Marionnette géante du nouveau bienheureux dans le site de la célébration de ce matin Photo Natalia Díaz pour Télam |
Quelques mois après l’instauration de la dernière dictature militaire, l’évêque de La Rioja, Mgr Enrique Angelelli, et ses trois compagnons, dont un prêtre français et un catéchiste, ont trouvé la mort dans des circonstances plus que
suspectes. Angelelli lui-même a eu un accident de voiture dont les
causes n’ont jamais été sérieusement étudiées par la justice.
Le prélat et ses compagnons étaient profondément engagés auprès
des pauvres, alors (toujours) très nombreux dans cette province reculée et
exclusivement rurale.
Il y a quelque mois, le pape François a approuvé la béatification de ces quatre vénérables
serviteurs de Dieu, puisque tel était leur titre jusqu’à ce matin, au premier stade de la procédure de canonisation. Ils
ne pouvaient jusqu’à présent faire l’objet que d’une prière
privée. Ils peuvent maintenant être vénérés lors de célébrations publiques dans leur diocèse et dans tous les diocèses
du monde : la cérémonie de béatification s'est tenue à La Rioja au milieu des montagnes, en plein air, et dans une atmosphère populaire et ludique. Le pape y fera allusion demain midi, depuis la fenêtre du palais apostolique, à la fin du Regina Coeli.
Le bienheureux Enrique Angelelli (à gauche) Il était né en 1923. Il est mort, plutôt jeune, en 1976 |
C’est la première
fois que des catholiques qui ont lutté contre cette dictature, qui
piétinait les principes démocratiques et la justice sociale, sont
élevés aux autels pour l’édification des fidèles. Grande fête
pour l’Église argentine, avec une forte implication de la
Conférence Épiscopale,
elle-même présidée par des évêques dotés d’une profonde
conscience sociale. Grande fête à gauche. En revanche, la droite a
tendance à faire la grimace, à commencer par La Prensa et son
lectorat, qui n’a pas hésité à faire paraître ces derniers mois
des articles injurieux contre la mémoire de Mgr Angelelli, traité
de « suppôt du communisme », à qui une fraction
réactionnaire de l’Église et du spectre politique a dénié la
qualité de martyr de la foi et de la charité, ne voyant rien de
suspect dans ces disparitions qu’ils attribuent parfois à des
règlements de compte entre séditieux… Ignoble !
Présentation des nouveaux bienheureux à la page 7 de L'Osservatore Romano, daté du 28 avril 2019 (en italien, la langue quotidienne au Vatican) Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Pour aller plus loin :
lire l’article de Página/12 (qui se réjouit de cette béatification, malgré
l’inculture religieuse de sa rédaction très largement athée)
lire l’article de Clarín
lire l’article de La Nación (dépêche Télam)