Actualité
chargée ce
matin ! Elle
permet aux journaux de droite de
passer
très discrets au-dessus
de
l’autre scandale public des
vaccins, à
savoir
la privatisation du plan de vaccination portègne. Le
gouvernement de la Ville Autonome de Buenos Aires a en
effet préféré
déléguer cette opération
à des entreprises privées, lesquelles vont donc pouvoir s’enrichir
grâce à la pandémie et à des vaccins achetés sur les deniers de
l’État fédéral
qui
les a remis
aux entités fédérées au prorata de leur population. Une nouvelle
fois, le
gouvernement de
Buenos Aires s’est arrangé pour exclure d’une opération
d’intérêt général
le système de santé public qui à Buenos Aires repose
sur un réseau plus dense qu’ailleurs d’hôpitaux financés par
les contribuables mais dont
la gestion a été volontairement
sous-budgétée
depuis plus de douze ans (1)
par une politique municipale néolibérale qui
fait de la santé, de l’éducation et de la culture des business
comme les autres.
De surcroît,
le chef du
gouvernement portègne,
Horacio Rodríguez Larreta, et ses ministres refusent de se faire
eux-mêmes vacciner : comme la plupart des hommes politiques de
droite, ils affectent de croire que l’achat du vaccin à la Russie
correspond à un choix idéologique de la gauche au pouvoir au niveau
fédéral alors que c’est un choix de raison, qui s’avère plutôt
judicieux. En
effet, jusqu’à présent, aucun accident
vaccinal n’a été enregistré ni n’a même
filtré dans cette presse de droite qui s’efforce de discréditer
Sputnik V, sous prétexte qu’il n’est utilisé ni en Europe
ni aux États-Unis,
les
deux
seuls
modèles
qu’ils consentent à reconnaître comme valides.
Inutile de dire dans ces conditions que le lot de vaccins chinois qui
arrive en Argentine en ce moment n’a pas non plus l’heur de leur
plaire ! Pourtant il faut bien vacciner la population à prix
accessibles, eu
égard à l’état des finances publiques qu’a laissé Mauricio
Macri en quittant le pouvoir le 10 décembre 2019 après quatre ans
de présidence.
Dans la capitale argentine, l’opposition de gauche a maintenant suffisamment d’expérience des manœuvres qui ont permis à des intérêts privés de se gaver sur les deniers publics pour soupçonner que les contrats en question sont irréguliers. Des plaintes ont été déposées dans ce sens il y a quelques jours et la justice fédérale (dont les magistrats sont pourtant majoritairement à droite) s’est bel et bien saisie du sujet. Deux inculpations ont été prononcées hier, celles du chef de Gouvernement et de son ministre de la Santé, Fernán Quirós. Le gouvernement municipal est sommé de produire devant l’autorité judiciaire les contrats concernés et le ministère de la santé municipal a fait l’objet d’une perquisition en bonne et due forme.
Ce matin, seul
Página/12
met l’affaire à sa une,
tandis que les trois autres quotidiens n’en disent pas un mot sur
leur première page. Un fait divers atroce en Patagonie, une jeune
fille qui a fui son ex-compagnon en courant sur un kilomètre en
pleine ville et qui a succombé aux coups de l’homme
qui la poursuivait sans que personne n’intervienne, et le verdict
dans l’un des procès intentés aux
amis et alliés politiques du couple Kirchner (12
ans ferme contre le principal prévenu) font
diversion et permettent de reléguer loin
dans les pages intérieures cette
autre enquête pour
malversation.
D’autant que ces quotidiens continuent à faire monter la
mayonnaise sur les "vaccins VIP", dont on a vu qu’il
s’agissait en grande partie d’une
tempête dans un verre d’eau et
que la présidence avait pris toutes les mesures qui s’imposent à
la vitesse de l’éclair.
A Buenos Aires, la vaccination pour les plus de 80 ans ne s’est ouverte que cette semaine, soit beaucoup plus tard que partout ailleurs dans le pays (et surtout dans les pays dits sérieux, la Grande-Bretagne, l’Europe et les États-Unis), et le système informatique de prise de rendez-vous s’est effondré dès le premier jour. Les personnels enseignants et administratifs des écoles n’ont toujours pas accès au vaccin alors que l’heure de la rentrée a sonné la semaine dernière.
Pour aller
plus loin :
lire l’article de La Prensa (qui date d’avant-hier, date du dépôt de plainte)
lire l’article de La Nación
(1) Les deux mandats municipaux de quatre ans de Mauricio Macri + un mandat de l’actuel chef de Gouvernement, Horacio Rodríguez Larreta, qui s’est succédé à lui-même le 10 décembre 2019.