mercredi 22 janvier 2025

Autres retrouvailles dans la famille Macedo [Actu]

Le gros titre reprend une phrase de Estela de Carlotto :
"La vérité sur les crimes de la dictature continue
à voir le jour"
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Les Macedo forment l’une des familles argentines les plus amputées par le terrorisme d’État que la dernière dictature militaire a imposée en Argentine entre 1976 et 1983 et que Mileí et surtout sa vice-présidente, Villaruel, voudraient bien réhabiliter.

C’est raté, une nouvelle fois, et tant mieux ! La fille de Noemí Macedo, qu’elle a eue avec Daniel Inama, tous deux disparus sous la dictature, vient de retrouver sa véritable identité grâce au travail de l’association Abuelas de Plaza de Mayo et à celui de la Commission argentine pour l’Identité (CONADI), récemment privée de ses pouvoirs d’enquête par Mileí qui préfère encombrer les cabinets d’instruction fédéraux avec ces affaires, ce qui permet d’en retarder le dénouement.

Hier à 14h, l’association a convoqué la presse comme elle en a l’habitude lorsqu’un des enfants volés sous la dictature retrouve son lignage.

Bienvenue dans la vérité, [enfant retrouvé] n° 139
Visuel créé pour Abuelas de Plaza de Mayo
pour annoncer l'heureuse nouvelle

Lorsque le couple a disparu en novembre 1977, Noemí en était à son sixième ou septième mois de grossesse, la famille n’a jamais su précisément. Son compagnon avait déjà de deux unions précédentes deux enfants, un garçon et une fille. Depuis tout ce temps, le frère, Ramón, et la sœur, Paula, qui ont grandi côte à côte grâce à l’intelligence et à la générosité de leurs mères respectives, ont cherché leur demi-frère ou demi-sœur. Hier, en polo jaune, Ramón Inama, qui a travaillé sous le mandat précédent au Secrétariat d’État aux Droits de l’homme, aujourd’hui en train d’être démantelé, était assis à la table de Abuelas, devant les journalistes, à la gauche de la présidente, Estela de Carlotto. Parmi les militants qui accompagnent Estela pour cette conférence de presse se trouve aussi, entre autres, la députée Victoria Montenegro, elle-même enfant retrouvée, qui vient d’obtenir de la justice le maintien en fonctionnement des centres de la mémoire situés dans la capitale et dont Mileí venait de rayer d’un trait de plume l’existence.

La grand-mère paternelle, qui était membre de Abuelas, est malheureusement décédée sans avoir eu le bonheur de connaître cette petite-fille. Elle a péri dans l’épouvantable inondation qui a ravagé La Plata à Pâques 2013, une catastrophe assez semblable à celle qui vient d’engloutir Valencia et sa région, en Espagne.

Daniel Inama et Noemí Macedo étaient des militants communistes purs et durs, d’authentiques marxistes-léninistes, ce qui les singularise puisque la majorité des disparus étaient plutôt des péronistes révolutionnaires. On n’a aucune certitude sur les circonstances de leur arrestation mais on sait que Noemí a été vue, enceinte, dans l’un des centres clandestins de répression qu’il y avait en pleine ville, dans le centre historique de Buenos Aires. Après, c’est le flou. L’enfant a dû naître fin janvier ou courant février 1978, avant d’être adoptée par un couple dont le mari travaillait dans les forces de répression.



La personne retrouvée, dont l’identité n’a pas été dévoilée, l’a été grâce à des informations anonymes adressées à l’association qui s’est alors rapprochée de la CONADI qui a pu à son tour contacter l’intéressée, laquelle s’est bien volontiers prêtée à un test ADN du Banco Nacional de Datos Genéticos (le BNDG), l’une des institutions les plus réputées au monde pour son sérieux, son efficacité et son éthique. Cette dame a reçu les résultats alors qu’elle était en vacances à l’étranger, où il semblerait qu’elle se trouve toujours (cela plaiderait pour une femme qui, à 47 ans, a fait un beau parcours professionnel puisqu’elle semble disposer d’un niveau de vie confortable). Son frère et sa sœur l’attendent à présent avec impatience.

Il est à noter que cette fois-ci les quatre quotidiens imprimés nationaux publient tous l’information malgré une actualité politique trépidante avec la présence, non dénuée de ridicule grotesque (comme toujours), de Mileí et de son inséparable frangine à l’investiture de Donald Trump, les contacts qu’il y ont pris et leur présence à Davos, en Suisse, dans la foulée.

© Denise Anne Clavilier


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