Foire de l'économie populaire, samedi dernier, à La Boca |
Devant la crise économique qui fait
fondre le pouvoir d’achat des Argentins,
ceux-ci s’organisent
avec le sens du système D qui les
caractérise : des circuits de distribution solidaire se montent
dans plusieurs zones, à Buenos Aires et dans sa proche et grande
banlieue, où se concentre la majorité de la population du pays.
Un panier alimentaire de base à 300 pesos argentins |
Le
circuit solidaire Me.Co.Po (Mercado de Consumo Popular), créé en
2016 comme réponse associative à la politique néolibérale du Pro
(parti majoritaire de l’alliance de gouvernement Cambiemos
aujourd’hui au pouvoir), connaît un certain succès depuis le 12
août, lendemain cataclysmique des élections qui ont laissé deviner
qu’il va y avoir alternance au pouvoir à Buenos Aires le 10
décembre prochain (voir mes précédents articles sur le sujet).
Le
vendredi 6 septembre, Página/12 en a fait sa une.
Hier,
le circuit, qui dispose d’une page Facebook, proposait un panier de
10 produits de base pour le prix modique de 300 pesos (divisez par 61
environ pour avoir le montant en euros) : des pâtes sèches, de
la farine, des lentilles, de la mayonnaise (très appréciée dans
les sandwichs et avec des légumes pour faire une salade russe), de
l’huile de tournesol, du maïs sec (à faire tremper et à cuire à
l’eau ou à la vapeur), de la sauce tomate, du riz et du lait
entier. Au prix actuel, ça peut monter à 1000 euros dans un
supermarché conventionnel. En matière d’épicerie sèche, il
manque encore la yerba mate, le café ou le thé… Sans parler de la
confiture et du dulce de leche, qui font partie de la diète
ordinaire de l’Argentin moyen.
La
journaliste : Les gens souffrent de la faim.
Durán
Barba (conseiller ultra-libéral de Mauricio Macri honni
par la gauche) : Bon, OK ! On a tout raté du côté du
pain mais pour le cirque, personne ne peut se plaindre !
Página/12
de ce matin, vignette de une par Daniel Paz et Rudy
Allusion
au chaos politique qui a suivi les résultats des pré-élections des
PASO le 11 août avec des déclarations intempestives et
contradictoires de la part de nombreux membres du gouvernement et de
l’alliance gouvernementale Cambiemos.
Traduction
©
Denise Anne Clavilier
Le
Congrès débat actuellement d’une proposition de loi
d’urgence alimentaire déposée par
l’opposition. Le gouvernement de Mauricio
Macri a promis d’apporter son appui à ces nouvelles mesures
législatives mais la ministre de la Sécurité, la très droitière
Patricia Bullrich, s’en moque à la manière d’une
Marie-Antoinette de caricature (1) et le candidat à la vice-présidence
qui accompagne Macri pour le renouvellement de son mandat, le
péroniste dissident Miguel Pichetto (qui découvre depuis un mois
qu’il a joué le mauvais cheval), prétend que la notion de faim ne
peut pas s’appliquer dans la société argentine.
Pour
en savoir plus :
lire
l’article de Página/12 du 6 septembre 2019
lire
l’article de Página/12 du 12 septembre sur les déclarations de
Patricia Bullrich
lire
l’article de Clarín du 12 septembre sur celles de Miguel Pichetto
lire
l’article de La Nación du 12 septembre sur la décision du
gouvernement concernant la loi d’urgence alimentaire
découvrir
la page Facebook de Me.Co.Po.
(1) "Pour les gens qui ont faim, il y a la soupe populaire !" (Il est de notoriété publique que les comedores, ou soupes populaires, sont tenus en général par des organisations que Cambiemos empêchent de travailler par esprit partisan -ce sont des opposants- et qu'ils manquent tous d'argent, même ceux qui sont organisés par des militants proches de Cambiemos, comme Margarita Barrientos qui elle-même s'est plainte récemment du manque de moyen).