samedi 12 mai 2018

Le recours au FMI n'éclaircit pas l'horizon [Actu]

Le responsable de la une a choisi une photo désavantageuse de Macri
Peut-être a-t-elle même été quelque peu photoshopée pour faire encore plus glauque !

A Buenos Aires, le dollar continue à grimper malgré les ventes de devises par la Banque Centrale de la République Argentine, qui se défait de ses réserves sans parvenir à arrêter l'hémorragie. Hier, la devise nord-américaine a brièvement dépassé le seuil de 24 pesos argentins avant de clore sur une valeur légèrement inférieure, tandis que l'euro flirte, quant à lui, avec les 30 pesos pour 1 euro (il n'atteignait pas tout à fait les 20 pesos au mois d'août dernier).

La Prensa a choisi d'afficher son pessimisme dans son gros titre
En-dessous, l'inauguration par vidéoconférence depuis le Vatican
du siège social portègne de la fondation du Pape François pour l'éducation
(Scholas Occurrentes)
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Et c'est un Mauricio Macri avec de grosses poches sous les yeux qui a réuni, hier, une poignée de chefs d'entreprise dans la résidence présidentielle de Olivos pour leur demander leur soutien. D'après le gouvernement, ce soutien lui serait acquis. Mais comme le gouvernement prend un peu trop souvent ses désirs pour des réalités depuis quelques jours (au point d'affirmer, en dépit de tout ce que les Argentins peuvent observer en faisant leurs courses, que les prix au détail n'ont pas augmenté ces derniers temps), il est difficile d'ajouter foi sans réserve à cette déclaration rassurante, d'autant plus qu'une douzaine d'entrepreneurs, même présidents de leurs fédérations respectives, ne saurait représenter l'intégralité de la corporation dans un pays d'un peu plus de 40 millions d'habitants.

Le gros titre de La Nación est moins alarmiste
mais pas plus optimiste
(Malgré le dollar qui grimpe,
le gouvernement tâche d'insuffler de la tranquillité)
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A la conférence épiscopale, le président de la pastorale sociale a lui aussi pris position et dénoncé l'écart entre les pétitions de principe du gouvernement et les réalités qu'il observe sur le terrain. Il accuse même les ministres d'avoir emprunté aux évêques leur vocabulaire("como que nos hubieran robado el término") pour en habiller ou plutôt en travestir leur politique, qui dans les faits dégrade les conditions de vie des plus humbles... Et c'est dans La Nación qu'on lit cette information que l'on aurait plus volontiers attendue dans les colonnes de Página/12, le journal de l'opposition.

Hier, dans une banque de Buenos Aires
(dans la rue San Martín ou Florida,
à ce que me rappelle l'immeuble qui se reflète dans la vitre
et que l'on voit aussi à la une de La Prensa)
Photo Guadalupe Lombardi pour Página/12

Pour aller plus loin :
lire l'article de La Nación sur la prise de position de Monseigneur Jorge Lugones
lire l'article principal de La Prensa
lire l'éditorial (très sévère) de La Prensa, qui souligne, de façon assez sarcastique, l'incapacité dans laquelle s'est mis Mauricio Macri en deux ans et demi au pouvoir de susciter la confiance en économie
lire l'éditorial très ambigu de Clarín sur le recours au FMI (l'éditorialiste semble vouloir attaquer un peu tout le monde, comme le font les populistes, or, comme pour Clarín, les populistes c'est toujours les autres !)

Ajouts du 13 mai 2018 :
lire cet article de Página/12 sur le refus que les représentants des entrepreneurs et du patronat argentin aurait opposé au président lors de la réunion à Olivos
lire cet article de La Prensa, où le Premier ministre, Marcos Peña, tente une analyse de la crise en cours et expose ce que l'Argentine peut attendre du recours au FMI, une prise de parole entourée de tout un discours lénifiant du gouvernement, qui tâche de relancer la confiance à coup d'affirmations peu crédibles