Couverture du dossier de presse de l'exposition L'artiste dans son atelier devant sa toile Sin pan y sin trabajo |
Il y a cent
cinquante ans, à Buenos Aires, naissait Ernesto De La Cárcova
(1855-1927), l'un des peintres majeurs de l'Argentine. Le Museo
Nacional de Bellas Artes (MNBA) lui rend hommage à Recoleta en exposant
soixante-dix toiles et autres œuvres, dont le plus connu de ses tableaux,
une œuvre emblématique de la peinture de la fin du XIXème
siècle, Sin pan y sin trabajo (sans pain et sans travail), qui
représente un couple de prolétaires désespérés de ne pouvoir
subvenir aux besoin de leur nouveau-né avec un père, prématurément vieilli, qui regarde
avec intensité l'entrée des ouvriers à l'usine sur laquelle donne
la fenêtre d'un logis misérable (1) ... On connaît moins le reste de sa
production, mais il fut un excellent portraitiste de la meilleure
société argentine...
Dans les années 1880, le peintre était venu en
Europe se former, surtout à Rome, d'où il vint séjourner à Paris. Il y présida une
association d'étudiants argentins (les Argentins de très bonne
famille étaient nombreux alors à venir achever leurs études à La
Sorbonne). De retour dans son pays, il s'affilia à l'un des partis socialistes qui existaient alors à Buenos Aires (les socialistes n'ont jamais fait leur unité en Argentine).
Jusqu'à la fin de sa vie, De La Cárcova resta un activiste des relations culturelles entre la France et l'Argentine. Le Journal Officiel de la Troisième République mentionne
son nom le 6 juillet 1912 : il avait obtenu une mention au Salon
officiel dans la section de peinture. Plus tard, pendant la première
guerre mondiale, il fut membre du bureau du Comité Franco-argentin
qui soutenait la France en conflit à Buenos Aires, en lien avec
notre ambassade, comme en témoigne le quotidien parisien Le Gaulois du 4 avril 1917.
Le Gaulois du 4 avril 1917 (source Gallica) |
C'est la première fois
que le musée rend hommage à ce grand artiste fortement engagé sur
les enjeux sociaux de son temps. La dernière exposition le
concernant remonte à l'année 1928, ce fut une initiative de sa
veuve l'année suivant sa mort.
Dans sa collection
permanente, le MNBA ne propose que six œuvres de ce peintre qui eut
une influence importante sur les artistes de son temps, une influence
qui continue de se faire sentir, notamment à l'UNA dont l'école des
beaux-arts porte son nom... Simultanément, deux autres expositions
complémentaires se tiennent l'une à la Universidad de las Artes
(UNA) dans Buenos Aires, et l'autre, en banlieue, à la Universidad
Nacional de San Martín (UNSAM) en lien avec les artistes qui animent
le quartier qui porte le nom de l'artiste.
Pour la première fois
aussi, le tableau-phare a été radiographié et les études sur la
structure du chef d'œuvre sont présentées au public pour mieux le
découvrir et le comprendre.
Les Annales, janvier-juin 1924, p 33 (source Gallica) (1) |
Vernissage de l'exposition
ce soir, 8 novembre 2016, à 19h.
Visites du mardi au
vendredi de 11h à 20h et le week-end de 10h à 20h. Visites guidées
de jeudi à dimanche, à 18h, à partir de la semaine prochaine (19
novembre).
La manifestation est
prévue pour durer tout l'été. Elle fermera ses portes le 26
février 2017.
Le musée présente
l'exposition avec des textes plus approfondis qu'auparavant sur son
site Internet. On sent que les directeurs de musée se
professionnalisent (ils étaient surtout nommés pour des raisons
politiques jusqu'à la fin du mandat de Cristina Kirchner).
Pour en savoir plus :
lire la dépêche de Télam
sur l'exposition
consulter le site Internet du musée
consulter la page Facebook
du musée
lire la note concernant le peintre dans La Revista de Artes (n° 14, mai-juin 2009, Buenos
Aires)
lire sa biographie (en
espagnol) sur le site encyclopédique CVAA (Centro Virtual de Arte
Argentino)
Canal Encuentro (dont le
site Internet vient d'être entièrement réorganisé et relooké) a
consacré un documentaire de 26 minutes au grand peintre dans la
collection Huellas, Arte Argentino. On peut le visionner sur le site
Internet de la chaîne.
(1) Parmi les membres de
l'association, on trouve, entre autres, le nom de Ricardo Levene,
l'historien qui a fondé ce qu'on appelle en Argentine le
revisionismo, un courant qui veut réviser le récit officiel figé
par Bartolomé Mitre (1821-1906) dans les années 1860, guidé par son dessein
idéologique de libéralisme anglophile. On trouve aussi celui du
romancier Bioy Casares, grand ami de Borges... Notez également la mention du quotidien La Prensa qui existe toujours.