Une enthousiaste du quotidien pro-gouvernemental Cliquez sur l'image pour une meilleure résolution |
L’annonce est tombée hier de
Johannesburg et sa précocité (elle n’était pas attendue avant
plusieurs semaines) aurait surpris le gouvernement argentin dont ce
sera sans doute le dernier exploit diplomatique avant les élections
générales d’octobre, lesquelles ne se présentent pas au mieux :
l’Argentine intègre les BRICS avec cinq autres pays dont le moins
qu’on puisse dire est qu’ils ne sont pas majoritairement des
démocraties.
"L'Argentine rejoint une alliance contre le dollar", dit le gros titre Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Il semblerait que Lula ait pesé de tout son poids en faveur du pays voisin et (encore) ami pour qu’il rejoigne ce club qui veut offrir une alternative à la domination économique des États-Unis, représentée par le G7, et le règne universel de leur devise.
En pleine campagne électorale,
les contradictions de la majorité sortante éclatent en plein jour :
on se réjouit de l’entrée dans ce club dominé par des
dictatures, dont deux sont même des régimes totalitaires, tout en
attaquant dans les programmes de l’opposition les futures atteintes
aux droits de l’Homme et les menaces contre les droits sociaux qui
ont été si difficiles et si longs à conquérir en Argentine.
Clarín évoque en bas à droite les soupçons d'assassinat concernant Prygojine comme si cela n'était pas évident pour ses lecteurs Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
La une des journaux témoignent d’ailleurs de la division idéologique et politique du pays à ce sujet. Clarín n’a même pas jugé utile d’en faire mention.
Les deux candidats de droite
actuellement en lice pour le premier tour en octobre, Patricia
Bullrich (droite officiellement libérale) et Javier Mileí (droite
libertaire fascisante), dénoncent cette évolution internationale de
leur pays, l’une parce qu’il ne faudrait pas, selon elle,
intégrer le club tant que la Russie mène une guerre illégale
contre l’Ukraine (elle ne nous avait pas habitués à tant de
sollicitude internationale), l’autre parce que les BRICS seraient
dominés par des communistes (comme d’ailleurs un nombre
considérable d’institutions internationales, selon les analyses
fanatiques de Mileí).
"L'Argentine rejoint les Brics mais Bullrich et Milei refusent l'alliance", dit le gros titre au-dessus d'une photo de famille de la droite libérale |
Quoi qu’il en soit, les discours enthousiastes des responsables politiques de la majorité, qui passent sous silence le médiocre poids des démocraties en son sein, jettent comme un voile sur les préparatifs d’un 10 décembre qu’il était prévu de transformer en grande célébration pour fêter les quarante ans du retour de l’État de droit en Argentine après sept années de la plus cruelle dictature militaire de son histoire.
Pour aller plus loin :
lire l’article de La Prensa (droite catholique réactionnaire)