Hier,
les autorités en charge de l'événement ont publié le programme
des festivités. Ce week-end en effet, comme tous les ans à la même
époque, se tiendra la commémoration du combat de San Lorenzo,
petite escarmouche qui eut lieu le 3 février 1813 sur la rive du
Paraná, non loin de Rosario, mais devenue une charnière de la
conquête de l'indépendance argentine, à une époque où, pourtant, la volonté de rompre avec l'Espagne était encore loin d'être
majoritaire chez les futurs Argentins.
San
Lorenzo est le seul combat mené sur le sol national par le futur
général San Martín, qui n'était encore que colonel. Dans la mémoire
populaire argentine, il occupe toutefois la place qu'a en France la
bataille de Valmy.
L'année
dernière (voir mon article principal sur le sujet, étiqueté San
Lorenzo dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search,
ci-dessus), pour des raisons de basse politique (et cette grande difficulté qu'ont les Argentins de passer par-dessus les dissensions idéologiques, même lorsqu'il s'agit de célébrer leur patrie), la Présidente avait boycotté les célébrations au grand
scandale des admirateurs du général. Le vice-président, venu à sa place, au
lieu de rendre hommage aux héros révolutionnaires, avait prononcé
un plaidoyer si grossièrement électoraliste, qu'il avait été
sifflé par une partie de la foule. Bref, beaucoup d'amertume du côté
du Régiment des Grenadiers à cheval, le RGC, rené de ses cendres froides comme un phénix en 1903 pour
être (c'est sa vocation) un symbole de l'unité du pays ! (1)
Cette
année, on annonce la présence d'aucune délégation du gouvernement
national.
On
retrouvera cependant les éléments traditionnels de ces deux
journées : défilé et musique militaire le dimanche, avec la
musique à pied du RGC en fin de
journée et concert, par la fanfare à cheval, sur le champ de
bataille à la tombée du jour.
La charge de cavalerie, un exercice traditionnel pour ces cavaliers d'élite
que sont les Grenadier à cheval,
chaque 3 février.
Ici, la charge du Bicentenaire, l'année dernière, à travers un objectif professionnel.
Il est très difficile pour les spectateurs de filmer cette tradition : ça va trop vite !
Le
lendemain, lever des couleurs à 8h sur le champ de bataille. Et tout
au long de la journée, visite aux différents lieux symboliques,
comme le pin historique, sous lequel San Martín aura écrit son
rapport sur l'action, et les tombes des soldats morts au cours ou
juste après le combat (Cabral, Bermúdez...) et bien entendu, les
deux clous de la journée :
-
la charge de cavalerie, qui reconstitue l'attaque surprise de San
Martín contre l'ennemi légitimiste qui montait à l'assaut d'un
couvent qu'il croyait abandonné et regorgeant de victuailles
abritées là par les paysans du coin,
-
et le Pericón Nacional, que l'on annonce dansé cette année, comme
en 2013, par une centaine de couples...
Le Pericón Nacional, de l'année dernière
A même le champ de bataille (el Campo de la Gloria).
Cela nous laisse bouche-bée.
Une
façon de fêter la Nation qu'on ne connaît guère chez nous, en
France...
C'est
ainsi que s'achèveront les festivités du Bicentenaire pour cet
épisode historique marquant.
Pour
en savoir plus :
vous
pouvez vous rendre sur la page Facebook ouverte par les réservistes du RGC, qui fêtent au jour le jour chaque étape de ce long
Bicentenaire en suivant les pas du mythique fondateur de leur unité,
sur celle du Bicentenaire du combat de San Lorenzo et sur la page officielle du Régiment lui-même, protagoniste traditionnel de ces
manifestations qui sont l'un des deux grands moments patriotiques
dans la région de Rosario, en Province de Santa Fe.
Mon
prochain livre reproduit bien entendu, en espagnol et en français,
le rapport de San Lorenzo par San Martín, daté du 3 février 1813 et
publié deux jours plus tard par la Gaceta de Buenos Aires, ainsi que
quelques autres documents relatifs aux suites que San Martín voulut
donner à cette courte mais décisive action militaire (prochainement
sur www.editions-du-jasmin.com).
(1)
Soit dit en passant, c'est une des rares unités militaires qui ait
conservé son prestige et sa bonne réputation auprès de la
population dans son ensemble, malgré le rôle fâcheux que l'Armée
a joué dans la vie politique du pays de 1930 jusqu'en 1983. Les
putschs divers et variés n'ont pas entamé l'affection que lui porte
le peuple argentin.