Le
Club Homero Manzi, fondé il y a près de 30 ans, sous le
tablier du pont autoroutier 25 de Mayo, au n° 1050 de la rue
Beauchef (1), dans le quartier Parque Chacabuco, est menacé
d'expulsion, car le Gouvernement portègne exige la restitution
de l'espace qu'il occupe et que l'équipe valorise depuis 1985
et dont on se demande bien ce que la Ville va vouloir en faire (sous
un pont pareil, à part un parking ou un supermarché, il
n'y a pas grand-chose à faire – il faut vraiment passer
dessous pour ce rendre compte de ce que c'est !).
Le
Club a jusqu'au 15 juillet pour évacuer ses locaux, qui
accueillent toutes les semaines trois cents gamins après l'école
(ou sans école, car le Club a aussi une garderie d'enfants
d'âge préscolaire) et soixante-dix retraités, pour des
activités de toutes sortes dans la bonne vieille tradition des
clubes barriales de Buenos Aires : musique, sport, danse, jeux de
société, ateliers d'écriture et de lecture, bref
tout ce qui permet à la vie de s'élever un peu
au-dessus des contingences matérielles dans un quartier qui
n'est pas parmi les plus privilégiés de la capitale
argentine.
Dans
la droite ligne de la politique culturelle de ce gouvernement
décidément bien particulier.
Pour
aller plus loin :
lire
l'article de Página/12 dans son édition d'hier.
(1)
Un peu d'histoire en passant : Joseph (José) Beauchef
était un vétéran de Napoléon mis à
la demi-solde par Louis XVIII. Il fait partie de ces militaires
français qui à ce traitement humiliant préférèrent
les risques du combat et qui rallièrent l'armée que le
général San Martín constituait à Mendoza
pour rendre sa liberté au Chili. Arrivé à
Mendoza en 1815, Beauchef est mort au Chili en 1840. A Buenos Aires,
il a le statut de héros argentin. Il a participé à la bataille de Chacabuco, où l'Armée des Andes, dont il était , a vaincu les pro-espagnols chiliens, le 12 février 1817. La topographie de Buenos Aires est parfois pleine de cohérence. Une vraie leçon d'histoire !