La seule une à traiter le sujet. Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Hier, l’INDEC, l’institut
national des statistiques (qui n’est pas encore privatisé mais qui
a déjà connu des suppressions de postes !),
a publié ensemble
ses deux rapports mensuels qui permettent d’évaluer le niveau de
vie des Argentins : l’indice des prix à la consommation (IPC)
et les seuils de pauvreté et d’indigence mesurés à travers deux
paniers (canastas)
d’achats
de première nécessité. Jusqu’à présent, une semaine environ
séparait les deux documents.
Synthèse générale de l'inflation Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Selon l’INDEC, en janvier, le premier mois complet du gouvernement de Javier Mileí, les chiffres sont inférieurs à ceux du mois de décembre mais ils restent affreusement hauts. Il est trop tôt pour se réjouir avec le gouvernement argentin qui affirme déjà que l’inflation baisse. Pour le moment, on ne peut observer que le ralentissement du rythme de sa hausse sur un seul mois.
Et pour une fois, les unes des
journaux s’y intéressent
fort peu : les rédactions ont préféré se pencher les unes
sur les trente pages de propositions et de critiques acerbes contre
Mileí publiées hier par Cristina Kirchner, qui fait ainsi
une tonitruante rentrée politique malgré sa
privation de tout mandat,
les autres sur les négociations que, sitôt
rentré de Rome, Mileí
s’est
finalement résolu à
envisager avec Mauricio
Macri afin de trouver l’accord de gouvernement qui lui fait
terriblement défaut avec sa pauvre
trentaine d’élus au Congrès (même pas tous d’accord).
Tableau synthétique des variations dans le temps et dans l'espace Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Il n’empêche que pour le mois de janvier, le taux moyen d’inflation nationale a été évalué à 20,6 % et pour les douze derniers mois à 254,2 % l’an.
Comme d’habitude, ces chiffres
cachent des écarts impressionnants au
niveau des différentes régions.
C’est en effet la
Patagonie qui subit la pire inflation : 60,6 % en un seul
mois pour les soins esthétiques (dont la coiffure) pendant que
l’éducation est le poste de dépense qui n’a presque bougé
nulle part dans le pays. Ce qu’il faut toutefois tempérer. Depuis
Noël, ce sont les grandes vacances d’été : les stratégies
d’achat des fournitures scolaires dans la région de Buenos Aires
où on s’est précipité depuis les banlieues sud (populaires) sur
le quartier de Once pour trouver cahiers et crayons dès le début
des vacances et profiter des prix bas pratiqués par les magasins
low-price du quartier. Le
poste de dépense des transports publics a déjà connu une montée
de prix très visible et avec la suppression soudaine des subventions
nationales décrétée par Mileí il y a quelques jours, ce poste est
en train de faire un bond que l’on verra sans doute sur le rapport
sur février.
Synthèse des variations dans les régions argentines Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Avec de tels chiffres en
janvier, on peut se douter
que les seuils de pauvreté et d’indigence se
sont pris plusieurs degrés
dans la vue. C’est ainsi que le panier de produits alimentaires
(sans service) qui mesure l’indigence a augmenté de 18,6 points
sur janvier
et celui des vivres et services, qui mesure la pauvreté, a pris 20,4
points supplémentaires par rapport au 31 décembre. Le rapport entre
les deux s’inverse lorsqu’on considère
les taux cumulés sur douze mois : 296,4 % d’inflation
pour les plus démunis et 264,9 % pour les autres. On devine
sans peine que les personnes concernées n’ont pas vu leurs revenus
s’élever au même rythme. La pauvreté a donc dû fortement
augmenté dans le pays.
Synthèse générale des deux paniers, à gauche, le panier alimentaire à droite, le panier vivres et services Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Au début du mois, le président a annoncé qu’il serait satisfait si le taux d’inflation de janvier était inférieur à 25 %. Il a donc gagné mais il se contente de peu, cet homme.
Pour aller plus loin :
lire l’article de Página/12
lire l’article de Página/12
lire le rapport de l’INDEC