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C'était
à prévoir : après la spectaculaire et brutale crise du cours du dollar, qui n'est pas
terminée, et la saignée opérée dans les réserves de la Banque
centrale de la République argentine pour tenter de freiner le
phénomène, le gouvernement vient de décider de faire appel à un
prêt du FMI, dont le pays s'était libéré en 2006 après que la
banque mondiale avait ravagé l'économie du pays comme elle le fait
à chaque fois qu'elle prend le contrôle d'un pays souverain peu ou
pas industrialisé en lui imposant des conditions qui ne
correspondent pas à ses structures.
Le
dollar a dépassé une nouvelle fois les 23 pesos argentins et les
obligations argentines se sont effondrées partout dans le monde.
Cette fois-ci, unité entre le gros titre et la photo Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
L'annonce
de la mesure par le président lui-même a semé la consternation
dans la presse, y compris la presse de droite. Tous les Argentins,
même les plus néolibéraux, gardent en effet le souvenir de ce que
fut cette double catastrophe de la faillite du système financier
national en 2001 et de l'emprunt au FMI.
Clarín préfère partager sa une entre le gros titre et la photo qui reprend l'ouverture du festival de Cannes avec l'acteur argentin Ricardo Darín Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Les
unes des principaux quotidiens sont éloquents à cet égard. Seul
Clarín affiche un gros titre à la tonalité objective mis l'un des
éditoriaux étrille le gouvernement et envisage (avec regret) la
possible victoire de l'opposition aux prochaines élections comme
conséquence de cette décision extrême (probablement prise faute
d'alternative). Le gros titre de La Prensa est confondant de
pessimisme (retourner au FMI et croiser les doigts). Celui de La
Nación est faussement neutre : au-dessus, en petites capitales,
on lit en effet la mention « après 12 ans », ces douze
années pendant lesquelles, qu'on soit ou non d'accord avec les
gouvernements successifs, l'Argentine était restée souveraine pour
sa politique financière et monétaire. Quant à Página/12, sans
avoir besoin d'en faire des tonnes tant la mesure est contraire à la
politique soutenue par les rédacteurs et le groupe médiatique
Octubre, la une montre toute l'hostilité du journal en mettant en
vedette non pas Mauricio Macri mais quelque chose de pire encore, le visage de
Christine Lagarde. Un visage passablement dur, assez peu aimable, qui sert à lui tout seul d'épouvantail et identifié depuis longtemps à l'hégémonie impérialiste des Etats-Unis et des
autres puissances capitalistes (dont les pays de l'Union Européenne
font partie).
Un
ministre s'est envolé pour Washington afin d'y négocier les
conditions auxquelles l'organisme prêtera à l'Argentine les trente
mille millions de dollars US dont a besoin une BCRA aux réserves
exsangues...
On
est six mois après le début de mandat des parlementaires issus des
élections de mi-mandat, qui furent presque triomphales pour la
majorité, en octobre dernier, et le tournant aussitôt pris par le
président Macri de droitiser à outrance et dans tous les domaines
son action à la tête de l'Etat fédéral, en matière économique,
sociale, politique, médiatique et sécuritaire, alors que les scandales de comptes offshore secouaient le gouvernement, dont les ministres justifiaient leur propre recours à ces moyens illégaux de protéger leur fortune hors du pays !
Pour
aller plus loin :
lire
l'éditorial de Joaquín Morales Solá sur cette solution qui
éviterait une crise encore pire, dans La Nación
lire
l'article de La Nación sur Christine Lagarde, présentée comme la
nouvelle partenaire incommode
lire
l'éditorial de Clarín intitulé Le "plan
Rester en place"
du gouvernement fait eau de toutes parts.
Ajouts du 10 mai 2018 :
lire cet article de Página/12 sur les positions très critiques des économistes orthodoxes argentins sur la décision du gouvernement, pour lequel ils ne tarissaient pas d'éloges jusqu'à présent
lire cette analyse de La Nación sur la nouvelle situation (l'Argentine serait en meilleure position pour négocier que lors de ses précédents recours au FMI)
Ajouts du 10 mai 2018 :
lire cet article de Página/12 sur les positions très critiques des économistes orthodoxes argentins sur la décision du gouvernement, pour lequel ils ne tarissaient pas d'éloges jusqu'à présent
lire cette analyse de La Nación sur la nouvelle situation (l'Argentine serait en meilleure position pour négocier que lors de ses précédents recours au FMI)