lundi 27 décembre 2021

Quand un ministre argentin se désolait de ne pas disposer d’une police politique contre les syndicats [Actu]

"Si moi, je pouvais disposer d'une Gestapo
pour en finir avec les syndicats, je m'en servirais", cite le gros titre
Cliquez sur l'image pour une meilleure résolution


Marcelo Villegas était le ministre du Travail de la Province de Buenos Aires lorsque María Eugenia Vidal en était la gouverneure. De métier, c’est un avocat spécialisé dans le droit du travail.

Une vidéo vient d’être découverte : elle révèle que le 15 juin 2017, lors d’une réunion du ministère du travail avec des représentants du patronat des travaux publics, qui s’est tenue dans les locaux d’une banque publique, le Banco Provincia, à La Plata, la capitale provinciale, ce ministre avait ouvertement regretté de ne pas disposer « d’une Gestapo, une police violente, pour en finir avec tous les syndicats ».

Ces propos ont été tenus en pleine démocratie par un ministre d’un État fédéré constitutionnel, une province argentine. Ils ont été suivis par d’autres déclarations des mêmes représentants des pouvoirs publics provinciaux participant à la réunion : ils expliquent à leurs interlocuteurs qu’ils disposent d’une entente avec la justice, aux niveaux local et national, pour compromettre dans des affaires montées de toutes pièces les acteurs du secteur syndical des travaux publics afin de les écarter grâce à des condamnations judiciaires.

Cette vidéo a été découverte dans les archives du contre-espionnage argentin qui subit depuis la prise de fonction du président actuel un très long audit qui ne cesse de révéler les effarantes modalités gouvernementales de l’ancienne majorité de droite, placée sous l’autorité de l’ex-président Mauricio Macri. C’est au cours du même audit qu’ont été découvertes les écoutes illégales réalisées contre notamment les membres des familles des sous-mariniers du ARA San Juan, perdu en mer en cours de mission, qui font actuellement l’objet d’une instruction pénale dont Macri tente de s’extraire par tous les moyens.

Bien entendu, en ce lendemain de long week-end, cette information n’est relayée que par Página/12 qui incorpore dans son article les extraits de vidéo en question.

© Denise Anne Clavilier

Pour aller plus loin :


Ajouts du 28 décembre 2021 :
Le gouvernement argentin
porte l’affaire devant les tribunaux et cette fois-ci, La Nación en dit un mot pendant que Página/12 refait sa une sur le sujet.
Pour aller plus loin :
lire l’article principal de Página/12 (ils sont plusieurs dans l’édition d’aujourd’hui)
lire l’article de La Nación

La une d'aujourd'hui met en relief
le rôle joué par Macri dans la tentative d'éliminer les syndicats
Cliquez sur l'image pour une meilleure résolution

Ajouts du 29 décembre 2021 :
Le Congrès s’empare de l’affaire et lance une commission bicamérale pour enquêter sur les faits et gestes de certains fonctionnaires du contre-espionnage (qui auraient agi de leur propre chef, prétendent les hommes politiques de droite qui se risquent à tenter de justifier l’injustifiable) et les agissements de deux magistrats soupçonnés d’avoir initié les magouilles judiciaires destinées à compromettre les syndicalistes.
Pour aller plus loin :
lire l’article principal de Página/12
lire l’éditorial de Página/12 dont l’illustration montre toute l’ampleur de l’ignorance argentine sur ce qu’était vraiment la Gestapo (l’image est tirée d’un film et montre un officier de la Wehrmacht et son chauffeur)
lire l’entrefilet de La Prensa sur les excuses que devant l’ampleur du scandale, et ce malgré l’été et les fêtes, Marcelo Villegas s’est résolu à présenter publiquement (il s’agit d’ailleurs plus d’un déni lâche et cousu de fil blanc que d’excuses à proprement parler)
lire l’article de La Nación sur les commentaires du président après la publication des vidéos

Un gros titre qui n'a pas besoin de traduction
Cliquez sur l'image pour une meilleure résolution

Ajouts du 30 décembre 2021 :
La justice ordonne des perquisitions à La Plata et à Buenos Aires. Enquêtes journalistiques et instructions nourrissent déjà le dossier et apportent des indices de l’implication de Mauricio Macri dans les tentatives d’intimidation contre les syndicalistes. Ce dernier semble avoir décidément fait un usage bien antidémocratique des services de l’État. Une nouvelle inculpation ne surprendrait personne dans les semaines à venir.
Pour aller plus loin :
lire l’article principal de Página/12
lire l’article de La Nación qui dénonce enfin vraiment l’affaire, tout en s’efforçant d’en sous-estimer l’ampleur et d’en faire porter la responsabilité ultime à la majorité présidentielle qui radicaliserait le débat partisan dans la démocratie argentine !

"La "Gestapo" est née dans le palais présidentiel", dit le gros titre
Cliquez sur l'image pour une meilleure résolution

Ajout du 31 décembre 2021 :

Les deux principales centrales syndicales se portent partie civile.
Pour en savoir plus :
lire l’article de Página/12

"Un plan systématique pour détruire les syndicats", dit le gros titre
reprenant les termes des constitutions de partie civile
Dans les jumelles de Macri, les sigles des deux organisations plaignantes
Cliquez sur l'image pour une meilleure résolution

Ajout du 3 janvier 2022 :
lire cet article de Clarín qui analyse la situation politique fâcheuse de María Eugenia Vidal après la découverte du scandale impliquant au premier chef l’un de ses ministres.

Ajouts du 12 janvier 2022 :
La procureure en charge de l’affaire a demandé l’inculpation de María Eugenia Vidal dans le cadre de son mandat de gouverneure. Sur le champs, on a pu observer des efforts de différentes personnalités à droite pour faire dépayser l’instruction au bénéfice du tribunal fédéral situé à Buenos Aires même (Comodoro Py), réputé plus favorable à la droite que les autres tribunaux de même niveau installés hors de la capitale fédérale. En l’occurrence, les tribunaux compétents sont ceux du ressort territorial de la province de Buenos Aires où les faits ont eu lieu.
Pour aller plus loin :
lire l’article de Página/12
lire l’article de La Prensa
lire l’article de Clarín