Hier, l’Argentine commémorait
le 48e anniversaire du coup d’État de Videla et
consorts qui a ouvert sept ans de la pire dictature subie par ce pays
qui en a connu plusieurs.
Les militants de l’opposition
et des droits de l’homme ont défilé dans les rues de toutes les
grandes villes dans des manifestations géantes comme on en avait peu
vues en quarante ans de démocratie.
De son côté, le gouvernement
n’a rien trouvé de mieux à faire en ce jour particulier que de
publier une vidéo ignoble qui met en scène trois ténors du
négationnisme des crimes contre l’humanité de la Junte et remet
donc en cause, d’une manière particulièrement vicieuse et
perverse, les chiffres officiels des victimes de la dictature, soit
trente mille adultes disparus et environ quatre cents enfants de
moins de cinq ans volés à leurs familles opposantes au régime.
Les journaux de droite (La
Prensa, Clarín, La Nación) hésitent entre d’un
côté la dénonciation de la démarche scandaleuse du gouvernement,
dont ils constatent qu’il fait tout pour semer les germes d’une
guerre civile dans le pays, et de l’autre leur combat traditionnel
contre ces commémorations d’une époque que la droite préférerait
ensevelir dans l’oubli, pour faire comme s’il ne s’était rien
passé, prétendant refermer sans bruit la parenthèse afin que tout
le monde reprenne sa vie sans jamais parler de rien. L’attitude
« secret de famille »… Devant l’affrontement
spectaculaire entre les militants du souvenir dans la rue et ce
gouvernement délibérément provocateur retranché dans la Casa
Rosada protégée hier comme un bunker, ces quotidiens voient bien
que quelque chose ne tourne pas rond. Ou plus exactement que le pays
est en train de filer un très mauvais cocon sous la présidence de
cet homme au comportement fasciste.
Favorable à la commémoration, à la recherche de la vérité historique et politique et à la condamnation pénale à la suite de procès légaux contre les responsables politiques, militaires et policiers des crimes du régime, Página/12 est quant à lui vent debout contre ce gouvernement, lequel ne prend plus aucune précaution ne serait-ce que pour faire au moins semblant de dissimuler son caractère agressif, anti-social et anti-démocratique.
Pour aller plus loin :
lire l’article de La Prensa sur les prises de positions des organisations des droits de l’homme
lire l’article de La Prensa sur la vidéo gouvernementale
lire l’article principal de Clarín
lire le seul article de La Nación disponible en ligne sur les manifestations d’hier.