Ce n’est pas un jeu, tout le monde est d’accord
là-dessus. Mais il y a des règles tout de même, en démocratie. Et
parmi ces règles, l’impartialité de la justice ou, au
moins, sa capacité à prendre des décisions sans chercher à plaire
au gouvernement tient une place primordiale. Et c’est là que ça coince depuis avant-hier en
Argentine, où le pouvoir et ses alliés ne digèrent pas la décision
de la Cour Suprême de demander un complément d’enquête sur le
dossier de Cristina Kirchner et de quelques uns de ses ministres dans
une affaire de travaux publics avec dessous-de-table.
"La Cour indigne", dénonce le gros titre avec des grosses ficelles fond rouge et... photo du chef de l'Etat ! Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Depuis
que la décision est connue, présidents, ministres et députés de
la coalition rivalisent de petites phrases assassines à l’endroit
des juges, des inculpés ou de leurs défenseurs. Spectacle pitoyable
après une chute présidentielle abyssale dans les sondages et huit
défaites de la majorité dans diverses élections locales, où
certaines provinces ont déjà élu leur nouveau gouverneur ou
organisé les PASO (primaires obligatoires) locales, dont la
dernière, dimanche, a été retentissante (le gouverneur de
l’opposition nationale a été élu à près de 55 % dès le
premier tour). La situation est si dangereuse que plusieurs caciques
de la majorité envisagent sérieusement et publiquement que Mauricio Macri
soit obligé de renoncer à se présenter ou doive participer aux
PASO en ayant des concurrents de Cambiemos, sa coalition électorale
puis de gouvernement.
A
la une de Página/12, le duo humoristique Daniel Paz (dessin) et Rudy
(texte) se régale de ces déclarations violentes et assez cyniques
(tant elles trahissent l’acharnement de la majorité sur l’ancienne
présidente et les siens) et cela donne une vignette qui exagère à
peine.
Toute la presse commente ce dernier avatar de la campagne électorale et c’est peu dire que les journaux de droite sont remontés contre la Cour qui a sans doute ouvert la course électorale à Cristina, qui aurait eu du mal à se présenter si elle avait dû en même temps comparaître devant un tribunal, comparution qui, dans l’état, n’est que reportée à plus tard et certainement pas annulée.
Pour
aller plus loin :
lire
l’article de Clarín