Demain soir, mardi 11 juin 2013, à
20h30, grande soirée d'hommage à Horacio Ferrer, qui
fait le clown pour fêter ses quatre-vingts ans (ça lui
ressemble bien !). Ce sera au Teatro Maipo, Esmeralda 443, dans le
quartier de San Nicolás, à deux pas de Avenida
Corrientes, presque au pied de l'Obélisque... Grand théâtre
historique de la capitale argentine. Les prix vont de 140 $ (peso
argentin) à 90 $, selon que vous voulez être à
l'orchestre ou au poulailler. Ce sera aussi l'occasion pour le Maestro de présenter le nouveau CD de tangos et poèmes, Flor de Tangos y poemas, qui sort pour cet anniversaire.
Pour l'occasion, Página/12 s'est
fendu d'un article dans ses pages généralistes, avec
interview du Maître enregistrée, dit le journaliste Carlos Zito, dans
sa suite de l'hôtel Alvear, mais qui le montre dans son bureau
de la Academia Nacional del Tango, où le photographe Pablo Piovano l'a fixé,
dans cette invraisemblable veste violette qui sur lui ne parvient
même pas à nous faire sourciller.
Traduction. Vous allez voir le bonhomme
qu'il est. On peut se lever tôt pour lui arriver à la
cheville !
Con un café de por medio, la
entrevista comenzó con una pregunta tan sencilla como
imposible de responder.
–Horacio, ¿qué es el
tango?
–Es un conjunto de artes y una manera
de ser, de vivir. Ser tanguero es una forma de transitar por la
existencia, aun sin tocar un instrumento, sin cantar ni bailar. Es
una forma de vivir, que mezcla bohemia, trabajo, ilusiones y formas
de amar, y que tiene un lugar importante para la amistad.
–¿Y como género
musical?
–El tango es más que una
música, es un arte dentro del arte musical. No se puede
componer un tango sin haber vivido ese tipo de existencia, que se
hereda de maestros de hace varias generaciones. Yo me crié con
Julio De Caro, con Pichuco, con Piazzolla, centralmente, pero además
fui muy amigo de Homero Expósito. Con mis amigos, que tanto
son arquitectos como vagos soñadores, convivimos en el tango
con toda felicidad: nos gusta escuchar esa música. He pasado
noches enteras con amigos escuchando tangos y desentrañando
las estéticas.
Horacio Ferrer, interviewé par
Carlos Zito, in Página/12
- Avec un café par-dessus tout
ça [allusion au dernier étage de l'Alvear et sa vue
plongeante sur Buenso Aires], l'interview a commencé sur une
question aussi simple qu'y répondre est impossible.
- Horacio, c'est quoi, le tango ?
- C'est un ensemble d'arts et une
manière de vivre. Etre tanguero, c'est une façon de
traverser l'existence, même si on ne joue pas d'un instrument,
si on ne chante pas, si on ne danse pas. C'est une façon de
vivre qui mélange de la bohème, du travail, des rêves
et des manières d'aimer, et qui donne une place importante à
l'amitié.
- Et comme genre musical ?
- Le tango, c'est plus qu'une musique,
c'est un art à l'intérieur de l'art musical. On ne peut pas
composer un tango sans avoir vécu ce type d'existence, qu'on
hérite de maîtres d'il y a plusieurs générations.
Moi, j'ai été élevé avec Julio De Caro,
avec Pichuco, avec Piazzolla, pour l'essentiel, mais en plus, j'ai
été ami avec Homero Expósito (1). Avec mes amis,
qui sont tout autant architectes que vagabonds rêveurs, nous
avons vécu dans le tango en plein bonheur : nous aimons
écouter cette musique-là. J'ai passé des nuits
entières avec des amis à écouter du tango et à
disséquer leurs esthétiques.
(Traduction Denise Anne Clavilier)
–¿Y si tuviera que escribir
una definición para un diccionario?
–El tango no se puede definir. No
responde a una estructura genética predeterminada, va
cambiando con el fraseo, con los que cantan, va cambiando con los que
bailan... Hay algo que es muy importante: el tango es serio, aunque
sean jocosas algunas letras. El tango es serio, tiene mucha
humanidad, tiene mucho ser, mucho ser humano dentro, de todas las
especies, épocas, pintas, alcurnias; es atorrante y ducal.
–El tango del principio no se parecía
al que luego trajo De Caro en los años 1920; y éste
tampoco se parecía al de Troilo en los ’40. Después
vino Piazzolla y cambió todo. ¿Por qué, sin
embargo, no hay dudas de que todo eso es tango? ¿Qué es
lo que hace que sintamos que “hay tango” en cosas tan distintas?
–Es la esencia existencial del tango,
musicalmente por supuesto, la más consolidada en las artes. Se
pueden recitar las letras, pero la música es una especie de
aroma que nos envuelve, que reconocemos como una señal
diferente dentro del mundo de la música. ¡El tango
canta, aunque no tenga letras! (canturrea “La Cachila”). Eso lo
envuelve a uno y le duplica lo existencial.
Horacio Ferrer, interviewé par
Carlos Zito, in Página/12
- Et si vous deviez écrire une
définition pour un dictionnaire ?
- Le tango ne peut pas se définir.
Il ne répond à aucune structure génétique
prédéterminée, il change en fonction du phrasé,
de ceux qui chantent, il change en fonction de ceux qui dansent. Il y
a quelque chose de très important : le tango est sérieux
(2), quand bien même il y a quelques textes drôles (3),
il a beaucoup d'humanité, il a beaucoup d'être, beaucoup
d'être humain en dedans, de toutes sortes, de tous les temps,
de toutes les allures, de tous les lignages. Il est maraud et ducal.
- Le tango des débuts ne
ressemblait pas à celui qu'a apporté De Caro dans les
années 1920 et celui-ci ne ressemblait pas non plus à
celui de Troilo dans les années 1940. Ensuite Piazzolla est
arrivé et il a tout changé. Pour quelle raison, malgré
tout, il n'y a pas de doute sur le fait que tout cela ce soit du
tango ? Qu'est-ce qui fait que nous ressentons qu'il y a tango dans
des choses aussi différentes ?
- C'est là l'essence
existentielle du tango, musicalement bien sûr, le plus
consolidé de tous les arts. On peut réciter des textes
[de tango] mais la musique est une sorte d'arôme qui nous
enveloppe, que nous reconnaissons comme un signe distinctif dans le
monde de la musique. Le tango chante, même sans paroles ! (il
fredonne La Cachila). Cela, ça vous enveloppe et ça
vous multiplie l'existentiel.
(Traduction Denise Anne Clavilier)
–¿Cómo le explicaría
a un músico de Yemen o del Congo qué es un tango?
–Ya hay una transmisión de
generación en generación, y en todos lados saben qué
es el tango. He recorrido el mundo con Gidon Kremer, que no es un
músico de tango, pero sí un genio del violín. Me
llevó a recitar “María de Buenos Aires” por decenas
de países. Las giras duraron diez años, de 1997 a 2007.
Fue impresionante. En todos lados, la gente conocía los
tangos, los distintos estilos. Es una música de una
universalidad fenomenal.
–Hay quienes sostienen que se trata
del fenómeno cultural, no sólo musical, más
importante que dio América latina en el siglo XX. Por su
riqueza, que se ramifica en danza, poesía, moda, lenguaje,
literatura, estéticas plásticas, etc., por su
universalidad y su persistencia.
–Sin ninguna duda. No hay nada
comparable. El tango no necesita a nadie que lo defienda. Se ha
defendido solo, con su renovación, su capacidad de cautivar y
sus cuatro artes: la música, la danza, el canto y la poesía.
El tango tiene una personalidad tan grande que, como decía
Pugliese, ¡hasta los tangos feos son lindos! “Fumando
espero”, por ejemplo, es feísimo.
“Fu-man-do-es-pe-ro-a-la-mu-jer-que-quie-ro...” Le falta gracia,
tiene algo de cuplé, pero aun así tiene algo. Y si lo
escuchamos por Di Sarli, ya es otra cosa.
Horacio Ferrer, interviewé par
Carlos Zito, in Página/12
- Comment expliqueriez-vous ce qu'est
un tango à un musicien du Yemen ou du Congo ?
- D'abord il y a une transmission de
génération en génération et partout on
sait ce qu'est le tango. J'ai parcouru le monde avec Gidon Kremer,
qui n'est pas un musicien de tango, mais bel et bien un génie
du violon. Il m'a conduit à réciter María de
Buenos Aires dans des dizaines de pays. Les tournées ont duré
dix ans, de 1997 à 2007. C'était impressionnant. Partout, les
gens connaissaient les tangos, les différents styles. C'est
une musique d'une universalité phénoménale.
- D'aucuns soutiennent qu'il s'agit du
phénomène culturel et non seulement musical le plus
important qui se soit produit en Amérique Latine au XXème
siècle. Pour sa richesse, qui se ramifie en danse, en poésie,
en mode, en langage, en littérature, en esthétiques
plastiques, etc. par son universalité et sa persistance.
- Sans l'ombre d'un doute. Il n'y a
rien de comparable. Le tango n'a besoin de personne pour le défendre.
Il s'est défendu tout seul, avec sa rénovation, sa
capacité à capter l'attention et ses quatre arts : la
musique, la danse, le chant et la poésie. Le tango a une
personnalité si forte que, comme disait Pugliese, même
les tangos laids sont pas mal ! Fumando espero, par exemple, c'est on
ne peut plus laid. [il chante le premier vers] Fumando espero a la
mujer que quiero. Ça manque de charme, on dirait un peu une
rengaine de revue mais en même temps il y a quelque chose. Et
si nous l'écoutons dans l'interprétation de Di Sarli,
c'est autre chose !
(Traduction Denise Anne Clavilier)
–Hablando de Di Sarli: después
de muchos años parece que se terminó la estúpida
superstición de que traía mala suerte...
–¡Por favor, eso fue pura
envidia! Después la ligó el pobre José
Libertella, el gran bandoneonista creador del Sexteto Mayor. La yeta
que le adjudicaban a Di Sarli se la habían trasladado a él.
Es obra de envidiosos.
–Ahora, al revés, a otro gran
director, Osvaldo Pugliese, se le atribuye ser un agente de la buena
suerte. ¡Hasta existen estampitas del maestro con una aureola!
–Pugliese es muy querido, y se lo
merece. Hay una cosa que siempre digo, y en la que fui escuchado: la
trayectoria completa de la orquesta de Pugliese, con cuarenta años
de evolucionar y de tocar, es mucho más importante para la
música del siglo XX que lo que dejaron Los Beatles, que
hicieron siempre lo mismo. Lo que pasa es que ellos tenían
para su difusión la empresa Inglaterra, y nosotros la empresa
Argentina. Es la verdad y nadie, pero nadie, me lo discute. El
trabajo musical de la orquesta de Pugliese fue sencillamente
extraordinario. Vos tomás “El rodeo” y tomás “Yunta
de oro”, dos extremos, y ves que está la orquesta y está
el estilo. Pero cómo evolucionó, cómo se
enriqueció la orquesta: es una sinfonía maravillosa.
Estaba como primer bandoneón el Tano (Osvaldo) Ruggiero, al
que una vez, en París, le dije que era “el Pichuco” de la
orquesta de Pugliese. ¡Quedó encantado con esa
comparación! Y tuvo violinistas como Enrique Camerano y luego
Oscar Herrero (Ferrer tararea el solo de violín del tango
“Chiqué”, y agrega). Camerano tenía esa cosa
agitanada, que después imitó un poco Herrero.
Horacio Ferrer, interviewé par
Carlos Zito, in Página/12
- Puisqu'on parle de Di Sarli, après
de longues années, on dirait qu'on en a fini avec la
superstition idiote qu'il portait malheur... (4)
- Ah pitié ! C'était de l'envie pure et simple, ça ! Ensuite, on a balancé
ça sur José Libertella, le grand bandonéoniste
fondateur du Sexteto Mayor. Le mauvais œil qu'on a attribué à
Di Sarli, on le lui a transmis à lui. C'est une machination
d'envieux.
- Maintenant, dans l'autre sens, on
attribue à un autre grand chef d'orchestre, Osvaldo Pugliese,
une influence porte-bonheur. Il existe même des images
[pieuses] du maestro avec une auréole ! (5)
- Pugliese, on l'aime beaucoup et il le
mérite bien. Il y a une chose que je dis tout le temps et en
quoi j'ai été entendu : le parcours complet de
l'orchestre de Pugliese, avec quarante ans d'évolution et de
jeu, c'est beaucoup plus important pour la musique du XXème
siècle que ce que nous ont légué les Beatles,
qui ont toujours fait la même chose (6). En fait, pour se faire
connaître eux avaient l'entreprise Angleterre, et nous
l'entreprise Argentine. C'est la vérité, ça, et
personne, mais vraiment personne ne vient me contester ça. Le
travail musical de l'orchestre de Pugliese a été tout
simplement extraordinaire. Prends (7) El rodeo et prends Yunta de
oro, deux extrêmes, et tu vois que l'orchestre est là et
le style. Mais la manière dont l'orchestre a évolué,
dont il s'est enrichi, c'est une merveilleuse symphonie. Comme
premier bandonéon, il y avait l'Italien Osvaldo Ruggiero (8) à
qui j'ai dit un jour, à Paris, qu'il était le Pichuco
de l'orchestre de Pugliese (9). Il a été enchanté
par la comparaison ! Et il a eu des violonistes comme Enrique
Camerano et ensuite Oscar Herrero (Ferrer chantonne le solo de violon
du tango Chiqué et ajoute) Camerano avait ce truc de gitan
qu'ensuite Herrero a un peu imité.
(Traduction Denise Anne Clavilier)
–Uno de los secretos del tango parece
estar en su variedad de estilos.
–El tema de los estilos es el más
importante en el tango, musicalmente hablando. La creación
estilística en el tango es impresionante. Los estilos tienen
una personalidad y una grandeza aristocrática. Fresedo, Di
Sarli, D’Arienzo, Canaro, que con cuatro notas hacía su
estilo inconfundible. Hay, por un lado, estilos de solistas, maneras
–por ejemplo– de tocar el piano, que a veces se trasfunde a la
orquesta, y por otro lado hay estilos orquestales. La orquesta de Di
Sarli, a pesar de que algunos digan que no estaba escrita, sí
lo estaba, aunque con muy poca cosa, con mucha sencillez, pero con
una gran expresión que venía del piano del director.
Toda la orquesta tocaba para el piano. Yo fui muy amigo de Félix
Verdi, que era el primer bandoneón de Di Sarli, y me decía:
“Siempre estaba buscando esos bordoneos, esas improvisaciones, y
cuando se daba cuenta de que lo estábamos mirando, ¡tocaba
en cuatro para disimular!”.
Horacio Ferrer, interviewé par
Carlos Zito, in Página/12
- Un des secrets du tango a l'air
d'être dans la variété de ses styles.
- La question des styles est la plus
importante dans le tango, musicalement parlant. La création
stylistique dans le tango est impressionnante. Les styles ont une
personnalité et une grandeur aristocratique. Fresedo, Di
Sarli, D'Arienzo, Canaro, qui avec trois notes (10) inventaient un
style reconnaissable entre tous. Il y a d'un côté des
styles de solistes, des façons par exemple de jouer du piano,
qui parfois se diffusent dans l'orchestre et d'un autre côté,
il y a les styles orchestraux. Dans l'orchestre de Di Sarli, bien que
certains disent que rien n'y était mis sur partition (11), ça
l'était bel et bien, mais avec très peu de choses, avec
beaucoup de simplicité, mais avec une expressivité
forte qui venait du piano du chef. Tout l'orchestre jouait pour le
piano. J'ai été très ami avec Félix
Verdi, qui était le premier bandonéon de Di Sarli, et
il me disait : Il était toujours là à chercher
ces graves, ces improvisations, et quand il se rendait compte que
nous étions en train de le regarder, il se mettait à
jouer du cuatro pour donner le change (12).
(Traduction Denise Anne Clavilier)
–Parece que nunca dejó que lo
filmaran mientras tocaba el piano.
–Sí, es cierto. Yo no lo
conocí personalmente. Fue al único que no llegué
a conocer, porque no se dio la ocasión. Sé que era un
tipo muy chinchudo y se había enemistado con varios de sus
músicos, que al final se separaron y formaron la orquesta Los
Señores del Tango. Otros, en cambio, como Tierrita Guisado
(primer violín) y Félix Verdi, lo adoraban. En todo
caso, la de Di Sarli fue una orquesta que influyó hasta en
Pugliese. Este me dijo un día algo que yo transcribí en
mi libro, y que lo tengo grabado: “Mi orquesta, mi forma de tocar
proviene melódicamente de Julio De Caro y rítmicamente
de Carlos Di Sarli”. Y como sabemos, él había formado
su estilo a partir de Fresedo, al que admiraba enormemente y tenía
como maestro, al punto que le dedicó uno de sus tangos más
bellos, “Milonguero viejo”. Por otra parte, como se nota con
“Bahía Blanca” o “A la gran muñeca”, Di Sarli
hizo moldes estilísticos que son imbatibles. Como Troilo con
“Quejas de bandoneón”: se puede decir que ese tango es de
Juan de Dios Filiberto tanto como de Troilo.
Horacio Ferrer, interviewé par
Carlos Zito, in Página/12
- On dirait qu'il ne s'est jamais
laissé filmer quand il jouait du piano.
- Eh oui, c'est vrai. Moi,
personnellement, je ne l'ai pas rencontré. C'est le seul que je
n'aurai pas rencontré parce que l'occasion ne s'est pas
présentée. Je sais que c'était un type très
soupe-au-lait et il s'était aliéné plusieurs de
ses musiciens, qui ont fini par le quitter et former l'orchestre Los
Señores del Tango. D'autres au contraire comme Tierrita
Guisado, premier violon, et Félix Verdi, l'adoraient. En tout
cas, l'orchestre de Di Sarli a été celui qui a
influencé même Pugliese. Celui-ci m'a dit un jour
quelque chose que j'ai transcrit dans mon livre (13) et je l'ai
enregistré (14) : "Mon orchestre, ma manière de
jouer provient mélodiquement de Julio De Caro et rythmiquement
de Carlos Di Sarli". Et comme on le sait, il avait formé
son style à partir de Fresedo, qu'il admirait énormément
et qu'il tenait pour son maître, au point de lui dédier
un de ses tangos les plus beaux, Milonguero viejo. D'autre part,
comme on le voit dans Bahía Blanca ou A la gran muñeca,
Di Sarli a créé des moules stylistiques qui sont
indépassables. Comme Troilo avec Quejas de bandonéon :
on peut dire que ce tango-là est de Juan de Dios Filiberto
autant que de Troilo (15)
(Traduction Denise Anne Clavilier)
–¿Qué es lo que escucha
de tango?
–Todo. Muy variado. Pero sobre todo
la orquesta de Troilo, que tuvo una trayectoria impresionante, y
también Troilo con la guitarra de Roberto Grela, que es
“encaje de bolillos”, como dicen en España. Para mí,
el Gordo fue el más grande director. El segundo fue Osvaldo
Fresedo, por la calidad en la expresión de lo que está
escrito. Fresedo tenía esa dinámica maravillosa del
disminuendo y del crescendo. Troilo es el gran escultor de los
sonidos. Empieza con un pianissimo, la música viene del
horizonte y después se acerca y se pone en primer plano...
–Pero era también una orquesta
compadrita, sobre todo en la época de Fiorentino.
–¡Claro! Troilo y Fiore. Ellos
mismos eran compadritos. Y lo era también la orquesta,
efectivamente, porque el tango es compadrito. La esencia humana del
tango es compadrita, como se ve en esa célebre foto de
Pugliese apoyado en un portal de Villa Crespo: es un verdadero
compadrito. Yo le dije un día a Osvaldo: “Usted es un
compadrito”. Y me dijo muy decidido: “Sí” (carcajadas).
El tango desde un principio tiene esa esencia. Es el espíritu
del compadrito, que va a matar o a morir; es el hombre de la llanura
metido en la ciudad, y que está siempre alerta, como
atravesado permanentemente por una corriente eléctrica. El
compadrito no habla; habla con el cuerpo. Y el andar y el moverse del
compadrito inspiró muchos pasos de baile, por ejemplo, el
hecho de que el hombre dirige a la mujer y que baila siempre
avanzando, mirando en torno suyo, vigilando.
Horacio Ferrer, interviewé par
Carlos Zito, in Página/12
- Qu'est-ce que vous écoutez
comme tango ?
- Tout. Très varié. Mais
par dessus tout, l'orchestre de Troilo, qui a eu un parcours
impressionnant et aussi Troilo avec Roberto Grela à la
guitare, et ce sont de vrais morceaux de bravoure comme on dit en
Espagne (16). Selon moi, le Gordo [Troilo] a été le plus grand
chef d'orchestre. Le second, c'est Osvaldo Fresedo, pour la qualité
dans l'expression de ce qui est sur la partition. Fresedo avait cette
dynamique merveilleuse du dismunuendo et du crescendo. Troilo est le
grand sculpteur des sons. Il commence sur un pianissimo, la musique
monte de l'horizon, ensuite elle s'approche et vient se mettre au
premier plan...
- Mais c'était aussi un
orchestre titi, surtout à l'époque de Fiorentino.
- Evidemment ! Troilo et Fiore.
Eux-mêmes étaient des titis. Et l'orchestre en était
un aussi, en effet, parce que le tango est un titi. L'essence humaine
du tango est celle du titi, comme on le voit sur la fameuse photo de
Pugliese appuyé sur une porte d'entrée à Villa
Crepo : c'est un vrai titi. Je l'ai dit un jour à Osvaldo :
"Vous êtes un titi". Et il m'a dit [d'un ton] bien
déterminé : "Oui !" (éclat de rire).
Le tango depuis le début a cette essence-là. C'est
l'esprit du titi (17), qui s'en va tuer ou mourir. C'est l'homme de
la plaine [de la Pampa] qui s'est fourré en ville et qui est
toujours aux aguets, comme parcouru en permanence de courant
électrique. Le titi ne parle pas, il parle avec son corps. Et
la démarche, le mouvement du titi a inspiré beaucoup de
pas de danse, par exemple le fait que l'homme dirige la femme et
danse toujours en avançant, en regardant autour de lui, en
surveillant (18).
(Traduction Denise Anne Clavilier)
–¿Cuál es el tango que
le pone la piel de gallina?
–¡Tantos, tantos, tan hermosos!
Recuerdo cuando nos reuníamos con mis amigos en Montevideo a
tomar whisky y a escuchar tangos, a comentarlos... Apagábamos
la luz para escuchar mejor, y me veo oyendo “La mariposa” por
Pugliese, impresionante, o “Nueve puntos” por Di Sarli, que es
una sinfonía en una píldora... Y decíamos:
“¡Póngalo otra vez, póngalo otra vez!”.
–¿Tiene un tango preferido?
–No, no tengo un tango preferido*,
porque son tantos tan hermosos. Tengo varios tangos que suelo ir
silbando por la calle; lo que pasa es que el tango es tan variado,
que es difícil elegir entre “Responso” y “Flores
negras”, los poemas de Manzi, como “Sur”, o de Cátulo
Castillo, como “La última curda”, y todo lo que escribió
Alfredo Le Pera para Gardel es algo fantástico. Yo tuve la
suerte de ser amigo de casi todos, de Cadícamo, de Homero
Expósito, de Pichuco, que era un poeta que en lugar de
palabras usaba notas. Yo era un muchacho de 15 años y él
me ponía una silla en medio de la orquesta para que disfrutara
más... Pichuco estaba muy contento de que a mí me fuera
bien trabajando con Piazzolla, aunque él me había
preparado para que escribiera para él. Pero yo me di cuenta de
que él ya no estaba para componer. Y debuté con
Piazzolla con María de Buenos Aires, una obra de dos horas. No
era algo que hubiera podido hacer con Troilo, que ya estaba medio
retirado. Con Piazzolla yo le agregué mi empuje al empuje que
tenía él... ¡Es la pieza argentina más
representada en los teatros del mundo!
Horacio Ferrer, interviewé par
Carlos Zito, in Página/12
- Quel est le tango qui vous donne la
chair de poule ?
- Tant et tant, et si beaux ! Je me
souviens quand nous nous retrouvions avec mes amis à
Montevideo pour prendre un whisky et écouter du tango, en
parler... On éteignait la lumière pour mieux écouter
et je me vois écoutant La Mariposa par Pugliese,
impressionnant, ou Nueve puntos par Di Sarli, qui est une symphonie
en comprimé... Et on disait : "Remets-le, remets-le !"
- Vous avez un tango préféré
?
- Non, je n'ai pas de tango préféré
(19) parce qu'ils sont si nombreux et si beaux. Il y a plusieurs
tangos que j'ai l'habitude de siffler [en marchant] dans la rue. Ce
qu'il y a c'est que le tango est si divers qu'il est difficile de
choisir entre Responso et Flores Negras, les poèmes de Manzi
comme Sur ou de Cátulo Castillo comme La última curda
(20) et tout ce que Alfredo Le Pera a écrit pour Gardel, c'est
quelque chose de fantastique. J'ai eu la chance d'être ami avec
presque tous, avec Cadícamo, Homero Expósito, Pichuco,
qui était un poète qui à la place des mots
employait des notes. J'étais un môme de 15 ans et lui me
mettait une chaise au milieu de l'orchestre pour que j'en profite
davantage... Pichuco était ravi que j'aie la chance de
travailler avec Piazzolla, même c'est pour lui qu'il m'avait
préparé à écrire. Mais je me suis rendu
compte que, pour ce qui était de composer, il n'y était
plus. Et j'ai commencé avec Piazzolla, avec María de
Buenos Aires, une œuvre qui dure deux heures. Ce n'est pas une chose
que j'aurais pu faire avec Troilo, qui s'était déjà
à moitié retiré (21). Avec Piazzolla, j'ai joint
mon élan à l'élan qu'il avait lui... C'est la
pièce [de théâtre] argentine la plus jouée
au théâtre au monde !
(Traduction Denise Anne Clavilier)
–¿Y si tuviéramos que
salvar de un cataclismo uno o varios tangos?
–Yo no pensaría en tangos sino
en autores... Cobián, por ejemplo. Ayer estábamos
cantando “Almita herida”... ¡qué maravilla! “Mi
refugio”, “Los mareados”... y Bardi, y Pugliese, que hizo joyas
menos conocidas que hay que escuchar, como “Una vez”. Y
Piazzolla, y Pichuco... “Pa’ que bailen los muchachos” (tararea
los primeros compases).
–Esa es una compadrada...
–¡Siiiiiiiiiiií! Ahí
la música te dice: “Te voy a decir algo, pero te lo digo
despacito... ¡y no te lo digo del todo!”. Ja, ja, ja...
–¿Cómo ve el panorama
del tango joven?
–Maravilloso, hay mujeres y hombres,
cantores, muy buenos bailarines y excelentes músicos, tenemos
40 bandoneonistas jóvenes que la rompen.
Horacio Ferrer, interviewé par
Carlos Zito, in Página/12
- Et si nous devions sauver d'un
cataclysme un ou plusieurs tangos ?
- Moi, je ne penserais pas en termes de
tangos mais d'auteurs... Cobián par exemple. Hier, nous
chantions Almita herida... Quelle merveille ! Mi refugio, Los
mareados... Et Bardi, et Pugliese qui a créé des bijoux
moins connus qu'il faut écouter, comme Una vez (22). Et
Piazzolla, et Pichuco... Pa' que bailen los muchachos (il fredonne
les premières mesures).
- En voilà, un truc de titi...
- Et comment ! Là la musique te
dit : je vais te dire un truc, mais je le dis lentement... Et puis
non, je ne te le dis pas.... Bisque bisque rage !
- De quelle manière
regardez-vous le panorama de la jeune génération du
tango ?
- Merveilleux, il y a des hommes et des
femmes, des chanteurs, de très bons danseurs et d'excellents
musiciens, nous avons 40 jeunes bandonéonistes qui touchent
leur bille dans l'histoire.
(Traduction Denise Anne Clavilier)
–¿El ritmo es el secreto de
tango?
–¿De qué ritmo
hablamos, del de D’Arienzo, del de Canaro, del de Pugliese? Es
cierto que algunos grupos a veces se escapan de lo que el público
entiende como tango. También ocurrió eso con De Caro.
Fijate: una vez fui a un espectáculo donde se presentaban 40
guitarristas que tocaban todos los géneros, y le pregunté
a uno: “¿Y con el tango cómo andan?”. Y me
respondió: “Hasta De Caro me estiro”. ¿Te das
cuenta? (Ríe ruidosamente.)
–Recién mencionaba a Gardel.
Si yo pronuncio ese nombre, ¿qué le evoca?
–¡Dios! (Exclama casi sin
dejarme terminar la frase.)
–Caramba, de movida sacó el as
de espada... A ver qué le queda para la segunda. ¿Pichuco?
–¡El suplente de Dios! (Explota
en carcajadas.)
–¿Pugliese?
–El Stravinsky del tango.
–¿Salgán?
–Un distinto a todos.
–¿Di Sarli?
–El milonguerismo hecho materia.
–¿Piazzolla?
–Un hermano, genial.
Horacio Ferrer, interviewé par
Carlos Zito, in Página/12
- Le rythme, c'est ça le secret
du tango ?
- De quel rythme parlons-nous ? Celui
de D'Arienzo, celui de Canaro, celui de Pugliese ? C'est vrai que
quelques groupes parfois s'évadent de ce que le public
comprend comme tango. C'est arrivé aussi avec De Caro.
Figure-toi qu'un jour, je suis allé à un spectacle où
se produisaient quarante guitaristes qui jouaient de tous les genres et
j'ai demandé à l'un d'entre eux : Et avec le tango, où
vous en êtes ? Et il m'a répondu : je vais jusqu'à
De Caro. Tu te rends compte ? (il rit bruyamment).
- Il y a un instant vous avez mentionné
Gardel. Si moi je prononce ce nom, ça vous évoque quoi
?
- Dieu ! s'exclame-t-il presque sans me
laisser finir ma phrase.
- Nom d'un chien, vous sortez le
va-tout d'emblée. On essayer de voir ce qui sort avec le
deuxième mot. Pichuco ?
- Le suppléant de Dieu (il
explose de rire)
- Pugliese ?
- Le Stravinsky du tango
- Salgán ?
- Unique, différent de tous les
autres
- Di Sarli ?
- Le milonguerisme incarné.
- Piazzolla ?
- Un frère, génial.
(Traduction Denise Anne Clavilier)
Pour aller plus loin :
lire l'article complet de Página/12
avec la liste interminable des artistes qui participeront à la
fête de demain (ils sont trop nombreux pour que je puisse les
citer dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search mais
mentionnons au moins Amelita Baltar, Raúl Garello, Patricia
Barone...)
vous connecter au site Internet du théâtre.
Pour lire la trentaine de textes du
Maestro que j'ai d'ores et déjà pu traduire et publier,
voir le cahier central qui lui est consacré dans Triages n°
20, juin 2008, Tarabuste Editions (15 pages), Barrio de Tango,
recueil bilingue de tangos argentins, mai 2010, Editions du Jasmin
(384 pages), Deux cents ans après, le Bicentenaire de
l'Argentine à travers le patrimoine littéraire du
tango, Tarabuste Editions, numéro spécial de Triages
(140 pages), janvier 2011.
(1) Pour mieux aborder qui sont tous
ces artistes, voir Barrio de Tango, l'anthologie largement commentée
que j'ai publiée en mai 2010 aux Editions du Jasmin.
(2) Serio en Argentine, rend une
notion presque intraduisible en français. Cela veut dire
surtout ce que nous désignons par l'expression "pas
sérieux", c'est sévère, exigeant,
rigoureux, austère, qui a de la tenue, qui a de la dignité,
de l'honorabilité...
(3) Dont un certain nombre des siens.
(4) Dans les traditions argentines,
nées de certains syncrétismes entre les croyances
amérindiennes et la foi catholique, souvent mal bâties
chez les conquérants, certaines personnes sont réputées
avoir le mauvais œil. Ce fut le cas de Di Sarli toute sa vie. C'est
le cas aujourd'hui de Carlos Menem (c'était déjà
le cas quand il était président et le fait est que sa
présidence a bien débouché sur une vraie
catastrophe !)
(5) Allusion au culte populaire, très
en vogue chez les musiciens mais aussi au-delà de leur
corporation, de San Pugliese, le résultat typique du
syncrétisme religieux argentin. Un culte de nature similaire
existe sur Carlos Gardel (il n'est que de lire les ex-votos qui
recouvrent sa tombe au cimetière de la Chacarita) et avec
Aníbal Troilo, mais d'une manière beaucoup moins
formelle en ce qui concerne ce dernier.
(6) Ça, c'est Horacio Ferrer
tout craché, quand il y a va franco ! A son âge, on ne
la lui fait pas.
(7) Il fait comme le Pape : on lui dit
vous, il répond tu. C'est aussi notre relation et j'aime bien
ce côté-là du bonhomme. C'est très
affectif. Tato Rebora, le directeur du Festival de Tango de Grenade,
en Espagne, dit volontiers de Ferrer est au tango ce que le Pape
(avant l'élection du cardinal Bergoglio) est au catholicisme.
C'est légèrement exagéré mais là,
il lui donne raison !
(8) Pas plus italien que moi. C'est
juste un surnom dû aux origines géographiques de son
patronyme. Comme pour Piazzolla ou Susana Rinaldi et tant d'autres.
(9) Ce qui n'était pas un mince
compliment dans la bouche de Horacio Ferrer, qui voue un véritable
culte au talent de Aníbal Troilo (comme vous pouvez vous en
rendre compte dans mon anthologie, Barrio de Tango, Ed. du Jasmin, et
le cahier d'hommage à Ferrer publié dans Triages n°
20 en juin 2008, avec des textes écrits pour le tango comme El
Gordo Triste et La Jaula Mágica)
(10) En Argentine pour dire très
peu, on emploie le chiffre quatre. En français, on emploie le
chiffre trois.
(11) C'est la querelle dans laquelle
Juan Carlos Cáceres est intervenu en force comme on le voit
dans Tango Negro, que j'ai traduit et commenté pour la version
française récemment parue aux Editions du Jasmin :
musique écrite ou musique improvisée. Depuis la
parution de son extraordinaire El tango, su historia y evolución,
paru à Montevideo en 1960 et resté inégalé
à ce jour pour l'ampleur de son analyse et la limpidité
de sa rédaction, Horacio Ferrer, sans nier l'existence d'un
tango improvisé, a toujours soutenu la prédominance de
la musique écrite dans la tradition du genre. Juan Carlos
Cáceres tient, quant à lui, qu'il n'y a de tango
véritable que celui issu de la tradition orale et donc joué
à la manière du jazz et de la musique cubaine, où
la partition est une réalité très secondaire,
voire ignorée.
(12) Je suppose qu'il s'agit ici du
genre venezuélien dit cuatro. Mais il peut s'agir simplement
d'un rythme à quatre temps, bien carré, très
différent de son travail habituel, qui lui aurait permis de
donner le change.
(13) Je suppose qu'il fait référence
ici à El Libro del Tango mais je n'ai pas retrouvé la
phrase avec les deux noms associés sous ces rubriques-là.
Comme je ne vais pas le déranger au téléphone
juste pour vérifier un point de l'interview, je ne peux pas en
dire plus. L'ensemble de l'article sur Pugliese dans l'édition
du Libro del Tango de 1980 est parfaitement cohérent avec ce
qui est transcrit dans l'interview et ça n'a rien d'étonnant.
Horacio Ferrer est un homme très fou quand il s'agit de
l'imagination mais d'une puissante cohérence quand il s'agit
de l'analyse.
(14) Je suppose qu'il s'agit ici d'un
enregistrement audio. Mais l'expression pourrait désigner un
souvenir fort, gravé (grabado) dans la mémoire.
(15) Quejas de Bandonéon est de
Filiberto mais c'est sans doute Troilo qui en a donné la plus
belle interprétation, celle qui fait référence
aujourd'hui encore.
(16) Encaje de bolillos est une
expression espagnole et non pas argentine.
(17) Je traduis compadrito par titi
mais vous voyez ici que la notion est aussi proche de celle du voyou,
du mauvais garçon. Mais en français ces deux
expressions ne possèdent pas l'ambivalence du terme argentin
et je ne peux pas traduire que Troilo et Fiorentino étaient
des voyous ou des mauvais garçons. Vous allez décrocher
immédiatement !
(18) bref, tout ce que les bons
professeurs tentent d'apprendre à leurs élèves
masculins pour éviter les accidents sur la piste. Peut-être
que si les élèves avaient cette image-là dans la
tête, la piste de danse serait un endroit plus agréable
à fréquenter et pas la piste d'auto-tamponneuses que
c'est trop souvent (à Paris, en tout cas).
(19) Dans l'article original,
l'astérisque renvoie à la liste des tangos cités
par Ferrer dans le texte du tango ¡Viva el Tango!, composé
par Raúl Garello.
(20) Sur et La úlitima curda
sont traduits dans Barrio de Tango, recueil bilingue de tangos
argentins, Editions du Jasmin, avec 12 letras de Horacio Ferrer, dont
Balada para un loco et Chiquilín de Bachín, les deux
incontournables, mais aussi des choses moins connues comme La guita
ou Lulú, qu'il a beaucoup aimé découvrir dans
mon manuscrit que je lui ai présenté en août
2007.
(21) En 1968, Troilo commençait
à avoir de très gros problèmes de santé.
Il est mort en mai 1975.
(22) traduit dans Barrio de Tango,
ouvrage cité. Le seul que j'ai traduit dans toute la série
contenue dans ce paragraphe de l'interview.