Du 10 au 14 septembre 2014, je serai à Mendoza, la capitale de la Province homonyme, pour y présenter, dans un cadre académique prestigieux et au pied de sommets sans doute fort impressionnants, mes travaux de recherche sur le général José de San Martín, Père de la Patrie argentine et co-fondateur, avec Manuel Belgrano, des valeurs des droits de l'Homme dans ce pays (sans parler du Chili et du Pérou).
Mendoza fête actuellement et pendant
deux ans le Bicentenaire de son gouvernorat de la Province de Cuyo,
qui fut plus tard éclatée en trois provinces, Mendoza, San Luis et
San Juan, entre 1814 et 1816. Ceux d'entre vous qui ont lu San Martín
à rebours des conquistadors, que j'ai publié en décembre 2012 aux
Editions du Jasmin, ou qui sont Sud-Américains, savent que c'est de
cette région enclavée et alors indigente qu'il a organisé la plus
ample opération militaro-politique de l'émancipation du continent,
la traversée des Andes, pour aller libérer le Chili, retombé en
octobre 1814 aux mains des contre-révolutionnaires opposés à
l'indépendance des pays américains.
Ce que San Martín
a réalisé dans cette Province qui occupe le flanc andin du Cône
Bleu y a laissé un souvenir puissant jusqu'à nos jours. Vous en
trouverez un résumé magistral dans la lettre que le Cabildo de
Mendoza avait adressée au gouvernement central en 1816 et que
j'avais publiée et traduite dans ces colonnes le 6 novembre 2012.
Ce vaste congrès universitaire et
mémoriel est co-organisé à el Espacio Cultural Julio Le Parc, par
el Instituto Nacional Sanmartiniano (site Web) et la Province de Mendoza (site Web du Ministère mendocin de la Culture). El INS
est un organisme fondé par un historien qui était venu faire sa
thèse à Paris, en Sorbonne (je l'ai retrouvée dans les archives -
très émouvant), José Pacífico
Otero, dans le but de créer une sorte de temple dédié à la
mémoire de San Martín.
Il est longtemps resté un cercle hermétique, hyper-institutionnel, formel, amphigourique, compassé (il en reste encore des traces) et surtout quasi-religieux, avec à sa tête bien souvent des généraux sans
compétence particulière en histoire. Mais depuis quelques années,
l'Institut se transforme, à une vitesse grand V, en un authentique
centre de recherche et d'animation culturelle consacré à la vie, à
l'œuvre et au contexte historique de
San Martín, avec
expositions (il y en a une actuellement, petite et bien faite), accords-cadre avec des acteurs de la vie sociale
(universités, Provinces, syndicats...), tandis qu'un autre institut
de même nature s'occupe de l'autre personnage historique fondateur,
Manuel Belgrano.
L'INS a son siège à Palermo, sur
Plaza Grand-Bourg, dans le coin dont l'urbanisme est le plus authentiquement parisien (ce qui n'est pas le cas de Avenida de Mayo qui postule au titre pourtant). J'ai d'ailleurs eu l'occasion de vous l'expliquer dans le programme du séjour culturel que je vous propose à Buenos Aires,
avec l'agence de voyage solidaire et équitable Human Trip.
L'INS assure la direction universitaire
du congrès, accorde leurs accréditations aux conférenciers et
organise le programme de la manifestation. L'INS a voulu sur ces quatre
jours offrir deux espaces différents, un espace universitaire
réservé à la prise de parole des chercheurs confirmés et un
espace participatif ouvert aux historiens amateurs, aux enseignants
du primaire et du secondaire, aux associations, aux enfants et aux
adolescents, aux artistes, pour des projets originaux, didactiques,
théâtraux, radiophoniques ou cinématographiques...
Pour ma part, j'interviendrai à deux
reprises, successivement dans l'un et l'autre espaces, pour exposer
mes apports à la documentation sanmartinienne grâce aux trouvailles
que j'ai eu la chance de faire en langue française (Gazette de
Lausanne, Voyages autour du Monde et L'Investigateur, dont je vous
parlais dans un article du 4 mai dernier) et pour parler des
problématiques propres à la présentation de ce personnage
historique dans le monde francophone européen qui ignore encore
jusqu'à son nom. Je présenterai mes deux livres, la biographie et l'anthologie de documents historiques.
C'est la raison pour laquelle depuis
lundi dernier, j'ai mis ce blog en sommeil pharmacologique, car mes deux
communications devront donner lieu à publication, avec celles
de tous les orateurs inscrits, sans doute en 2015, dans les actes du
congrès et, avant de les publier, comme dirait monsieur de La
Palisse, il faut d'abord les écrire et cela ne se fait pas tout
seul, même en Argentine. Qui plus est, il faut aussi organiser le
voyage (1000 km en car, tout confort je vous rassure !) et assurer le service minimum ici dans
la capitale, être présente à deux ou trois moments-clés, comme
mercredi dernier la fête pour les cent ans de Zita de Troilo
organisée à la Academia Nacional del Tango par ses petits-enfants
et neveux que je connais et qui sont des amis (chers et émus !), le
Plenario d'après-demain qui sera consacré au tango pour les
enfants... Le reste de mes sorties pour la semaine n'est pas encore
fixée, à part bien entendu ma propre conférence avec Fabiana
Mastrangelo, une historienne de l'Université San Martín
de Cuyo (Mendoza), avec le patronage de la Casa de Mendoza, mardi
soir au CCC Floreal Gorini, qui sera suivie de l'enregistrement d'un reportage de La Lupa y el Lapiz, une émission de la radio en ligne Red Digital Argentina 365 et plus tard, jeudi, l'enregistrement des deux interviews annuelles à RAE, l'une en français avec Magdalena Arnoux, l'autre en espagnol avec Leonardo Liberman et un entretien préparatoire à Mendoza avec le président de l'INS (une journée bien occupée).
Nul doute qu'à mon retour en France,
j'aurai fait quelques provisions d'idées mendocines pour Human Trip. C'est qu'il y a de quoi faire avec les routes du vin, celles de l'huile
d'olive et bien entendu les Rutas Sanmartinianas, les cinq pistes
empruntées par l'Armée des Andes à travers les montagnes et qui
font la gloire de cette région, que les Argentins appellent aussi la
Méditerranée, parce qu'elle se situe en plein milieu des terres !
Alors quittons-nous en musique (à
défaut d'un verre de malbec rouge).
Cuyo est la patrie de la tonada et d'un
groupe vocal, los Trovadores de Cuyo, qui viennent de renouveler
leurs effectifs du tout au tout et qui ont créé, il y a bien
longtemps, cet hymne sanmartinien gentiment bègue qu'est Los
sesentas granaderos, une cueca de Hilario Cuadros, qui s'est inspiré,
pour écrire ce joli texte, d'un épisode de l'épopée cuyaine de
San Martín que je vous
laisse découvrir dans sa biographie (aux pages consacrées à l'été 1820). C'est pour
cela que je l'ai écrite : pour que vous découvriez le bonhomme !
Los Trobadores de Cuyo, troupe historique
sur des images de films avec une vision cuyaine de l'épopée
et les paysages, ce qui ne gâche rien.
Ante el Cris, ante el Cristo Redentor
se arrodi, se arrodillaba un arriero
y roga, y rogaba por las almas
de los bra, de los bravos granaderos
Devant le Christ Rédempteur,
un bouvier s'agenouillait
et il priait pour les âmes
des braves grenadiers (1)
(Traduction Denise Anne Clavilier)
(1) Soixante hommes triés sur le volet
et qui avec courage et dévouement prirent la route de la montagne,
en secret, pour sauver la vie de leur général et le mettre à
l'abri, du côté chilien.