Une députée de gauche de la Legislatura de Buenos Aires, Victoria Montenegro, s’est portée devant la justice pénale fédérale pour que celle-ci condamne le ministre de la justice en fonction et son secrétaire d’État chargé des droits de l’homme et prenne position pour sauver les lieux de mémoire des crimes contre l’humanité commis par la dictature militaire des années 1976-1983, dont le plus emblématique est le Centro Cultural Haroldo Conti, à Palermo, que Mileí est en train de faire fermer en vue de vendre au plus offrant ces biens à des promoteurs immobiliers.
Victoria Montenegro sait de quoi elle parle : elle a été enlevée quelques jours après sa naissance par l’armée argentine très peu de temps avant le coup d’État de Videla en 1976. Plus tard, ses parents ont disparu et elle a été donnée en adoption à un colonel de l’armée qui, avec sa femme, a fait modifier illégalement son état-civil pour brouiller les pistes. Elle a récupéré son identité et s’est réuni avec sa famille de naissance en 2001. Depuis, comme plusieurs enfants volés, elle est entrée en politique dans le sillage du kirchnerisme.
C’est au juge fédéral Ariel
Lijo que le dossier avait été attribué et, en début de semaine,
il a émis un arrêt qui oblige le gouvernement fédéral à
maintenir en activité les centres en question, soit cinq lieux
différents répartis sur le territoire de la capitale argentine,
certains situés en plein centre historique de Buenos Aires, comme le
Centre Virrey Cevallos (du nom de la rue de Monserrat où il se
situe). Des lieux qui, sous la dictature, étaient des centres de
détention clandestins où les militaires pratiquaient des actes de
torture sur les opposants arrêtés dans les procédures
extra-judiciaires
A gauche : "ce samedi 18 à 16h : visite guidée ouverte à tout le monde" Cliquez sur l'affiche pour une haute résolution |
Or Ariel Lijo n’est autre que le candidat que Mileí compte nommer à la Cour suprême depuis près d’un an sans que l’opération n’ait encore abouti, malgré le récent départ à la retraite d’un des membres de la cour. Les journalistes se perdent en conjectures pour comprendre sa décision apparemment contraire aux visées présidentielles.
Comme malgré cette décision de justice les procédures pour vider les centres (licenciements et disparition de certains outils de travail) se poursuivent, les salariés continuent leur mobilisation. Ainsi demain, le Centro Virrey Ceballos sera ouvert au public pour des visites gratuites pour expliquer au public les missions du centre et son utilité dans le cadre de la mémoire politique argentine et de l’État de droit dans la République.
Pour aller plus loin :
lire l’article de Clarín
lire l’article de Página/12 de jeudi (interview de Victoria Montenegro)
lire l’article de Página/12 d’aujourd’hui (intervention de Victoria Montenegro au micro de AM 750, la radio du Grupo Octubre auquel appartient le quotidien)