samedi 30 août 2014

Présentation de mes travaux sur San Martín à Mendoza, pour le Bicentenaire [Chroniques de Buenos Aires... et d'ailleurs]



Du 10 au 14 septembre 2014, je serai à Mendoza, la capitale de la Province homonyme, pour y présenter, dans un cadre académique prestigieux et au pied de sommets sans doute fort impressionnants, mes travaux de recherche sur le général José de San Martín, Père de la Patrie argentine et co-fondateur, avec Manuel Belgrano, des valeurs des droits de l'Homme dans ce pays (sans parler du Chili et du Pérou).

Mendoza fête actuellement et pendant deux ans le Bicentenaire de son gouvernorat de la Province de Cuyo, qui fut plus tard éclatée en trois provinces, Mendoza, San Luis et San Juan, entre 1814 et 1816. Ceux d'entre vous qui ont lu San Martín à rebours des conquistadors, que j'ai publié en décembre 2012 aux Editions du Jasmin, ou qui sont Sud-Américains, savent que c'est de cette région enclavée et alors indigente qu'il a organisé la plus ample opération militaro-politique de l'émancipation du continent, la traversée des Andes, pour aller libérer le Chili, retombé en octobre 1814 aux mains des contre-révolutionnaires opposés à l'indépendance des pays américains.

Ce que San Martín a réalisé dans cette Province qui occupe le flanc andin du Cône Bleu y a laissé un souvenir puissant jusqu'à nos jours. Vous en trouverez un résumé magistral dans la lettre que le Cabildo de Mendoza avait adressée au gouvernement central en 1816 et que j'avais publiée et traduite dans ces colonnes le 6 novembre 2012.

Ce vaste congrès universitaire et mémoriel est co-organisé à el Espacio Cultural Julio Le Parc, par el Instituto Nacional Sanmartiniano (site Web) et la Province de Mendoza (site Web du Ministère mendocin de la Culture). El INS est un organisme fondé par un historien qui était venu faire sa thèse à Paris, en Sorbonne (je l'ai retrouvée dans les archives - très émouvant), José Pacífico Otero, dans le but de créer une sorte de temple dédié à la mémoire de San Martín. Il est longtemps resté un cercle hermétique, hyper-institutionnel, formel, amphigourique, compassé (il en reste encore des traces) et surtout quasi-religieux, avec à sa tête bien souvent des généraux sans compétence particulière en histoire. Mais depuis quelques années, l'Institut se transforme, à une vitesse grand V, en un authentique centre de recherche et d'animation culturelle consacré à la vie, à l'œuvre et au contexte historique de San Martín, avec expositions (il y en a une actuellement, petite et bien faite), accords-cadre avec des acteurs de la vie sociale (universités, Provinces, syndicats...), tandis qu'un autre institut de même nature s'occupe de l'autre personnage historique fondateur, Manuel Belgrano.

L'INS a son siège à Palermo, sur Plaza Grand-Bourg, dans le coin dont l'urbanisme est le plus authentiquement parisien (ce qui n'est pas le cas de Avenida de Mayo qui postule au titre pourtant). J'ai d'ailleurs eu l'occasion de vous l'expliquer dans le programme du séjour culturel que je vous propose à Buenos Aires, avec l'agence de voyage solidaire et équitable Human Trip.
L'INS assure la direction universitaire du congrès, accorde leurs accréditations aux conférenciers et organise le programme de la manifestation. L'INS a voulu sur ces quatre jours offrir deux espaces différents, un espace universitaire réservé à la prise de parole des chercheurs confirmés et un espace participatif ouvert aux historiens amateurs, aux enseignants du primaire et du secondaire, aux associations, aux enfants et aux adolescents, aux artistes, pour des projets originaux, didactiques, théâtraux, radiophoniques ou cinématographiques...

Pour ma part, j'interviendrai à deux reprises, successivement dans l'un et l'autre espaces, pour exposer mes apports à la documentation sanmartinienne grâce aux trouvailles que j'ai eu la chance de faire en langue française (Gazette de Lausanne, Voyages autour du Monde et L'Investigateur, dont je vous parlais dans un article du 4 mai dernier) et pour parler des problématiques propres à la présentation de ce personnage historique dans le monde francophone européen qui ignore encore jusqu'à son nom. Je présenterai mes deux livres, la biographie et l'anthologie de documents historiques.

C'est la raison pour laquelle depuis lundi dernier, j'ai mis ce blog en sommeil pharmacologique, car mes deux communications devront donner lieu à publication, avec celles de tous les orateurs inscrits, sans doute en 2015, dans les actes du congrès et, avant de les publier, comme dirait monsieur de La Palisse, il faut d'abord les écrire et cela ne se fait pas tout seul, même en Argentine. Qui plus est, il faut aussi organiser le voyage (1000 km en car, tout confort je vous rassure !) et assurer le service minimum ici dans la capitale, être présente à deux ou trois moments-clés, comme mercredi dernier la fête pour les cent ans de Zita de Troilo organisée à la Academia Nacional del Tango par ses petits-enfants et neveux que je connais et qui sont des amis (chers et émus !), le Plenario d'après-demain qui sera consacré au tango pour les enfants... Le reste de mes sorties pour la semaine n'est pas encore fixée, à part bien entendu ma propre conférence avec Fabiana Mastrangelo, une historienne de l'Université San Martín de Cuyo (Mendoza), avec le patronage de la Casa de Mendoza, mardi soir au CCC Floreal Gorini, qui sera suivie de l'enregistrement d'un reportage de La Lupa y el Lapiz, une émission de la radio en ligne Red Digital Argentina 365 et plus tard, jeudi, l'enregistrement des deux interviews annuelles à RAE, l'une en français avec Magdalena Arnoux, l'autre en espagnol avec Leonardo Liberman et un entretien préparatoire à Mendoza avec le président de l'INS (une journée bien occupée).

Nul doute qu'à mon retour en France, j'aurai fait quelques provisions d'idées mendocines pour Human Trip. C'est qu'il y a de quoi faire avec les routes du vin, celles de l'huile d'olive et bien entendu les Rutas Sanmartinianas, les cinq pistes empruntées par l'Armée des Andes à travers les montagnes et qui font la gloire de cette région, que les Argentins appellent aussi la Méditerranée, parce qu'elle se situe en plein milieu des terres !

Alors quittons-nous en musique (à défaut d'un verre de malbec rouge).
Cuyo est la patrie de la tonada et d'un groupe vocal, los Trovadores de Cuyo, qui viennent de renouveler leurs effectifs du tout au tout et qui ont créé, il y a bien longtemps, cet hymne sanmartinien gentiment bègue qu'est Los sesentas granaderos, une cueca de Hilario Cuadros, qui s'est inspiré, pour écrire ce joli texte, d'un épisode de l'épopée cuyaine de San Martín que je vous laisse découvrir dans sa biographie (aux pages consacrées à l'été 1820). C'est pour cela que je l'ai écrite : pour que vous découvriez le bonhomme !

Los Trobadores de Cuyo, troupe historique
sur des images de films avec une vision cuyaine de l'épopée
et les paysages, ce qui ne gâche rien.


Ante el Cris, ante el Cristo Redentor
se arrodi, se arrodillaba un arriero
y roga, y rogaba por las almas
de los bra, de los bravos granaderos

Devant le Christ Rédempteur,
un bouvier s'agenouillait
et il priait pour les âmes
des braves grenadiers (1)
(Traduction Denise Anne Clavilier)



(1) Soixante hommes triés sur le volet et qui avec courage et dévouement prirent la route de la montagne, en secret, pour sauver la vie de leur général et le mettre à l'abri, du côté chilien.