La capture d'écran commentée sur Twitter par Daniel Filmus un ancien ténor de la kirchnérie, un politique toujours respecté à gauche |
A la veille de la fête du drapeau, le 20 juin,
aujourd’hui, on a appris hier, grâce à l’opposition
kirchneriste relayée par Página/12, qu’au Secrétariat d’État
à la culture, au niveau national, on ne connaissait plus sa
géographie. Cela l’a fiche mal pour un ministère ! Surtout
de la Culture ! Et en plus, la géographie en question se passe
au bout du bout de l’Atlantique sud. Aux Malouines, qu’une carte
publiée par le dit Secrétariat d’État a rebaptisées "Falklands". C'est un gros mot !
Mais comment
ont-ils fait leur compte, si l'on veut bien croire que ce n'était pas volontaire ? Il faut que, pour pondre leur infographie à la noix, ils soient allés faire un copier-coller d’une carte d’origine nord-américaine. Où vont loger les préjugés idéologiques
et le snobisme de cette caste politique azimutée ! L’Argentine a un super-institut
géographique national qui dresse des cartes de toute beauté. Ce
n’est tout de même pas compliqué d’aller chercher dans la
maison ce dont on a besoin avant d’aller le chercher chez le voisin ou, pire, d'aller l'acheter dans un hypermarché lointain...
Mais
il y a plus grave. En droit, cette carte viole la Constitution
argentine qui depuis 1853 affirme que les Malouines sont argentines,
ce qui est une vérité juridique. Cet archipel s’appelle donc Las
Malvinas depuis qu’elles sont passées légalement du domaine du
roi de France à celui du roi d’Espagne. En 1810, las Malvinas
étaient déjà argentines, elles dépendaient des autorités de la
province de Buenos Aires. Et elles sont restées argentines par la
suite puisque la Royal Navy s’en est emparé en janvier 1833 sans
aucune déclaration de guerre contre la Confédération Argentine
alors qu’elle avait reconnu l’indépendance du pays en 1824. Et
comme en 1833, la Grande-Bretagne faisait la pluie et le beau temps
dans tout le monde occidental et que lorsqu’on n’était pas
d’accord avec Londres, Londres envoyait sa flotte et réduisait par
la force le contentieux (1), tout le monde se l’est tenu pour dit
et les autres puissances européennes ont entériné le fait
accompli. Bien entendu, personne n’a demandé l’avis d’un pays
hors de l’Europe. Et puis quoi encore !
Dans
la réalité géo-politique, c’est une autre histoire puisque les
Britanniques qui habitent les îles depuis presque deux siècles sont
déterminés à rester britanniques, ne veulent pas entendre parler
de l’Argentine (encore moins depuis la guerre de 1982, cela se
comprend) et sont peu enclins à négocier quoi que ce soit avec qui que ce soit. Les
gouvernements successifs à Londres, du Labour ou du Conservative Party, ne sont pas plus ouverts. Et par-dessus le marché, il y
a du pétrole dans les eaux territoriales qui entourent les îles !
En
Argentine, lorsqu’on dresse une carte du pays, il est obligatoire
légalement d’y faire figurer les Malouines. D’ailleurs, c’est
bien ce qu’a fait Jimena Tello, qui a illustré mon recueil de
contes, Contes animaliers d’Argentine, paru aux Editions du Jasmin.
Un illustrateur français n’y aurait pas pensé !
Pour
en savoir plus :
(1)
Comme a rappelé récemment un journaliste britannique sur une chaîne
de la télévision publique française, les Brexiters pensent à tort
que la Grande-Bretagne a été un jour une grande puissance
commerciale. Elle ne l’a jamais été. Elle a été en revanche une
grande puissance militaire et quand un pays n’acceptait pas
d’ouvrir ses frontières à ses produits, elle envoyait l’armée
ou menaçait de le faire et elle s’est ainsi conquis de très
nombreux marchés. Ce qui est historiquement juste.