lundi 1 juillet 2024

La catastrophe politique française dans la presse argentine [ici]

"Un vote entre la rage et la déception a donné
un triomphe historique à Le Pen en France",
dit le gros titre
Notez le choix anxiogène des photos
qui laisse entendre qu'il y a eu des émeutes
(qui pourtant n'ont pas eu lieu cette nuit)
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L’actualité politique et médiatique est si chargée en Argentine que, sur les unes de la presse nationale, elle a quelque peu atténué le traitement du scrutin français : un fait divers atroce concernant la disparition tragique d’un enfant retient l’attention de tous depuis dix jours, un champion d’échecs argentin de dix ans, le choix hier par l’Uruguay de son candidat unique de la gauche en vue de l’élection présidentielle à venir (il a toutes les chances d’être élu) tandis que Mileí continue à chambouler tout le paysage politique, social, économique, culturel et diplomatique au point que le PRO (le parti libéral de Macri) a de grandes chances de se faire absorber par l’extrême-droite (à moins que ce ne soit le contraire) et que, pour la première fois, l’Argentine ne sera pas représentée par le chef de l’État le 8 juillet prochain à Asunción au sommet du MERCOSUR (parce que Mileí ne veut pas rencontrer Lula qu’il persiste à insulter aussi grossièrement qu’il le peut tout en continuant à fréquenter publiquement Jair Bolsonaro). Et pour couronner le tout, ce 1er juillet est aussi le cinquantième anniversaire de la mort de Perón dont tout le monde reconnaît aujourd’hui qu’il a laissé une empreinte indélibile dans l’histoire et la mémoire du pays.


Dans ce contexte pour le moins dense et bousculé, que le premier tour des législatives anticipées en France figure tout de même sur plusieurs unes nous indique assez bien la gravité de la situation dans laquelle hier notre pays a plongé. Página/12, le journal de gauche, se désole de la venue de « la nuit sur le pays des lumières », reprenant, en le sachant ou sans le savoir, les accents de Churchill alors que la France venait de rendre les armes en 1940 :

En haut, à droite du dessin :
"La nuit vient sur le pays des lumières", dit le titre en bleu
Plus à droite : le cinquantenaire de la disparition de Perón

Faith is given to us, to help and comfort us when we stand in awe before the unfurling scroll of human destiny. And I proclaim my faith that some of us will live to see a fourteenth of July when a liberated France will once again…stand forward as the champion of the freedom and the rights of man. When the day dawns, as dawn it will, the soul of France will turn with comprehension and kindness to those Frenchmen and Frenchwomen, wherever they may be, who in the darkest hour did not despair of the Republic. 14 July 1940, Bastille Day


La foi nous est donnée pour nous aider et nous réconforter lorsque nous sommes épouvantés en voyant s’ouvrir devant nous le livre de la destinée humaine. Je crois fermement, je le proclame, que certains d’entre nous vivront pour voir un [autre] 14 Juillet lorsque la France se tiendra de nouveau debout comme la championne de la liberté et des droits de l’homme. Quand le jour se lèvera, car il finira par se lever, l’âme de la France se tournera avec une généreuse bonté vers ces Français et ces Françaises, où qu’ils pourront se trouver, qui, à l’heure des plus épaisses ténèbres, n’auront pas désespéré de la République. 14 Juillet 1940
Traduction © Denise Anne Clavilier
(Texte extrait du site Internet
de la International Churchill Society).


Clarín consacre trois pages à l’évènement, les pages 3 à 5 de son édition imprimée du jour, et n’hésite pas à poser la question de la relation qui existe désormais en France entre démocratie et république.

"L'extrême-droite progresse",
dit le gros titre en vert
En haut : "pas de nouvelle de Loan"
dit le gros titre au sujet du gamin de trois ans qui a disparu
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Quant à La Nación, elle analyse « l’erreur de calcul » d’Emmanuel Macron et ses effets délétères sur le futur politique de notre pays.

Tous savent de quoi ils parlent après ces sept mois de gouvernement prétendument libertaire qui écarte chaque jour un peu plus l’Argentine de l’État de droit et des relations diplomatiques harmonieuses avec ses voisins et ses partenaires.

L'actualité française est traitée en haut de la colonne de droite
"France : l'extrême-droite se trouve aux portes du pouvoir"
En photo : le jeune maître des échecs
(qu'on ne voit jamais sourire)
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En faisant ma revue de presse puis en écrivant cet article, j’écoutais comme tous les jours la télévision ukrainienne. J’ai déjà entendu trois articles de fond sur cette actualité française : une prise d’antenne en direct de la correspondante permanente à Bruxelles de Radio Sloboda (Radio Liberté), s’exprimant devant le siège de la Commission, une très longue interview d’un politologue invité sur le plateau du journal et un article d’analyse de ce qu’est le RN et son duo de ténors, avec recours aux archives montrant une Marine Le Pen éclatant de fierté et si cordialement reçue au Kremlin par vladimir poutine (les Ukrainiens ne mettent plus de majuscule au nom de leur bourreau)...

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire le billet d’opinion de Clarín (l’article majeur disponible en ligne est repris du New York Times, donc autant lire le NYT dans ce cas)