jeudi 7 mars 2024

La recherche et le cinéma argentins en danger, les malades aussi [Actu]

Página/12 fait son titre du jour avec une citation
d'une vulgarité finie du président, en l'illustrant
comme il se doit d'une porte de toilettes pour hommes
qui lui sont réservés (on reconnaît son allure distinguée)
En haut, à gauche : l'angoisse de l'industrie cinématographique
au centre : le scandale déclenché avant-hier par le président
qui est allé prononcer un discours anticommuniste primaire
dans l'école privée catholique où il avait fait ses études
et où il a laissé sans bouger deux adolescents s'évanouir
d'épuisement à ses côtés - pire, il en a plaisanté !
Les deux gamins présentaient les couleurs derrière lui
selon le protocole habituel argentin.
à droite : l'angoisse dans le monde scientifique
et la lettre ouverte des Prix Nobel
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L’inquiétude monte dans le monde scientifique, universitaire et artistique. Le président et ses sbires ne cachent pas leur intention d’en finir avec le financement public de ces secteurs qui ne peuvent pas exister sans cet appui et dont Javier Mileí ne cesse de dire qu’ils ne servent à rien.

C’est aussi parce que l’argent devrait être mieux employé que dès le début de son mandat, il a fait suspendre le système qui permettait à la sécurité sociale de prendre en charge le traitement des maladies graves qu’à moins de rouler sur l’or, un simple particulier ne peut pas s’acheter. C’est d’ailleurs pour cela que la sécurité sociale a été inventée. Jusqu’à présent, toute personne gravement malade et présente sur le sol argentin est prise en charge gratuitement par le système hospitalier qui délivre les médicaments ordonnés par un médecin. Depuis plusieurs semaines, les patients atteints de cancer ne reçoivent plus leur traitement. Les riches peuvent toujours partir aux Etats-Unis, au Canada ou en Europe pour ce faire soigner. La classe moyenne et les pauvres, non ! On attend, paraît-il, une réforme du système parce qu’il y aurait beaucoup de coulage dans l’organisation telle qu’elle fonctionnait. Comme le sait-il, au fait ? Il vient d’arriver aux manettes et il n’a pas même ordonné le moindre audit. En attendant le bon plaisir de Monsieur, les gens peuvent bien mourir ou risquer une perte de chance, le chef de l’État n’en a rien à cirer !

La une de l'édition de la province de Buenos Aires
Cet homme parle de son épouse, privée de son traitement
"Je ne demande qu'une chose : ne nous laissez pas mourir"
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En une, Página/12 annonce une lettre ouverte qui lui aurait été adressée par 68 scientifiques du monde entier, tous récipiendaires du Prix Nobel dans les disciplines les plus variées, pour plaider le maintien en l’état de la recherche publique qui a coûté beaucoup d’efforts pour être constituée et qui a apporté beaucoup au savoir de l’humanité. Bizarrement et contre ses habitudes, le quotidien n’accompagne pas son article du texte de cette lettre ni de la liste des signataires. Et bien entendu, il est le seul journal à en parler (mais ça, c’est fréquent).

Le même Página/12 est aussi le seul journal à se faire l’écho des inquiétudes du monde du cinéma devant les risques de voir disperser le patrimoine constitué : l’INCAA, l’institut national qui finance le cinéma et le soutient logistiquement, est menacé de fermeture. Sa salle historique, où il organise toutes ses manifestations à Buenos Aires, le Gaumont, serait bientôt vendue au plus offrant. Quant au Festival International du Film de Mar del Plata, il se verrait privé de tous ses financements publics nationaux. Or ce sont là le socle de ce Septième Art qui a gagné de nombreuses récompenses internationales ces dernières années, à Cannes, à Berlin, à Hollywood, à Venise, etc.

En photo centrale, l'un de deux adolescents
qui s'écroule derrière le président,
que ça laisse indifférent
En haut, à droite, sous le bandeau titre,
l'annonce de l'article sur le vote au Congrès
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Et pendant ce temps-là, les parlementaires, déjà grassement rémunérés selon une solide tradition argentine visiblement pas au bord d’être remise en cause, elle, viennent de s’accorder une augmentation de 30 % de leurs indemnités de mandat et de leurs budgets de fonctionnement. Or cela, tous les journaux le relèvent : c’est peu dire que dans une crise comme celle qui frappe l’Argentine et précipitent tant de membres de la classe moyenne dans une pauvreté noire, cette indécente décision attire l’attention de tous.

Au moins, on est sûr que ce genre de gros titre peut pousser les ventes.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article de Página/12 sur la lettre des Prix Nobel au président
lire l’article de Página/12 sur la mobilisation collective des chercheurs contre la réduction des budgets et du personnel administratif du CONICET (le centre de recherche scientifique et technologique)
lire l’article de Página/12 sur les plans en préparation contre le soutien au cinéma
lire l’article de Página/12 sur l’histoire particulière d’une patiente atteinte d’un cancer et privée de ses médicaments
lire l’entrefilet de Página/12 reprenant le témoignage d’un médecin oncologue sur ce sujet
lire l’article de Página/12 sur le vote d’hier au Congrès
lire l’article de La Prensa sur le vote du Congrès
lire l’article de Clarín sur le vote du Congrès
lire l’article de La Nación sur le vote du Congrès
lire l’article de La Nación sur la perte de pouvoir d’achat des salariés, qui est revenu au niveau où il était en 2005, quatre ans après la faillite de toute l’économie nationale. Et c’est La Nación qui le dit, pas une vulgaire feuille de chou péroniste !!!!!