Le ministre de l’Éducation, Nicolás Trotta (gouvernement national), a communiqué les modalités de la rentrée scolaire qui va s’échelonner en fonction des décisions des provinces sur les deux dernières semaines de ce mois : les enfants et les adolescents iront à l’école au moins trois jours par semaine en moyenne sur le premier quadrimestre de l’année 2021 (1).
Après la désastreuse année scolaire 2020 où la plupart des écoles n’ont pu accueillir les élèves que pendant deux à trois semaines en tout et pour tout avant que l’épidémie frappe l’Argentine au cours du mois de mars, l’année 2021 devrait donc marquer le retour des cours en mode majoritairement présentiel. Cependant, comme aucune école au monde ne peut repousser ses murs, il restera encore des cours à distance ou beaucoup de travail à faire à la maison.
Le ministre avait pris soin de
réunir tous ses homologues provinciaux pour que les modalités
soient harmonisées sur l’ensemble du pays et il en est donc sorti
ce découpage de poire en deux. Chaque province va maintenant
décliner le programme à son goût. Telle province va faire alterner
les classes sur la même semaine, les uns venant les lundis et
mardis, les autres les jeudis et vendredis. Telle autre fera venir
les écoliers une semaine sur deux. Telle autre encore les uns le
matin, les autres l’après-midi. Seule la Ville Autonome de Buenos
Aires prétend faire venir les enfants tous les jours toute la
semaine mais il s’agit là d’un prétexte pour entamer un bras de
fer avec les syndicats (assez impopulaires à cause de très
nombreuses grèves). Le gouvernement portègne semble déterminer à
en découdre avec eux à la mode Thatcher, à coup de provocations et
de propositions inacceptables. Le protocole en effet proposé par la
Ville pour ce retour au tout présentiel vient d’être massivement
rejeté par les organisations d’enseignants. Il était sans doute
conçu pour. Nous sommes entrés dans une année électorale.
Les élections législatives de mi-mandat doivent se tenir en octobre
et Horacio Rodríguez Larreta, le chef de gouvernement de Buenos
Aires, semble bien avoir déterré la hache de guerre contre la
majorité péroniste et toute la gauche.
En haut : le gros titre sur l'école En bas : la photo du putchiste birman Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Il est bien loin le temps où en mars dernier il avait agréablement surpris à peu près tout le monde en s’asseyant autour de la même table que le président de la Nation et le gouverneur péroniste de la province de Buenos Aires (2) pour lutter, toutes différences partisanes et idéologiques dépassées, contre la pandémie et faire prévaloir la santé de tous sur les intérêts de l’argent. L’école lui sert maintenant de punching-ball pour l’entraînement avant le match d’octobre où il espère sans doute renverser les rapports de force dans les tous les hémicycles du pays. D’autant plus qu’il s’agit de prendre la place du leader de la droite, place à laquelle Mauricio Macri n’a pas encore renoncé mais pour laquelle il semble avoir perdu presque toute légitimité, à cause de ses casseroles judiciaires et des innombrables gaffes politiques qu’il a accumulées après avoir quitté la présidence en décembre 2019.
Pour aller plus loin :
lire l’article
de Página/12
lire l’article
de La Prensa
lire l’article
de Clarín
lire l’article
de La Nación
(1) En Argentine, l’année de
cours, que ce soit à l’école, à l’université ou dans
n’importe quel autre organisme d’enseignement, se compose de deux
quadrimestres, le premier allant de mars à juin et le second d’août
à novembre.
(2) Eux trois réunis ensemble dans une salle de la
Casa Rosada tandis que les autres gouverneurs participaient à la
réunion en visioconférence dans une Argentine qui paraissait enfin
capable pour le bien du pays de surmonter ses fractures politiques.
Cela a duré neuf mois. C’est déjà pas mal !