mardi 19 mars 2019

La reine et le président... en campagne [Actu]

En gros titre : "Visite royale"
En dessous, commémoration de l'attentat contre l'ambassade d'Israël il y a 17 ans
A gauche : "Le fléau de la corruption" [dans le monde]
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Depuis dimanche, la reine du Danemark, Margrethe II, est en visite d’État en Argentine. C’est la première fois qu’un souverain danois visite le pays à ce niveau diplomatique. Le président Mauricio Macri, dont le résultat électoral à la fin de l’année est menacé et qui fait feu de tout bois (1) pour raviver son image, a mis les petits plats dans les grands.

Dîner d'Etat hier dans les soubassements de l'ancienne forteresse San Miguel
Photo Emmanuel Fernández

Le Museo de la Casa Rosada, installé depuis 2010 dans les vestiges de la forteresse coloniale de Buenos Aires et le bâtiment de la douane de la fin du 19ème siècle, une vraie merveille pour tous les passionnés d'histoire, a été privatisé pour un déjeuner auquel ont pris part, à la table d'honneur, le président, son épouse, toujours très élégante, la vice-présidente et les deux ministres des Affaires étrangères.

La reine et son fils aîné devant le vieux port de Buenos Aires
sans doute sur les toits de l'ambassade
Photo Ambassade du Danemark en Argentine

La Prensa a mis l’événement à sa une de ce matin.

Une autre chanson !!!
Christine Lagarde en Gauchito Gil avec ses bougies votives rouges
pour les situations désespérées
(voir à ce sujet mon article du 10 janvier 2019)
En gros titre : "Contributions de campagne"
Sur la campagne électorale 2015, il y a des suspicions graves
de contributions illégales en faveur du parti présidentiel
dans la province de Buenos Aires. Petit clin d'œil vachard en passant !

En revanche, Página/12 s’en contrefiche complètement et snobe l'événement. Le journal de gauche met l’accent sur tous les symptômes de crise économique qui affectent le pays : manifestation de chercheurs scientifiques devant le siège social du Conicet (centre national de recherche et de technologie), manifestation des livreurs dépendant des plateformes du Web qui violent systématiquement le droit du travail là-bas comme ici, décision du FMI de lâcher un peu de lest pour aider le gouvernement argentin (qui a ouvertement sa préférence pour les élections générales d’octobre) à réalimenter le système des aides sociales…

Les mots d'ordre des chercheurs scientifiques
"Panier de base en janvier : 26.500 pesos argentins
Allocation doctorale du Conicet en février : 23.700 pesos argentins
Notre salaire ne nous suffit pas"

Pour en savoir plus :
lire l’article de La Prensa sur la réception principale de la visite d’État
lire l’article de Clarín sur le même sujet
lire l’article de La Nación sur le modèle économique danois qui privilégie les systèmes durables et écologiques (éoliennes et agriculture bio) et dont l’Argentine pourrait s’inspirer (c’est vrai que ça ferait du bien aux Argentins !)
lire l’article de Página/12 sur les nouvelles dispositions du FMI
lire l’entrefilet de Página/12 sur la situation économique des chercheurs où un doctorant (souvent en pleine vie active, que les chercheurs intègrent après la licence) touche une allocation plus basse que le coût du panier de base (ensemble des dépenses indispensables pour mois calculé par l’institut national de statistiques)
lire l’entrefilet de Página/12 sur les violations du droit du travail par les plateformes qui emploient les livreurs soi-disant indépendants mais en fait dépouillés de toute la protection sociale qui existe en Argentine (à un niveau très inférieur à ce qui existe en Europe occidentale)



(1) Il y a quelques jours, le président a même osé accuser son père d’avoir commis des délits pour se distancier de sa réputation d’homme d’affaires héritier de son papa. Or son père est décédé il y a quinze jours à 88 ans après un déclin très net de sa santé depuis quelques mois. L’avocat du défunt n’a pas tardé à répondre en révélant que depuis de nombreuses années, Franco Macri s’était retiré des affaires et que tous les délits imputés au groupe familial ont été commis alors que Mauricio Macri en exerçait la gouvernance avec son frère. Cela fait beaucoup jaser, à droite et à gauche.