mercredi 6 août 2014

Une grand-mère comblée : Estela de Carlotto a retrouvé son petit-fils [Actu]


C'est la cent-quatorzième personne qui retrouve son identité familiale de naissance en Argentine après les rapts de bébé sous la dictature de 1976-1983. Il est un musicien, c'est un auteur-compositeur interprète de jazz, qui enseigne aussi au conservatoire et dirige l'école municipale de musique de Olivarría, une ville de la Province de Buenos Aires. On le connaît sous le nom de Ignacio Urban. A sa naissance, le 26 juin 1978, à l'hôpital militaire de Buenos Aires, où fonctionnait alors une maternité clandestine pour les prisonnières politiques, sa mère, Paula Carlotto Barnes lui avait donné le prénom de Guido. On sait désormais le nom réel de son père, un militant clandestin comme sa mère : c'est Walmir Oscar Montoya, lui aussi disparu sous la dictature.

C'est donc le petit-fils de la présidente de Abuelas de Plaza de Mayo qui a été identifié.

Hier, lors d'une grande conférence de presse, la grand-mère a elle-même annoncé la nouvelle.


Tous les amoureux de l'Argentine peuvent se réjouir aujourd'hui car Estela de Carlotto a beaucoup donné de sa personne pour cette cause. Toutes les grand-mères méritent de retrouver leurs petits-enfants mais quand c'est à elle que cela advient, c'est un peu à tous les Argentins de bonne foi aussi tant elle a su incarner ce combat et lui donner un visage avenant et pacifique.

C'est le grand sujet de Página/12 aujourd'hui avec une multitude d'article, sur la grand-mère, sur le petit-fils, qui se posait des questions depuis plusieurs années et a fait le premier pas en juin dernier, sur la tante, Claudia Carlotto, qui est à la tête de la Commission nationale pour le Droit à l'Identité (CONADI) et qui, à ce titre, a eu à annoncer hier la nouvelle à son neveu, comme elle le fait pour toutes les personnes qui se sont manifestées spontanément chez Abuelas, à cette seule différence qu'il a fallu opérer par téléphone à cause des fuites immédiates qui se sont produites au tribunal, d'où la nouvelle a été lancée à la presse et au public avec tous les détails qui d'habitude sont gardés confidentiels pour permettre à la personne identifiée de prendre les choses à son rythme et selon ses besoins psychiques.


Comme il est musicien, il s'était rapproché du programme culturel de Abuelas Música para la Identidad, pour lequel il a écrit au moins une chanson, le 24 mars dernier. Il a été recueilli par des personnes de bonne foi qui n'avaient rien à voir avec le régime répressif de la dictature. Il a donc été élevé dans des idées qui ne le tiennent pas opposé à sa famille, comme cela arrive parfois lorsque les enfants ont été adoptés (frauduleusement) par des sbires de la Junte.

Mais ce n'est pas comme d'ordinaire que Página/12 qui fait la fête aujourd'hui. Toute la presse est au diapason. Et la Présidente a bien entendu félicité officiellement (et de façon privée aussi) Abuelas. Et elle a pleuré lorsqu'elle a su, en appelant le siège d'Abuelas, que la nouvelle, qui courait déjà dans tous les médias, était exacte.

Pour en savoir plus :
lire l'article où La Nación voit -enfin- en Estela de Carlotto un symbole de la Justice
lire l'article principal de La Prensa, dont la une n'est pas disponible.