Photo de groupe prise hier par Maximiliano Faila après la conférence de presse au Sénat |
Les survivantes sont journalistes (parfois stagiaires au moment des faits), étudiantes, agentes universitaires et même voisine de palier de l’agresseur. Lequel avait même dû quitter l’université où il enseignait au milieu des années 1990 lorsqu’un premier scandale avait éclaté.
Hier, dix-neuf femmes de plusieurs générations, réunies par le collectif féministe professionnel Journalistes Argentines, se sont présentées ensemble, à visage découvert, dans un salon du Sénat à Buenos Aires, pour accuser d’attentats à la pudeur, de harcèlement sexuel et de viols tout au long d’une carrière de trente ans, un très grand nom du journalisme argentin, Pedro Brieger.
A l’université où il enseigne la sociologie, l’homme fait figure de ponte. Il a travaillé comme journaliste dans à peu près tous les titres prestigieux de la presse écrite et il a animé des émissions à la radio et à la télévision, tant dans le privé que le public, à gauche comme à droite.
Les 19 journalistes ont publié
un rapport où elles ont consigné tous les éléments selon un
schéma similaire à celui que l’on voit se déployer en France
contre des célébrités artistiques, médiatiques et universitaires
en fin de carrière. Elles publient leur texte au moment où le
gouvernement national ne cache pas son hostilité au féminisme et
titille même l’idée de revenir en arrière sur les droits acquis
par les femmes pendant quarante ans de démocratie continue depuis
1983.
Il y avait une petite place sur la première page Clarín l'a leur a donnée Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Bien entendu, comme tous ses homologues avant lui partout dans le monde, l’intéressé nie les faits, et jure ses grands dieux qu’il a toujours respecté une femme qui lui disait non. Et bien entendu aussi, le caractère délictueux et criminel de ses comportements était largement connu dans le milieux où il exerçait ses diverses professions.
Cette première série de dénonciations en a immédiatement entraîné d’autres : à l’Université de Buenos Aires, une institution beaucoup plus prestigieuse que celle qui l’avait viré (Universidad Belgrano), où Brieger occupe une chaire de sociologie du Moyen-Orient qu’on n’aurait jamais dû lui confier avec un tel passé, des femmes se sont senties encouragées à révéler elles aussi ce que cet homme leur avait imposé. Il a d’ores et déjà été banni de quelques programmes audiovisuels dont il avait la responsabilité. La profession bouge.
Pour aller plus loin :
lire l’article de Clarín, le seul des quatre grands journaux nationaux à avoir trouvé une petite place à cette information sur la une de ce matin
lire l’article de La Nación