C’est le journal La Prensa qui l’annonce ce matin à sa une (mais pas encore sur son site Internet) : la plaque commémorative la plus ancienne de la célèbre façade du Gran Café Tortoni a été volée dans la nuit. Elle portait la date de l’inauguration de cet établissement fondé en 1858 sur le prestigieux modèle des cafés des grands boulevards de Paris sous le Second Empire.
Le propriétaire du Tortoni a porté plainte et une enquête est en cours mais il y a tout à craindre que la plaque est à tout jamais perdue, quand bien même on retrouverait les vandales qui l’ont arrachée la nuit dernière.
Comme tous les établissements de
ce type, le Tortoni vit des heures sombres depuis que la pandémie
impose aux cafés et restaurants des régimes économiquement
intenables entre fermeture complète, click & collect et
semi-ouverture avec tables installées sur le trottoir (ce qui est
très inhabituel à Buenos Aires), encore faudrait-il qu’il fasse
beau, or il pleut tous les jours à Buenos Aires depuis quelques
semaines…
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Le Gran Café Tortoni est un des bares notables de la Ville de Buenos Aires. Au long des décennies, il a eu des clients prestigieux : Jorge Luis Borges, Carlos Gardel, Antoine de Saint-Exupéry, Federico García Lorca, Alfonsina Storni, Victoria Ocampo ainsi que de nombreux hommes politiques qui gouvernaient la municipalité ou le pays (on est à quelques pas de l’ancienne mairie et de la Casa Rosada, en plein quartier des ministères). L’établissement fait partie du patrimoine culturel et architectural de la capitale argentine. En temps normal, on fait la file sur le trottoir pour pouvoir y entrer et s’attabler une heure devant une consommation tant sa célébrité y attire le touriste argentin ou étranger. L'arrêt au Tortoni est souvent proposé aux chefs d'Etat et de gouvernement étrangers d'autres continents en visite officielle ou visite d'Etat.