samedi 25 août 2012

Si le fisc argentin s'en prend au football, où allons-nous ? [Actu]


A la une de Página/12 (1), la nouvelle fait sensation : l'AFIP, l'administration fiscale du pays, en général mal armée pour s'attaquer aux vrais fraudeurs, vient d'allumer 146 agents de footballeurs pour évasion fiscale et blanchiment d'argent dans le cadre de la vente de joueurs à des clubs européens, majoritairement italiens et espagnols. Les agents sont désormais interdits d'exercice. Comme Lance Armstrong, dont la condamnation par l'agence anti-dopage nord-américaine est reprise aussi en Argentine, notamment dans un article de Página/12 daté de ce matin. L'annonce ne fait pas pour autant le même effet à Buenos Aires qu'en France ou en Belgique, grands pays du cyclisme, mais elle ne passe pas non plus inaperçue, surtout dans un quotidien aussi favorable à l'actuel gouvernement argentin (pensez donc ! le type est pote avec Bush Jr, autrement dit pour les Argentins l'affreux jojo de service, et comptait faire une carrière politique au Texas sur les pas de son mentor!)

Pour aller plus loin :

(1) Un petit mot sur ce gros titre et la manchette au-dessus. "La pelota no se mancha" est une citation de Maradona lorsqu'il fit ses adieux à la compétition et qu'il reconnut des fautes professionnelles (notamment la consommation de cocaïne, dont il n'était pas encore sorti), tout en couvrant l'honneur du sport ("le ballon n'est pas entaché"). Entre parenthèses, le gros titre ajoute : "Mais il est loin d'être clair !" Au-dessus, dans la manchette, vous voyez un scaphandrier. C'est un autre gros scandale politique de l'heure. Une sévère prise de bec entre Mauricio Macri et Cristina Kirchner au sujet de la légitimité ou non de la militance politique à l'école secondaire. Macri soutient que cela devrait ne pas exister, mais ses raisons ne sont pas de pure liberté d'opinion. Cristina soutient que si mais la formation expressément visée par Macri dans l'opération n'est autre que le mouvement fondé et dirigé par son propre fils, Máximo Kirchner Fernández, pour défendre sa politique à elle. Le scaphandrier est le symbole d'un autre mouvement, lui aussi dans la mouvance nationaliste de gauche, véhiculée par un héros de bande dessinée, dont l'histoire est présente dans les écoles, les centres culturels, les clubs et les bibliothèques depuis longtemps, El Eternauta (à Monserrat, j'ai une façade El Eternauta devant mes fenêtres sur le trottoir d'en face). Il y a quelques semaines, Macri a mis en place un numéro vert (en Argentine on dit "un 0800") pour permettre aux parents de porter plainte contre toute tentative d'endoctrinement de leurs enfants. Les kirchneristes y voient de sa part une nouvelle atteinte à la liberté d'opinion chez les futurs citoyens que sont ces mineurs et une volonté de les détourner de la politique avant qu'ils ne deviennent des électeurs éclairés. Et il y a sûrement du vrai des deux côtés...