dimanche 5 janvier 2014

François déculpabilisateur de service [Actu]

Miguel Rep nous réveille en ce dimanche matin, d'Epiphanie pour nombre de francophones mais nullement pour le reste des chrétiens, avec cette confrontation d'un de ses personnages fétiches, le Culpo (jeu de mot carabiné entre pulpo, poulpe, et culpa, faute morale) et le Pape, alors que ce dernier vient de créer un nouveau buzz journalistique avec une intervention datant de novembre mais publiée vendredi dernier par la revue jésuite italienne Civiltà Cattolica et reproduite hier par L'Osservatore Romano. Et bien entendu, l'article de la revue ignatienne avait échappé à tout le monde mais pas la double page du quotidien du Vatican. Ce matin, la presse mondiale s'avise donc que le Saint Père, à cette occasion, a prononcé des paroles qui sortent de l'ordinaire. Et comme d'habitude, journaux, télévisions et radios se concentrent sur ce qui touche à la morale familiale.
Avant, les journalistes s'affolaient autour du préservatif et de l'avortement, maintenant ils s'excitent sur l'homosexualité et les divorcés remariés. Mais c'est toujours le même chapelet de contresens qu'ils nous débitent, révélant ainsi l'ampleur de leur manque de culture dans le domaine.

Página/12 fait donc un article non signé, ni pire ni meilleur que tant et tant d'autres, sur ces déclarations adressées à l'assemblée générale des supérieurs de congrégations masculines, et Miguel Rep y ajoute son grain de sel avec son céphalopode vert et édenté, qui fait généralement la paire avec la mystérieuse psychanalyste de Gaspar, que personne n'a jamais vue dans ses dessins (puisqu'elle se tient toujours derrière le divan où s'allonge Gaspar).
Pour l'occasion, le Culpo prend l'accent italien :


Traduction :
Je ne comprends pas ton business, Franchesco (1), je ne pige rien (2). Qu'est-ce que tu veux dire par "Dieu nous précède toujours (3) quand il s'agit de nous pardonner ?" Plus personne ne va se sentir coupable. Tu ne recules devant rien, hein, quand il s'agit de recruter tes troupes ! Ça va durer longtemps, de dire ces trucs ?
On est dans le même business, Papa ! (4) Me casse pas la baraque ! Tu cherches quoi ? Que ce soit de ta faute si les fidèles ne se sentent plus coupables ? Tu sais ce dont je suis capable, moi, si je te mets le grappin dessus, Franchesco ?
(Traduction Denise Anne Clavilier)

Sur le côté, on lit la mention "Le Culpo et le Pape Premier round" (ça promet pour 2014 !) et une devise, qui était celle de Jean-Paul II et non pas celle de François : Totus Tuus (une formule latine de consécration à la Vierge Marie, tirée d'un texte de saint Louis Grignon de Montfort, au XVIIIème siècle).

François a conservé, quant à lui, sa devise épiscopale : Miserando atque eligendo (Qui a besoin du pardon est aussi qui doit être appelé [au sacerdoce, au salut ou à la foi])


(1) En Italien, le pape s'appelle Francesco (avec le c chuinté devant les voyelles e et i), en espagnol c'est Francisco.
(2) Là, le Culpo emploie le verbe italien capire, passé dans le langage portègne grâce à l'importante population italienne immigrée en Argentine pendant la phase 1880-1930 et dont fait précisément partie la famille du Pape elle-même, en provenance du nord de la péninsule italique.
(3) Re-trait linguistique portègne et néologisant comme le Pape en met souvent dans sa conversation lorsqu'il s'exprime à bâtons rompus en espagnol (mais jamais dans un discours : on n'entend pas ça le mercredi à l'Audience générale). Ici, le substantif printemps (primavera) prend une forme verbale : primavear.
(4) Et encore un jeu de mot. Ici, Pape, en espagnol, s'écrirait sans accent (Papa). Avec un accent, c'est le père.