samedi 27 avril 2019

Béatification de Mgr Enrique Angelelli et de ses compagnons à La Rioja [Actu]

Marionnette géante du nouveau bienheureux dans le site de la célébration de ce matin
Photo Natalia Díaz pour Télam

Quelques mois après l’instauration de la dernière dictature militaire, l’évêque de La Rioja, Mgr Enrique Angelelli, et ses trois compagnons, dont un prêtre français et un catéchiste, ont trouvé la mort dans des circonstances plus que suspectes. Angelelli lui-même a eu un accident de voiture dont les causes n’ont jamais été sérieusement étudiées par la justice. Le prélat et ses compagnons étaient profondément engagés auprès des pauvres, alors (toujours) très nombreux dans cette province reculée et exclusivement rurale.

Il y a quelque mois, le pape François a approuvé la béatification de ces quatre vénérables serviteurs de Dieu, puisque tel était leur titre jusqu’à ce matin, au premier stade de la procédure de canonisation. Ils ne pouvaient jusqu’à présent faire l’objet que d’une prière privée. Ils peuvent maintenant être vénérés lors de célébrations publiques dans leur diocèse et dans tous les diocèses du monde : la cérémonie de béatification s'est tenue à La Rioja au milieu des montagnes, en plein air, et dans une atmosphère populaire et ludique. Le pape y fera allusion demain midi, depuis la fenêtre du palais apostolique, à la fin du Regina Coeli.

Le bienheureux Enrique Angelelli (à gauche)
Il était né en 1923. Il est mort, plutôt jeune, en 1976

C’est la première fois que des catholiques qui ont lutté contre cette dictature, qui piétinait les principes démocratiques et la justice sociale, sont élevés aux autels pour l’édification des fidèles. Grande fête pour l’Église argentine, avec une forte implication de la Conférence Épiscopale, elle-même présidée par des évêques dotés d’une profonde conscience sociale. Grande fête à gauche. En revanche, la droite a tendance à faire la grimace, à commencer par La Prensa et son lectorat, qui n’a pas hésité à faire paraître ces derniers mois des articles injurieux contre la mémoire de Mgr Angelelli, traité de « suppôt du communisme », à qui une fraction réactionnaire de l’Église et du spectre politique a dénié la qualité de martyr de la foi et de la charité, ne voyant rien de suspect dans ces disparitions qu’ils attribuent parfois à des règlements de compte entre séditieux… Ignoble !

Présentation des nouveaux bienheureux à la page 7
de L'Osservatore Romano, daté du 28 avril 2019
(en italien, la langue quotidienne au Vatican)
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Pour aller plus loin :
lire l’article de Página/12 (qui se réjouit de cette béatification, malgré l’inculture religieuse de sa rédaction très largement athée)
lire l’article de La Nación (dépêche Télam)