mardi 2 avril 2024

La loi de la jungle règne sur le mate [Actu]

"Ni yerba de ayer secandose al sol"
le gros titre est une citation de Enrique Santos Discépolo
(Célèbre tango Yira yira que j'ai intégré
dans Barrio de Tango, recueil bilingue de tangos argentins)
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Depuis hier, les prix dans le secteur de la yerba mate sont libres. L’Institut National de la Yerba Mate (INYM) ne peut plus fixer de prix plancher en-dessous duquel aucun industriel du secteur ne pouvait acheter la récolte de feuilles de cet arbre de la famille du houx dont les Argentins tirent une infusion qui est devenue un must de leur culture et de leur art de vivre, ainsi que de celui des Paraguayens, des Uruguayens, des Brésiliens dans l’extrême sud du pays et de nombreux Chiliens.

Cette régulation du prix depuis un peu plus de vingt ans avait permis à des petits producteurs de s’en sortir et de développer des produits originaux, de qualité supérieure. Toute une série de coopératives et de familles avaient fleuri dans le secteur, essentiellement dans les provinces de Corrientes et de Misiones.

C’est fini. Désormais, les producteurs seront à la merci des géants du marché qui les obligeront à vendre à vil prix la récolte s’ils ne la transforment pas eux-mêmes. Et ils pourront faire une guerre des prix aux producteurs-transformateurs de plus petite taille. Il est à craindre que de nombreuses marques disparaissent des rayons à plus ou moins longue échéance et que le bas de gamme gagne de la place dans les gondoles en même temps que les prix vont grimper à toute vitesse.

Clarín a préféré consacrer ses gros titres
à d'autres affaires mais le scandale
a droit à un appel d'article à droite
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De plus, il est peu probable que le reste de l’alimentation échappe à une forte dégradation du marché, à commencer par la viande et les produits laitiers, eu égard au fanatisme économique de ce gouvernement. C'est tout un patrimoine que le gouvernement refuse de protéger et de développer au bénéfice du profit de quelques grosses fortunes de l'agro-industrie !

Comme l’Uruguay dépend entièrement de la production argentine (et un tout petit peu de celle du Brésil), il y a fort à parier que cette décision se fera sentir aussi de l’autre côté du Río de la Plata.

© Denise Anne Clavilier


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