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La démission de Isela Costantini a droit à la photo en haut à droite Cliquez sur l'image pour obtenir une haute résolution |
Une
des icônes de l'alternance au libéralisme de Mauricio Macri jette
le gant. Isela Costantini, la très jeune PDG de la compagnie
Aerolineas Argentinas, reprise sous le contrôle de l'Etat par
Cristina Kirchner il y a huit ans, vient de démissionner en avançant
des raisons personnelles. Elle aurait franchi une étape de sa
carrière et voudrait passer à autre chose. Un motif qui ne semble
pas très convaincant chez une femme brillante et jeune, qui a donc
un peu de temps devant elle.
Son
départ semblerait être plutôt motivé par une tension grandissante
avec le gouvernement qui n'accorde qu'un budget chic à la compagnie
nationale. Et a levé l'obligation pour les responsables politiques
de voyager sur Aerolineas. Même le Président Macri choisit des
compagnies étrangères pour faire des destinations desservies par la
compagnie nationale (il vole sur Air France, Iberia ou Allitalia).
Qui plus est, le ciel argentin s'ouvre actuellement à des compagnies
low-cost et le monopole d'Aerolineas a vécu. Cela va faire baisser
les prix, rendre l'avion concurrentiel par rapport aux bus, dont les
prix ne cessent d'augmenter (mais vous arrivez dans la ville
elle-même), et le train qui promet de s'améliorer notablement.
Dernier élément qui rendait difficile la gestion d'Aerolineas :
la compagnie n'est pas concernée par la réouverture des liaisons
entre l'Argentine et les îles Malouines dont l'accord a été signé
avant-hier à Londres. Le moins qu'on puisse dire est que ce panorama
n'est pas fait pour donner beaucoup d'espoir au personnel
d'Aerolineas, qui avait vu d'un assez mauvais œil l'arrivée au
pouvoir d'un libéral qui avait toujours douté du bien-fondé du
sauvetage d'Aerolineas par la nationalisation (la compagnie avait été
ainsi arrachée des mains du groupe espagnol Marsans, aujourd'hui
disparu, qui tentait de la couler pour en faire un coquille vide
qu'il aurait utilisée à d'autres fins, dans sa stratégie de
holding).
Presque
tous les journaux, de droite ou de gauche, font écho aux propos du
responsable du syndicat majoritaire à l'intérieur de la Compagnie.
Après avoir eu des rapports parfois tendus avec la Direction,
l'homme rend hommage à la PDG sortante dont il estime qu'elle a été
la meilleure chef d'entreprise qu'Aerolineas a eue depuis une
vingtaine d'années. Ce qui n'est pas un mince compliment. Tous les
observateurs reconnaissent aussi que son court mandat à la tête de
la compagnie a été marqué par une vraie volonté de dialogue, ce
qui n'était pas ce que les salariés attendaient d'une personne
nommée par Mauricio Macri (ils craignaient une tueuse).
C'est
un chef d'entreprise au profil plus classique, de soixante-deux ans,
qui lui succède. Il était jusqu'à présent PDG d'une entreprise de
fret aérien. Les syndicalistes ne sont pas enchantés.
Pour
aller plus loin :
lire
l'article de La Nación sur l'absence d'Aerolineas pour desservir les
Malouines
lire
l'article de La Prensa sur la réaction syndicale
lire
l'article de Clarín, qui rapporte lui aussi les regrets du personnel syndiqué