"Si moi, je pouvais disposer d'une Gestapo pour en finir avec les syndicats, je m'en servirais", cite le gros titre Cliquez sur l'image pour une meilleure résolution |
Marcelo Villegas était le ministre du Travail de la Province de Buenos Aires lorsque María Eugenia Vidal en était la gouverneure. De métier, c’est un avocat spécialisé dans le droit du travail.
Une vidéo vient d’être découverte : elle révèle que le 15 juin 2017, lors d’une réunion du ministère du travail avec des représentants du patronat des travaux publics, qui s’est tenue dans les locaux d’une banque publique, le Banco Provincia, à La Plata, la capitale provinciale, ce ministre avait ouvertement regretté de ne pas disposer « d’une Gestapo, une police violente, pour en finir avec tous les syndicats ».
Ces propos ont été tenus en pleine démocratie par un ministre d’un État fédéré constitutionnel, une province argentine. Ils ont été suivis par d’autres déclarations des mêmes représentants des pouvoirs publics provinciaux participant à la réunion : ils expliquent à leurs interlocuteurs qu’ils disposent d’une entente avec la justice, aux niveaux local et national, pour compromettre dans des affaires montées de toutes pièces les acteurs du secteur syndical des travaux publics afin de les écarter grâce à des condamnations judiciaires.
Cette vidéo a été découverte dans les archives du contre-espionnage argentin qui subit depuis la prise de fonction du président actuel un très long audit qui ne cesse de révéler les effarantes modalités gouvernementales de l’ancienne majorité de droite, placée sous l’autorité de l’ex-président Mauricio Macri. C’est au cours du même audit qu’ont été découvertes les écoutes illégales réalisées contre notamment les membres des familles des sous-mariniers du ARA San Juan, perdu en mer en cours de mission, qui font actuellement l’objet d’une instruction pénale dont Macri tente de s’extraire par tous les moyens.
Bien entendu, en ce lendemain de long week-end, cette information n’est relayée que par Página/12 qui incorpore dans son article les extraits de vidéo en question.
Pour
aller plus loin :
Ajouts du 28 décembre 2021 :
Le
gouvernement argentin porte
l’affaire devant les tribunaux et
cette fois-ci, La
Nación en dit un mot
pendant que Página/12
refait sa une sur le sujet.
Pour aller plus loin :
lire l’article
principal de Página/12
(ils sont plusieurs dans l’édition d’aujourd’hui)
lire l’article
de La
Nación
La une d'aujourd'hui met en relief le rôle joué par Macri dans la tentative d'éliminer les syndicats Cliquez sur l'image pour une meilleure résolution |
Ajouts du 29 décembre 2021 :
Le
Congrès s’empare de l’affaire et lance une commission bicamérale
pour enquêter sur les faits et gestes de certains fonctionnaires du
contre-espionnage (qui auraient agi de leur propre chef, prétendent
les hommes politiques de droite qui se risquent à tenter de
justifier l’injustifiable) et les agissements de deux magistrats
soupçonnés d’avoir initié les magouilles judiciaires destinées
à compromettre les syndicalistes.
Pour aller plus loin :
lire l’article
principal de Página/12
lire l’éditorial
de Página/12
dont l’illustration montre toute l’ampleur de l’ignorance
argentine sur ce qu’était vraiment la Gestapo (l’image est tirée
d’un film et montre un officier de la Wehrmacht et son chauffeur)
lire l’entrefilet
de La
Prensa
sur les excuses que devant
l’ampleur du scandale, et ce malgré l’été et les fêtes,
Marcelo Villegas s’est
résolu à présenter publiquement (il s’agit d’ailleurs plus
d’un déni lâche et cousu de fil blanc que d’excuses à
proprement parler)
lire l’article
de La
Nación
sur les commentaires du président après la publication des vidéos
Un gros titre qui n'a pas besoin de traduction Cliquez sur l'image pour une meilleure résolution |
Ajouts du 30 décembre 2021 :
La
justice ordonne des perquisitions à La Plata et à Buenos Aires.
Enquêtes journalistiques et instructions nourrissent déjà le
dossier et apportent des indices de l’implication de Mauricio Macri
dans les tentatives d’intimidation contre les syndicalistes. Ce
dernier semble avoir décidément fait un usage bien antidémocratique
des services de l’État. Une nouvelle inculpation ne surprendrait
personne dans les semaines à venir.
Pour aller plus loin :
lire l’article
principal de Página/12
lire l’article
de La Nación qui
dénonce enfin vraiment l’affaire, tout en s’efforçant d’en
sous-estimer l’ampleur et d’en faire porter la responsabilité
ultime à la majorité présidentielle qui radicaliserait le débat
partisan dans la démocratie argentine !
"La "Gestapo" est née dans le palais présidentiel", dit le gros titre Cliquez sur l'image pour une meilleure résolution |
Ajout du 31 décembre 2021 :
Pour en savoir plus :
lire l’article de Página/12
Ajout du 3 janvier 2022 :
lire
cet
article de Clarín qui analyse la situation politique
fâcheuse de María Eugenia Vidal après la découverte du scandale
impliquant au premier chef l’un de ses ministres.
Ajouts du 12 janvier 2022 :
La
procureure en charge de l’affaire a demandé l’inculpation de
María Eugenia Vidal dans le cadre de son mandat de gouverneure. Sur
le champs, on a pu observer des efforts de différentes personnalités
à droite pour faire dépayser l’instruction au bénéfice du
tribunal fédéral situé à Buenos Aires même (Comodoro Py), réputé
plus favorable à la droite que les autres tribunaux de même niveau
installés hors de la capitale fédérale. En l’occurrence, les
tribunaux compétents sont ceux du ressort territorial de la province
de Buenos Aires où les faits ont eu lieu.
Pour aller plus loin :
lire l’article
de Página/12
lire l’article
de La
Prensa
lire l’article
de Clarín