Super-tournée de sandwich-saucisse pour plus de 100 personnes, dit le sous-titre de l'émission |
Une émission culinaire vieille de 15 ans a tiré sa révérence hier : la nouvelle direction (déjà démissionnaire par ailleurs) de TV Pública venait d’annoncer que Cocineros Argentinos ne serait plus produite au-delà du 31 mars. L’équipe a donc fait sa dernière hier puisqu’on entre aujourd’hui dans le grand week-end de la Semaine Sainte avec les jours fériés qui l’accompagnent et le dernier chassé-croisé touristique avant l’hiver austral.
Cette émission très sympathique
et un brin foutraque qui s’efforçait de rendre compte de la
variété de la cuisine de tout le pays et de mettre à l’honneur
les manifestations locales et les spécialités de chaque province a
eu un final exceptionnel : une centaine d’acteurs du secteur
et d’anciens du programme ont répondu à l’appel des animateurs
actuels.
"Nous faisons nos adieux à TV Pública" Cliquez sur l'image pour une meilleure résolution |
Sur leurs propres deniers, ils ont tous convergé vers le studio de Buenos Aires depuis Jujuy et la Terre de Feu, depuis La Pampa et les Andes, depuis Corrientes et Córdoba…
Pour le dernier numéro, il y avait de grands classiques de la gastronomie traditionnelle au menu : la tournée de sandwiches à la saucisse toute chaude sortie du barbecue (choripan) et un guiso federal (ragoût fédéral) géant aux légumineuses...
TV Pública semble promise à la privatisation même si rien n’est encore dit. Le gouvernement avait nommé un directeur qui n’a résisté que quelques semaines à toutes les pressions qui s’exerçaient sur lui et qui s’exerceront sans aucun doute sur son successeur, dont on attend de savoir qui il sera.
Et Cocineros
Argentinos n’est pas
la seule victime de cette opération de destruction patrimoniale
menée tambour battant par le nouveau président.
"Nous sommes tous des cuisiniers argentins" Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Les journaux télévisés ont disparu de la grille. De surcroît, on vient même d’apprendre que la télévision publique a supprimé l’émission hebdomadaire du culte musulman. Les musulmans constituent une très modeste minorité en Argentine où ils ne subissent pas de discrimination particulière dans ce pays sans passif ni passé avec le monde arabo-musulman, à ceci près que le président est un soutien inconditionnel d’Israël et surtout de Bibi Netanyahu et ses alliés extrémistes. Jusqu’à il y a quelques jours seulement, Mileí prétendait même transférer l’ambassade à Jérusalem mais il en sera pour ses frais s’il veut imposer au Sénat la nomination de son rabbin préféré comme ambassadeur (le type n’a aucune compétence pour tenir ce poste et il n’a pas encore réussi à recevoir l’adoubement obligatoire de la Chambre haute à laquelle une concession vient d’être faite : le renvoi sine die du transfert à Jérusalem).
Dans son désir (apparent) de mettre le feu à son pays et au-delà, Mileí vient de récolter l’expulsion de tous les diplomates argentins en poste à Bogotá. Il n’a rien trouvé de plus intelligent à faire il y a quelques jours que d’insulter pour une nouvelle fois son homologue colombien (le premier président de gauche du pays), qu’il a traité d’« assassin communiste » et dont la patience a des limites.
L’ambassadeur colombien vient d’être rappelé pour consultation auprès de son gouvernement.
L’Argentine file un très mauvais cocon.
Pour aller plus loin :
lire l’article de La Nación sur cette dernière émission
lire l’article de Clarín sur la suppression de El Cálamo, l’émission musulmane.