jeudi 25 février 2021

L’autre scandale vaccinal : la justice enquête sur la Ville de Buenos Aires [Actu]

En titre principal : le féminicide de Villa La Angostura
(je suis née pour être libre, pas pour être assassinée)
En haut au centre : le scandale vaccinal à Buenos Aires
En haut à droite : le verdict contre Lázaro Báez


Actualité chargée ce matin ! Elle permet aux journaux de droite de passer très discrets au-dessus de l’autre scandale public des vaccins, à savoir la privatisation du plan de vaccination portègne. Le gouvernement de la Ville Autonome de Buenos Aires a en effet préféré déléguer cette opération à des entreprises privées, lesquelles vont donc pouvoir s’enrichir grâce à la pandémie et à des vaccins achetés sur les deniers de l’État fédéral qui les a remis aux entités fédérées au prorata de leur population. Une nouvelle fois, le gouvernement de Buenos Aires s’est arrangé pour exclure d’une opération d’intérêt général le système de santé public qui à Buenos Aires repose sur un réseau plus dense qu’ailleurs d’hôpitaux financés par les contribuables mais dont la gestion a été volontairement sous-budgétée depuis plus de douze ans (1) par une politique municipale néolibérale qui fait de la santé, de l’éducation et de la culture des business comme les autres.

Un gros titre en rouge sur le verdict contre Báez
Une photo en bas pour parler de la récession
Un titre secondaire sur la mode vestimentaire !
Une petite manchette pour la victime du féminicide (en haut à gauche)
et un jolie photo (en bas à gauche) pour en rajouter sur les "vaccins VIP"
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De surcroît, le chef du gouvernement portègne, Horacio Rodríguez Larreta, et ses ministres refusent de se faire eux-mêmes vacciner : comme la plupart des hommes politiques de droite, ils affectent de croire que l’achat du vaccin à la Russie correspond à un choix idéologique de la gauche au pouvoir au niveau fédéral alors que c’est un choix de raison, qui s’avère plutôt judicieux. En effet, jusqu’à présent, aucun accident vaccinal n’a été enregistré ni n’a même filtré dans cette presse de droite qui s’efforce de discréditer Sputnik V, sous prétexte qu’il n’est utilisé ni en Europe ni aux États-Unis, les deux seuls modèles qu’ils consentent à reconnaître comme valides. Inutile de dire dans ces conditions que le lot de vaccins chinois qui arrive en Argentine en ce moment n’a pas non plus l’heur de leur plaire ! Pourtant il faut bien vacciner la population à prix accessibles, eu égard à l’état des finances publiques qu’a laissé Mauricio Macri en quittant le pouvoir le 10 décembre 2019 après quatre ans de présidence.

Gros titre et photos pour le verdict Báez
Petit titre secondaire (en bas à gauche)
pour la jeune femme assassinée
et un petit encart à côté pour la mayonnaise des "vaccins VIP"
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Dans la capitale argentine, l’opposition de gauche a maintenant suffisamment d’expérience des manœuvres qui ont permis à des intérêts privés de se gaver sur les deniers publics pour soupçonner que les contrats en question sont irréguliers. Des plaintes ont été déposées dans ce sens il y a quelques jours et la justice fédérale (dont les magistrats sont pourtant majoritairement à droite) s’est bel et bien saisie du sujet. Deux inculpations ont été prononcées hier, celles du chef de Gouvernement et de son ministre de la Santé, Fernán Quirós. Le gouvernement municipal est sommé de produire devant l’autorité judiciaire les contrats concernés et le ministère de la santé municipal a fait l’objet d’une perquisition en bonne et due forme.

Ce matin, seul Página/12 met l’affaire à sa une, tandis que les trois autres quotidiens n’en disent pas un mot sur leur première page. Un fait divers atroce en Patagonie, une jeune fille qui a fui son ex-compagnon en courant sur un kilomètre en pleine ville et qui a succombé aux coups de l’homme qui la poursuivait sans que personne n’intervienne, et le verdict dans l’un des procès intentés aux amis et alliés politiques du couple Kirchner (12 ans ferme contre le principal prévenu) font diversion et permettent de reléguer loin dans les pages intérieures cette autre enquête pour malversation. D’autant que ces quotidiens continuent à faire monter la mayonnaise sur les "vaccins VIP", dont on a vu qu’il s’agissait en grande partie d’une tempête dans un verre d’eau et que la présidence avait pris toutes les mesures qui s’imposent à la vitesse de l’éclair.

Un gros titre pour le verdict, une photo de une
qui ridiculise les présidents de gauche mexicain et argentin
Un titre secondaire en rouge sur le féminicide de Villa La Angostura
Et dans la colonne de droite, au milieu, un titre secondaire sur...
les "vaccins VIP"
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A Buenos Aires, la vaccination pour les plus de 80 ans ne s’est ouverte que cette semaine, soit beaucoup plus tard que partout ailleurs dans le pays (et surtout dans les pays dits sérieux, la Grande-Bretagne, l’Europe et les États-Unis), et le système informatique de prise de rendez-vous s’est effondré dès le premier jour. Les personnels enseignants et administratifs des écoles n’ont toujours pas accès au vaccin alors que l’heure de la rentrée a sonné la semaine dernière.

© Denise Anne Clavililer

Pour aller plus loin :

lire l’article de Página/12
lire l’article de La Prensa (qui date d’avant-hier, date du dépôt de plainte)
lire l’article de La Nación
(Clarín privilégie d’autres sujets)



(1) Les deux mandats municipaux de quatre ans de Mauricio Macri + un mandat de l’actuel chef de Gouvernement, Horacio Rodríguez Larreta, qui s’est succédé à lui-même le 10 décembre 2019.