L’inquiétude monte dans le monde scientifique, universitaire et artistique. Le président et ses sbires ne cachent pas leur intention d’en finir avec le financement public de ces secteurs qui ne peuvent pas exister sans cet appui et dont Javier Mileí ne cesse de dire qu’ils ne servent à rien.
C’est aussi parce que l’argent
devrait être mieux employé que dès le début de son mandat, il a
fait suspendre le système qui permettait à la sécurité sociale de
prendre en charge le traitement des maladies graves qu’à moins de
rouler sur l’or, un simple particulier ne peut pas s’acheter.
C’est d’ailleurs pour cela que la sécurité sociale a été
inventée. Jusqu’à présent, toute personne gravement malade et
présente sur le sol argentin est prise en charge gratuitement par le
système hospitalier qui délivre les médicaments ordonnés par un
médecin. Depuis plusieurs semaines, les patients atteints de cancer
ne reçoivent plus leur traitement. Les riches peuvent toujours
partir aux Etats-Unis, au Canada ou en Europe pour ce faire soigner.
La classe moyenne et les pauvres, non ! On attend, paraît-il,
une réforme du système parce qu’il y aurait beaucoup de coulage
dans l’organisation telle qu’elle fonctionnait. Comme le sait-il,
au fait ? Il vient d’arriver aux manettes et il n’a pas même
ordonné le moindre audit. En attendant le bon plaisir de Monsieur,
les gens peuvent bien mourir ou risquer une perte de chance, le chef
de l’État n’en a rien à cirer !
En une, Página/12 annonce une lettre ouverte qui lui aurait été adressée par 68 scientifiques du monde entier, tous récipiendaires du Prix Nobel dans les disciplines les plus variées, pour plaider le maintien en l’état de la recherche publique qui a coûté beaucoup d’efforts pour être constituée et qui a apporté beaucoup au savoir de l’humanité. Bizarrement et contre ses habitudes, le quotidien n’accompagne pas son article du texte de cette lettre ni de la liste des signataires. Et bien entendu, il est le seul journal à en parler (mais ça, c’est fréquent).
Le même Página/12 est
aussi le seul journal à se faire l’écho des inquiétudes du monde
du cinéma devant les risques de voir disperser le patrimoine
constitué : l’INCAA, l’institut national qui finance le
cinéma et le soutient logistiquement, est menacé de fermeture. Sa
salle historique, où il organise toutes ses manifestations à Buenos
Aires, le Gaumont, serait bientôt vendue au plus offrant. Quant au
Festival International du Film de Mar del Plata, il se verrait privé
de tous ses financements publics nationaux. Or ce sont là le socle
de ce Septième Art qui a gagné de nombreuses récompenses
internationales ces dernières années, à Cannes, à Berlin, à
Hollywood, à Venise, etc.
Et pendant ce temps-là, les parlementaires, déjà grassement rémunérés selon une solide tradition argentine visiblement pas au bord d’être remise en cause, elle, viennent de s’accorder une augmentation de 30 % de leurs indemnités de mandat et de leurs budgets de fonctionnement. Or cela, tous les journaux le relèvent : c’est peu dire que dans une crise comme celle qui frappe l’Argentine et précipitent tant de membres de la classe moyenne dans une pauvreté noire, cette indécente décision attire l’attention de tous.
Au moins, on est sûr que ce genre de gros titre peut pousser les ventes.
Pour aller plus loin :
lire l’article de Página/12 sur la mobilisation collective des chercheurs contre la réduction des budgets et du personnel administratif du CONICET (le centre de recherche scientifique et technologique)
lire l’article de Página/12 sur les plans en préparation contre le soutien au cinéma
lire l’article de Página/12 sur l’histoire particulière d’une patiente atteinte d’un cancer et privée de ses médicaments
lire l’entrefilet de Página/12 reprenant le témoignage d’un médecin oncologue sur ce sujet
lire l’article de La Prensa sur le vote du Congrès
lire l’article de La Nación sur le vote du Congrès