En confiserie et en pâtisserie, les Argentins aiment les décors chargés |
En Argentine comme
ailleurs dans le monde chrétien, Pâques rime avec festin. En
l'occurrence d'automne. Plusieurs musts sur la table familiale :
les œufs, poules et autres lapins en chocolat, le poisson, les
coquillages et un gâteau brioché, traditionnellement parfumé à
l'écorce de citron ou d'orange, cuit en forme de couronne, puis
décoré avec des fruits confits sur de la crème pâtissière ou un glaçage (blanc ou chocolat), la
rosca de Pascua.
Dans ce domaine, comme
dans les autres, les prix flambent. Les associations de consommateurs
et les instituts économiques estiment cette flambée des prix à 45
à 56 %, par rapport à l'année dernière, pour les moulages en
chocolat, à 35 pour le poisson auquel les Argentins restent très
attachés pour les repas du triduum pascal (1), à 50 pour les
coquillages et à 33 pour la rosca.
Ce qui est cohérent avec
l'inflation générale observée au mois de mars : 2,4% pour ce
mois de rentrée.
Cette année, il faut
débourser 135 pesos pour une rosca de 500 grammes (elle était aux
alentours de 90 l'année dernière) et entre 200 et 225 pour un
malheureux œuf de 150 grammes !
Pour aller plus loin :
lire l'article de Página/12 sur le panier des fêtes
lire l'article de La Nación sur l'inflation générale
consulter la page que Cocineros Argentinos consacre à la rosca... Cocineros Argentinos ne
présente pas toujours les recettes les plus authentiques, car il
s'agit avant tout d'un spectacle télévisuel (Televisión Pública), mais c'est un très
bon spectacle et les recettes sont bien expliquées (en espagnol et
en vidéo).
(1) On appelle triduum
pascal les trois derniers jours de la Semaine Sainte, jeudi, vendredi
et samedi, qui condensent les mystères de la foi :
l'institution de l'eucharistie lors de la sainte Cène le jeudi, la
Passion et la Crucifixion du Seigneur le vendredi (avec son
traditionnel chemin de croix) et la foi en la Résurrection le
samedi, qui débouche depuis la réforme liturgique par la Veillée
Pascale dans la nuit. Traditionnellement, les Espagnols étaient
exemptés de respecter l'interdiction de la viande pendant le Carême,
un privilège accordé par le Pape après la victoire navale de
Lépante, au large de Patras, qui avait mis un terme définitif, le 7
octobre 1571, à l'avancée des Turcs dans les territoires chrétiens,
cette même bataille dans laquelle Cervantes, dans la flotte
espagnole, perdit un bras. Il va sans dire qu'il y eût en Argentine
sous l'Ancien Régime des colons espagnols qui s'en tirent à ce
privilège et en écartèrent les autres habitants du Nouveau Monde,
les Amérindiens, les esclaves, les étrangers qui obtenaient du roi
l'autorisation de s'installer dans les Indes occidentales.