniversaire de la mort à Boulogne-sur-Mer en 1850. Et
comme d'habitude, c'est très bien vu, c'est simple, efficace et drôle.
Mais si vous n'êtes pas sud-américain, il faut que vous ayez lu mes
bouquins pour en savourer tout le bouquet... Eh ! On n'a rien
sans rien, que voulez-vous !
On
y voit donc le petit José dans sa région natale, aujourd'hui la Province
de Corrientes, réfléchir sur certaines intuitions qui prophétise dans cet âge tendre le reste de sa vie et surtout son œuvre
émancipatrice, celle-là même que les Argentins célèbrent aujourd'hui. Il a déjà le visage si caractéristique que les
Sud-Américains lui connaissent : chevelure fournie et très
noire, gros favoris, et gros sourcils.
Le
paysage de Yapeyú,
sa ville natale, est suggéré avec le petit bout de mur que vous
voyez dans la partie droite : cette sorte de porte rappelle les
ruines actuelles de la maison natale du héros (la ville a été incendiée par les Brésiliens en 1817) ou celles de San Ignacio Miní, vestiges des missions jésuites
détruites par les Espagnols laïcs après l'expulsion de la Compagnie de Jésus
en 1767-1773. C'est-à-dire que San Martín
n'a pas connu sa bourgade natale dans sa splendeur, puisqu'il est né
en 1778 (c'est facile à retenir : c'est comme Badoit).
Le
commentaire dit : Yapeyú,
en 1700 je ne sais quoi (1), sous l'impitoyable soleil de Corrientes,
le petit José demande (2) :
"Les montagnes ? C'est quoi les
montagnes ?"
" Les ci-devants, c'est quoi les ci-devants ?"(3)
"Gloire, ça veut dire quoi, gloire ?"
(Traduction
Denise Anne Clavilier)
Quant
à savoir pourquoi ce petit bout s'intéresse à la montagne et aux
ci-devants, lisez les bons ouvrages :
San
Martín par lui-même et par ses contemporains (Editions du Jasmin).
Et
toc !
Como se me invitaron a subir al palco, puedo compartir con mis lectores esta foto del acto de este mediodia en Plaza San Martin, en Retiro (Capital Federal) |
Et
puisqu'on m'a invitée à monter à la tribune tout à l'heure, lors
de l'hommage officiel, voilà une vue d'un moment de la cérémonie
de cette après-midi, Plaza San Martín,
avec l'équipage du navire-école japonais qui était en escale au
port de Buenos Aires et a voulu participer à la cérémonie (au fond de
l'image, à droite, l'unité en uniforme bleu marine perpendiculaire
à l'axe du monument).
(1)
Le "je ne sais quoi" en question suppose qu'il y a beaucoup d'années en jeu.
Dans l'autre cas, on dirait y picos (et des poussières)
(2)
Le diminutif est présenté au carré. Le diminutif de José est
Pepe. Josecito, c'est vraiment pour un bébé. Ce qui n'est pas loin
de la vérité historique puisque San Martín
a quitté Yapeyú
pour Buenos Aires en 1781.
(3) Pour se moquer d'eux, les révolutionnaires sud-américains appelaient godos (les Goths) les absolutistes parce qu'ils étaient politiquement retardés et que la répression qu'ils faisaient peser sur les révolutionnaires était des plus féroces. En français, on aurait parlé de "barbares" (cf. les "vandales") ou de "buveurs de sang", ce qui dans notre langue n'emporte pas de notion politique mais uniquement une coloration criminelle. L'histoire veut que pour nous, ce soit l'expression ci-devant qui porte cette signification.