jeudi 20 juin 2019

Grosse gaffe du Secrétariat d’État à la culture [Actu]

La capture d'écran commentée sur Twitter par Daniel Filmus
un ancien ténor de la kirchnérie, un politique toujours respecté à gauche

A la veille de la fête du drapeau, le 20 juin, aujourd’hui, on a appris hier, grâce à l’opposition kirchneriste relayée par Página/12, qu’au Secrétariat d’État à la culture, au niveau national, on ne connaissait plus sa géographie. Cela l’a fiche mal pour un ministère ! Surtout de la Culture ! Et en plus, la géographie en question se passe au bout du bout de l’Atlantique sud. Aux Malouines, qu’une carte publiée par le dit Secrétariat d’État a rebaptisées "Falklands". C'est un gros mot !

Mais comment ont-ils fait leur compte, si l'on veut bien croire que ce n'était pas volontaire ? Il faut que, pour pondre leur infographie à la noix, ils soient allés faire un copier-coller d’une carte d’origine nord-américaine. Où vont loger les préjugés idéologiques et le snobisme de cette caste politique azimutée ! L’Argentine a un super-institut géographique national qui dresse des cartes de toute beauté. Ce n’est tout de même pas compliqué d’aller chercher dans la maison ce dont on a besoin avant d’aller le chercher chez le voisin ou, pire, d'aller l'acheter dans un hypermarché lointain...

Mais il y a plus grave. En droit, cette carte viole la Constitution argentine qui depuis 1853 affirme que les Malouines sont argentines, ce qui est une vérité juridique. Cet archipel s’appelle donc Las Malvinas depuis qu’elles sont passées légalement du domaine du roi de France à celui du roi d’Espagne. En 1810, las Malvinas étaient déjà argentines, elles dépendaient des autorités de la province de Buenos Aires. Et elles sont restées argentines par la suite puisque la Royal Navy s’en est emparé en janvier 1833 sans aucune déclaration de guerre contre la Confédération Argentine alors qu’elle avait reconnu l’indépendance du pays en 1824. Et comme en 1833, la Grande-Bretagne faisait la pluie et le beau temps dans tout le monde occidental et que lorsqu’on n’était pas d’accord avec Londres, Londres envoyait sa flotte et réduisait par la force le contentieux (1), tout le monde se l’est tenu pour dit et les autres puissances européennes ont entériné le fait accompli. Bien entendu, personne n’a demandé l’avis d’un pays hors de l’Europe. Et puis quoi encore !

Dans la réalité géo-politique, c’est une autre histoire puisque les Britanniques qui habitent les îles depuis presque deux siècles sont déterminés à rester britanniques, ne veulent pas entendre parler de l’Argentine (encore moins depuis la guerre de 1982, cela se comprend) et sont peu enclins à négocier quoi que ce soit avec qui que ce soit. Les gouvernements successifs à Londres, du Labour ou du Conservative Party, ne sont pas plus ouverts. Et par-dessus le marché, il y a du pétrole dans les eaux territoriales qui entourent les îles !

En Argentine, lorsqu’on dresse une carte du pays, il est obligatoire légalement d’y faire figurer les Malouines. D’ailleurs, c’est bien ce qu’a fait Jimena Tello, qui a illustré mon recueil de contes, Contes animaliers d’Argentine, paru aux Editions du Jasmin. Un illustrateur français n’y aurait pas pensé !

Pour en savoir plus :



(1) Comme a rappelé récemment un journaliste britannique sur une chaîne de la télévision publique française, les Brexiters pensent à tort que la Grande-Bretagne a été un jour une grande puissance commerciale. Elle ne l’a jamais été. Elle a été en revanche une grande puissance militaire et quand un pays n’acceptait pas d’ouvrir ses frontières à ses produits, elle envoyait l’armée ou menaçait de le faire et elle s’est ainsi conquis de très nombreux marchés. Ce qui est historiquement juste.