jeudi 12 septembre 2019

Les circuits alternatifs se développent [Actu]

Foire de l'économie populaire, samedi dernier, à La Boca

Devant la crise économique qui fait fondre le pouvoir d’achat des Argentins, ceux-ci s’organisent avec le sens du système D qui les caractérise : des circuits de distribution solidaire se montent dans plusieurs zones, à Buenos Aires et dans sa proche et grande banlieue, où se concentre la majorité de la population du pays.

Un panier alimentaire de base à 300 pesos argentins

Le circuit solidaire Me.Co.Po (Mercado de Consumo Popular), créé en 2016 comme réponse associative à la politique néolibérale du Pro (parti majoritaire de l’alliance de gouvernement Cambiemos aujourd’hui au pouvoir), connaît un certain succès depuis le 12 août, lendemain cataclysmique des élections qui ont laissé deviner qu’il va y avoir alternance au pouvoir à Buenos Aires le 10 décembre prochain (voir mes précédents articles sur le sujet).

Le vendredi 6 septembre, Página/12 en a fait sa une.


Hier, le circuit, qui dispose d’une page Facebook, proposait un panier de 10 produits de base pour le prix modique de 300 pesos (divisez par 61 environ pour avoir le montant en euros) : des pâtes sèches, de la farine, des lentilles, de la mayonnaise (très appréciée dans les sandwichs et avec des légumes pour faire une salade russe), de l’huile de tournesol, du maïs sec (à faire tremper et à cuire à l’eau ou à la vapeur), de la sauce tomate, du riz et du lait entier. Au prix actuel, ça peut monter à 1000 euros dans un supermarché conventionnel. En matière d’épicerie sèche, il manque encore la yerba mate, le café ou le thé… Sans parler de la confiture et du dulce de leche, qui font partie de la diète ordinaire de l’Argentin moyen.


La journaliste : Les gens souffrent de la faim.
Durán Barba (conseiller ultra-libéral de Mauricio Macri honni par la gauche) : Bon, OK ! On a tout raté du côté du pain mais pour le cirque, personne ne peut se plaindre !
Página/12 de ce matin, vignette de une par Daniel Paz et Rudy
Allusion au chaos politique qui a suivi les résultats des pré-élections des PASO le 11 août avec des déclarations intempestives et contradictoires de la part de nombreux membres du gouvernement et de l’alliance gouvernementale Cambiemos.
Traduction © Denise Anne Clavilier

Le Congrès débat actuellement d’une proposition de loi d’urgence alimentaire déposée par l’opposition. Le gouvernement de Mauricio Macri a promis d’apporter son appui à ces nouvelles mesures législatives mais la ministre de la Sécurité, la très droitière Patricia Bullrich, s’en moque à la manière d’une Marie-Antoinette de caricature (1) et le candidat à la vice-présidence qui accompagne Macri pour le renouvellement de son mandat, le péroniste dissident Miguel Pichetto (qui découvre depuis un mois qu’il a joué le mauvais cheval), prétend que la notion de faim ne peut pas s’appliquer dans la société argentine.

Pour en savoir plus :
lire l’article de Página/12 du 6 septembre 2019
lire l’article de Página/12 du 12 septembre sur les déclarations de Patricia Bullrich
lire l’article de Clarín du 12 septembre sur celles de Miguel Pichetto
lire l’article de La Nación du 12 septembre sur la décision du gouvernement concernant la loi d’urgence alimentaire



(1) "Pour les gens qui ont faim, il y a la soupe populaire !" (Il est de notoriété publique que les comedores, ou soupes populaires, sont tenus en général par des organisations que Cambiemos empêchent de travailler par esprit partisan -ce sont des opposants- et qu'ils manquent tous d'argent, même ceux qui sont organisés par des militants proches de Cambiemos, comme Margarita Barrientos qui elle-même s'est plainte récemment du manque de moyen).