Depuis dimanche, la reine du Danemark, Margrethe II, est en visite d’État en
Argentine. C’est la première fois qu’un souverain danois visite
le pays à ce niveau diplomatique. Le président Mauricio Macri, dont
le résultat électoral à la fin de l’année est menacé et qui
fait feu de tout bois (1) pour raviver son image, a mis les petits
plats dans les grands.
Dîner d'Etat hier dans les soubassements de l'ancienne forteresse San Miguel Photo Emmanuel Fernández |
Le Museo de la Casa
Rosada, installé depuis 2010 dans les vestiges de la forteresse
coloniale de Buenos Aires et le bâtiment de la douane de la fin du
19ème siècle, une vraie merveille pour tous les passionnés d'histoire, a été privatisé
pour un déjeuner auquel ont pris part, à la table d'honneur, le président, son épouse,
toujours très élégante, la vice-présidente et les deux ministres
des Affaires étrangères.
La reine et son fils aîné devant le vieux port de Buenos Aires sans doute sur les toits de l'ambassade Photo Ambassade du Danemark en Argentine |
La Prensa a mis
l’événement à sa une de ce matin.
Une autre chanson !!! Christine Lagarde en Gauchito Gil avec ses bougies votives rouges pour les situations désespérées (voir à ce sujet mon article du 10 janvier 2019) En gros titre : "Contributions de campagne" Sur la campagne électorale 2015, il y a des suspicions graves de contributions illégales en faveur du parti présidentiel dans la province de Buenos Aires. Petit clin d'œil vachard en passant ! |
En revanche, Página/12
s’en contrefiche complètement et snobe l'événement. Le journal de gauche met l’accent sur tous les symptômes de crise
économique qui affectent le pays : manifestation de chercheurs
scientifiques devant le siège social du Conicet (centre national de
recherche et de technologie), manifestation des livreurs dépendant des plateformes du Web qui violent systématiquement le droit du travail là-bas
comme ici, décision du FMI de lâcher un peu de lest pour aider le
gouvernement argentin (qui a ouvertement sa préférence pour les
élections générales d’octobre) à réalimenter le système des aides
sociales…
Les mots d'ordre des chercheurs scientifiques "Panier de base en janvier : 26.500 pesos argentins Allocation doctorale du Conicet en février : 23.700 pesos argentins Notre salaire ne nous suffit pas" |
Pour en savoir plus :
lire l’article de La Prensa sur la réception principale de la visite d’État
lire l’article de Clarín sur le même sujet
lire l’article de La Nación sur le modèle économique danois qui privilégie les
systèmes durables et écologiques (éoliennes et agriculture bio) et dont l’Argentine pourrait
s’inspirer (c’est vrai que ça ferait du bien aux Argentins !)
lire l’article de Página/12 sur les nouvelles dispositions du FMI
lire l’entrefilet de Página/12 sur la situation économique des chercheurs où un doctorant (souvent en pleine vie active, que les chercheurs intègrent après la licence) touche une allocation plus basse que le coût du panier de
base (ensemble des dépenses indispensables pour mois calculé par
l’institut national de statistiques)
lire l’entrefilet de Página/12 sur les violations du droit du travail par les plateformes qui emploient les livreurs soi-disant indépendants mais en fait
dépouillés de toute la protection sociale qui existe en Argentine
(à un niveau très inférieur à ce qui existe en Europe
occidentale)
(1) Il y a quelques
jours, le président a même osé accuser son père d’avoir commis
des délits pour se distancier de sa réputation d’homme d’affaires
héritier de son papa. Or son père est décédé il y a quinze
jours à 88 ans après un déclin très net de sa santé depuis quelques mois. L’avocat du défunt n’a pas tardé à répondre en
révélant que depuis de nombreuses années, Franco Macri s’était
retiré des affaires et que tous les délits imputés au groupe familial ont été
commis alors que Mauricio Macri en exerçait la gouvernance avec son frère. Cela fait beaucoup jaser, à droite et à gauche.