La Vierge de Luján, avec sa grande chape bleu ciel et blanche à gauche, la prière à la Sainte Patronne de l'Argentine |
Pendant la guerre des Malouines, l’aumônier
général de l’armée de l’air argentin avait emporté dans la campagne
une réplique de la Vierge de Luján, qui est la sainte patronne de
l’Argentine. Le 8 mai, la statue domine la messe et la procession
de la fête mariale célébrées sur l’une des deux îles puis elle
disparaît dans la défaite apocalyptique de l’armée argentine,
composée majoritairement d’appelés qui n’avaient que quelques
semaines de classe. En reprenant le contrôle de l’archipel, les
Britanniques ont trouvé la statuette. Il n’était pas question de
laisser sur place un objet qui portait les couleurs du pays vaincu
qui venait de flanquer une frousse inouïe aux habitants, pas
vraiment d’accord pour passer sous le joug de la Junte militaire
qui terrorisait le continent…
La
statue s’est donc retrouvée à Londres dans ce qui est maintenant
la cathédrale catholique aux armées (les aumôniers généraux des
armées sont maintenant évêques dans l’Église catholique). Les
Argentins ont réussi à savoir où elle était retenue ainsi, comme
prise de guerre (même si bien entendu, les Britanniques rejettent
cette expression… Mais s’il ne s’agissait pas d’un trophée,
pourquoi l’ont-ils gardée ? Après les hostilités ou après
le retour à la démocratie, un an plus tard, ils auraient pu la
remettre à l’Argentine puisque il y a un ambassadeur à Buenos
Aires et à Londres).
Un
petit groupe de militants, conduits par mon amie Marcela Hernández,
qui m’invite à chaque séjour à rencontrer ses élèves dans les
collèges et lycées où elle enseigne, vient d’obtenir le retour
de l’image pieuse : ils sont passés par Rome en profitant du
fait que l’évêque de cette ville européenne est un Argentin
depuis le 13 mars 2013… La statue va donc transiter par le Vatican
avant de retrouver le sol de la patrie. De l’aéroport d’Ezeiza
où elle doit atterrir, elle sera ensuite transportée en procession
à la Basilique de Luján, à côté de laquelle deux associations
locales de vétérans des Malouines ont érigé deux monuments du
souvenir. Le premier miracle du Negro Manuel et du Père
Salvaire ? (cf. mon article précédent sur Luján).
Le
quotidien d’obédience catholique (de droite) La Prensa rend compte
aujourd’hui de cette ultime péripétie de la guerre des Malouines…
Comme
dit le slogan d’une des deux associations lujenses de vétérans
des Malouines qui m’a si chaleureusement accueillie le 18 août
dernier : ¡Prohibido
olvidar! (Interdit d’oublier).