jeudi 16 décembre 2021

Comme le mois dernier, le seuil de pauvreté a un peu moins progressé que l’inflation [Actu]

"Une famille a besoin de presque 74.000 pesos
pour ne pas tomber dans la pauvreté", dit le gros titre en rouge
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Au mois de novembre, l’inflation en Argentine s’élevait en moyenne à 2,5 % selon le rapport que l’INDEC a publié il y a deux jours. Le même organisme public publiait le lendemain, selon son calendrier traditionnel, un autre rapport sur les seuils de pauvreté et d’indigence, calculés à partir de deux paniers de produits de première nécessité, alimentation et services pour le premier, alimentation sans service pour le second, à l’aide, dans les deux cas, de prix relevés uniquement à Buenos Aires et dans sa région, là où la densité de pauvreté est la plus forte.

Or ce rapport indique qu’au cours du mois, le seuil de pauvreté n’a augmenté que de 2,1 %, si l’on ose utiliser une formule restrictive à ce niveau de hausse générale.

Quant au seuil d’indigence, il a connu une hausse légèrement supérieure à celle de l’inflation : 2,6 %. Comme d’habitude, ce sont donc les plus pauvres qui trinquent davantage, comme le montrent les taux interannuels : 47,1 pour le panier de l’alimentation seule (indigence) contre 42,8 pour le panier complet (pauvreté), alors que l’inflation interannuelle s’élève à 51 ,2 % à la même date.

Synthèse générale pour les deux seuils
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Il est plus que probable que les mesures de gel des prix et de programmes de prix contenus appliqués à une large gamme de produits de première nécessité expliquent ces taux interannuels inférieurs à celui de l’inflation moyenne générale. Les plus précaires semblent donc, malgré les critiques virulentes de l’opposition depuis le début de la pandémie, bénéficier d’une politique gouvernementale qui, comme le laissait déjà entendre le récent rapport de l’Observatoire de la Dette Sociale de l’Université Catholique Argentine (voir mon article du 8 décembre 2021), les protège un peu d’une économie générale profondément déréglée pour la troisième fois depuis le retour de la démocratie.

Mais cette information n’intéresse aujourd’hui que médiocrement la presse qui ne prend guère la peine de la traiter. Seule La Prensa lui a réservé une place sur sa une.

© Denise Anne Clavilier

Pour aller plus loin :

lire l’article de La Nación qui a pris l’habitude depuis quelques mois d’illustrer l’information avec des graphiques originaux (par ailleurs inutiles puisque ceux de l’INDEC sont d’une parfaite lisibilité)