Le 31 décembre 2024, à 17 h, alors que tout le monde préparait le réveillon de la Saint-Sylvestre, la Noche Vieja, et que les vacances d’été avaient déjà commencé depuis une bonne dizaine de jours, le gouvernement a lancé sur Whatsapp un message destiné à tous les agents du Centro Cultural Haroldo Conti, le centre culturel du ministère de la Justice, fondé par le Secrétariat d’État aux Droits de l’homme, dans le cadre solennel de la politique de défense de l’État de droit qui caractérise l’Argentine, sans solution de continuité, depuis le retour de la démocratie en décembre 1983.
Le message annonçait aux salariés leur licenciement immédiat et l’interdiction qui leur était faite de se présenter sur leur lieu de travail le 2 janvier, après les fêtes.
Le Centro Cultural Haroldo Conti
cesse en effet d’exister à partir du 1er janvier 2025,
aucun budget ne lui est attribué cette année, le gouvernement de
Mileí considérant les droits de l’homme comme une vaste
escroquerie alors que c’est cette politique emblématique et
revendiquée qui a rendu à l’Argentine sa dignité diplomatique et
en a fait un pays hautement fréquentable dans le concert des nations
depuis une quarantaine d’années. Le type de retour réussi à la
démocratie que l’on peut souhaiter à la Syrie maintenant qu’elle
s’est débarrassée du régime dictatorial qui l’a
systématiquement détruite depuis plus d’un demi-siècle.
Ce centre culturel est installé dans l’environnement immédiat du siège du secrétariat d’État dans le vaste campus des droits de l’homme placé sous le patronage de l’UNESCO, à Palermo, le grand quartier nord de Buenos Aires, là où se trouvait autrefois l’Ecole supérieure de mécanique de la Marine, l’ex-ESMA, transformée par la dictature militaire de 1976-1983 en un centre clandestin de détention illégale, de torture et d’exécution extra-judiciaire des opposants au régime.
"Une mémoire en flammes", dit le gros titre de dimanche sur une photo de la foule venue participer au festival-manifestation Cliquez sur l'image pour une meilleure résolution |
L’opposition actuelle, les organismes des droits de l’homme, qui ont chacun son propre centre culturel sur ce même campus, les syndicats ainsi que des membres du clergé diocésain se sont aussitôt mobilisés pour occuper les lieux autant que faire se peut et organiser samedi dernier un petit festival qui a rassemblé une foule de citoyens bien décidés à s’opposer au programme de destruction de l’État argentin et de l’État de droit mis en œuvre par ce gouvernement depuis plus d’un an.
Página/12 en a fait trois Unes ces derniers jours, les 2, 3 et 5 janvier.
Pour aller plus loin :
lire l’article de Página/12 du 2 janvier
lire l’article de Página/12 d’hier.