Cette semaine, le groupe
médiatique Octubre, qui a soutenu les gouvernements de Néstor et Cristina Kirchner et qui
se place ouvertement dans l'opposition à Mauricio Macri, met le
paquet contre les oligarchies argentines revenues au pouvoir selon
lui en les dénonçant dans le prochain numéro mensuel de Caras y
Caretas.
Le groupe Octubre a
récupéré l'ancienne directrice de Radio Nacional, la très
kirchneriste María Seoane, et l'a nommée directrice des contenus de
son mensuel, à côté du directeur-général qui n'est autre que
l'historien-couteau suisse Felipe Pigna qui a, lui, conservé son
émission sur les ondes de Radio Nacional (écrivain, documentariste,
producteur et animateur radio, journaliste, etc.).
Le numéro de novembre du
mensuel illustré sera vendu avec Página/12, le quotidien du groupe
qui possède aussi la radio AM 750 et qui était le producteur de
l'émission de télévision 678, qui faisait tous les soirs la
propagande gouvernementale sur la chaîne de télévision publique du
lundi au vendredi et qui a été arrêtée dès la prise de fonction
de Mauricio Macri. Página/12 annonce le retour d'une revue rendue
plus démocratique, pluraliste et progressiste mais on peut avoir
quelques doutes sur les deux premiers adjectifs. Le pluralisme
démocratique n'est pas la marque de fabrique du Grupo Octubre.
Le numéro d'octobre 2016 était consacré au tango contemporain Le nouveau magazine a volé jusqu'au lettrage du titre de son prédécesseur Quelle tromperie sur la marchandise ! |
L'opération Caras y
Caretas est très contestable : le titre prétend récupérer la
gloire d'un ancien hebdomadaire fondé par Fray Mocho à la Belle
Epoque, en octobre 1898, mais qui a cessé de paraître en 1939 (1).
Il n'y a donc aucun lien entre le mensuel actuel et l'hebdomadaire
historique, ce qui n'empêche pas le site Internet du premier de
revendiquer, avec un culot inouï, à la limite de l'immoralité, la
paternité et la propriété intellectuelle des premières
couvertures dont les très beaux dessins en quadrichromie ont fait la réputation de
ce premier magazine illustré argentin.
Décidément, le groupe
Octubre montre un visage de moins en moins sympathique avec ces
impostures et ces stratégies de bernard-l'hermite, ce crustacé qui
s'abrite dans des coquilles vides. Il prospère de cette manière sur
le manque de culture historique du public argentin et son corollaire,
le penchant d'une bonne partie du lectorat, de droite comme de
gauche, au complotisme.
Pour en savoir plus :
visiter le site Internet
du nouveau Caras y Caretas (qui a osé s'attribuer un nom de domaine en .org alors qu'il s'agit d'un magazine commercial comme n'importe quel autre titre de presse).
(1) A plusieurs reprises,
j'ai renvoyé mes lecteurs au Caras y Caretas authentique lorsque
j'ai consacré certains de mes articles à des événements
historiques comme la bataille de Verdun (pour mon article n° 4900), l'arrivée au pouvoir du président Hipólito Yrigoyen, il y a cent ans ou sur le centenaire
de la déclaration d'indépendance, l'un de mes articles du 9 juillet dernier.