Hier, pendant que Javier Mileí en
faisait des tonnes à Jérusalem pour s’aligner
sur le gouvernement Netanyahu,
en pure perte puisque l’Argentine est un poids-plume dans la
diplomatie et l’opinion publique israéliennes, surtout sous
l’autorité d’un
Premier ministre aussi
contesté que celui-là, à
Buenos Aires, le gouvernement argentin a fait savoir que la loi
Omnibus ne reviendrait pas dans l’hémicycle. C’en est donc fini
de ce machin
fourre-tout (c’est le sens de ce surnom d’Omnibus) qui menaçait entre autres tout le secteur non-marchand (santé, culture, éducation, recherche.., bref tout ce qui fait que l'Argentine tient debout et qu'elle pourrait développer un peu d'attractivité et de soft-power).
"La loi Omnibus est morte", annonce le gros titre En-dessous, Mileí à Yad Vachem Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Furieux de cette défaite
parlementaire dont, après
deux ans passés à la Chambre comme député, il serait surprenant
que Mileí ne l’ait pas vu
venir, celui-ci
entend maintenant tenir ses promesses : en cas d’échec de la
loi, il avait en effet menacé de gouverner par ces ordonnances que
la constitution argentine appelle des DNU (décrets de nécessité et
d’urgence). Instruments
juridiques qui ne peuvent pourtant constituer qu’une modalité
exceptionnelle de gouvernement et qui n’exemptent aucunement
l’exécutif des débats parlementaires. La
Casa Rosada a de plus fait savoir hier qu’elle ne déposerait plus
aucun projet de loi cette année au Congrès !
Mileí,
qui professe son admiration pour Alberdi, l’auteur de la
constitution (1853), dont il veut le visage sur un futur billet de
banque, montre que ce texte fondateur lui importe à peu près autant
que sa première paire de chaussettes.
La loi Omnibus,
a-t-il fait savoir, il
n’en a plus rien à faire.
Donnant une énième
preuve de la confusion de sa ligne politique et
de ce qui ressemble de plus en plus à une instabilité psychique façon Trump, le
voilà qui menace
maintenant les gouverneurs et parle
de révoquer le directeur
qu’il vient de nommer
à la tête de la Sécurité sociale argentine sous prétexte qu’il
l’aurait trahi parce que sa femme (celle du directeur), qui est députée, a voté
contre la loi.
De surcroît, ses mômeries jérusalémites, au pied du Mur avant-hier comme dans le bureau de Netanyahu hier, lui ont valu à la télévision israélienne les moqueries des humoristes locaux, qui raillent sa veulerie, sa grossièreté et son éternel blouson de cuir noir de rocker démodé, tandis que, dans certaines institutions juives en Argentine, commencent à monter des critiques acerbes contre ce chef d’État qui affiche un judaïsme de pacotille très rétrograde et qui manipule sans vergogne la religion, ses pratiques et ses symboles en vue d’épouser l’idéologie identitaire, suprémaciste et messianique de l’extrême-droite israélienne, celle-là même qui attise le conflit au Proche-Orient et dont les enjeux politiques n’ont rien à voir avec l’Argentine, y compris pour ses citoyens qui revendiquent leur confession ou leur culture juives.
En attendant, au Congrès, les parlementaires libertaires tâchent de se lancer à présent dans une autre bataille : celle de l’abrogation du récent droit à l’IVG (IVE en Argentine).
Pour aller plus loin :
lire l’article de La Prensa
lire l’article de La Nación