jeudi 22 décembre 2016

Coup dur pour l'image du gouvernement : démission retentissante à Aerolineas Argentinas [Actu]

La démission de Isela Costantini a droit à la photo en haut à droite
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Une des icônes de l'alternance au libéralisme de Mauricio Macri jette le gant. Isela Costantini, la très jeune PDG de la compagnie Aerolineas Argentinas, reprise sous le contrôle de l'Etat par Cristina Kirchner il y a huit ans, vient de démissionner en avançant des raisons personnelles. Elle aurait franchi une étape de sa carrière et voudrait passer à autre chose. Un motif qui ne semble pas très convaincant chez une femme brillante et jeune, qui a donc un peu de temps devant elle.

Son départ semblerait être plutôt motivé par une tension grandissante avec le gouvernement qui n'accorde qu'un budget chic à la compagnie nationale. Et a levé l'obligation pour les responsables politiques de voyager sur Aerolineas. Même le Président Macri choisit des compagnies étrangères pour faire des destinations desservies par la compagnie nationale (il vole sur Air France, Iberia ou Allitalia). Qui plus est, le ciel argentin s'ouvre actuellement à des compagnies low-cost et le monopole d'Aerolineas a vécu. Cela va faire baisser les prix, rendre l'avion concurrentiel par rapport aux bus, dont les prix ne cessent d'augmenter (mais vous arrivez dans la ville elle-même), et le train qui promet de s'améliorer notablement. Dernier élément qui rendait difficile la gestion d'Aerolineas : la compagnie n'est pas concernée par la réouverture des liaisons entre l'Argentine et les îles Malouines dont l'accord a été signé avant-hier à Londres. Le moins qu'on puisse dire est que ce panorama n'est pas fait pour donner beaucoup d'espoir au personnel d'Aerolineas, qui avait vu d'un assez mauvais œil l'arrivée au pouvoir d'un libéral qui avait toujours douté du bien-fondé du sauvetage d'Aerolineas par la nationalisation (la compagnie avait été ainsi arrachée des mains du groupe espagnol Marsans, aujourd'hui disparu, qui tentait de la couler pour en faire un coquille vide qu'il aurait utilisée à d'autres fins, dans sa stratégie de holding).

La démission est là encore traitée en haut à droite
La photo du centre est pour les personnels du CONICET
le centre national de la recherche scientifique et technologique,
dont les personnels sont très inquiets des coupes budgétaires sévères
qui s'annoncent pour 2017
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Presque tous les journaux, de droite ou de gauche, font écho aux propos du responsable du syndicat majoritaire à l'intérieur de la Compagnie. Après avoir eu des rapports parfois tendus avec la Direction, l'homme rend hommage à la PDG sortante dont il estime qu'elle a été la meilleure chef d'entreprise qu'Aerolineas a eue depuis une vingtaine d'années. Ce qui n'est pas un mince compliment. Tous les observateurs reconnaissent aussi que son court mandat à la tête de la compagnie a été marqué par une vraie volonté de dialogue, ce qui n'était pas ce que les salariés attendaient d'une personne nommée par Mauricio Macri (ils craignaient une tueuse).

C'est un chef d'entreprise au profil plus classique, de soixante-deux ans, qui lui succède. Il était jusqu'à présent PDG d'une entreprise de fret aérien. Les syndicalistes ne sont pas enchantés.

Pour aller plus loin :
lire l'article de La Nación sur l'absence d'Aerolineas pour desservir les Malouines
lire l'article de La Prensa sur la réaction syndicale
lire l'article de Clarín, qui rapporte lui aussi les regrets du personnel syndiqué