Lors du précédent mandat à la Province de Buenos Aires, le 15 juin 2017, le gouvernement provincial (de droite) (1), alors présidé par María Eugenia Vidal, avait organisé, bizarrement dans les locaux d’une banque publique (eux-mêmes à son insu placés sous surveillance vidéo) plutôt que dans l’un ou l’autre des ministères provinciaux, une réunion avec des représentants patronaux où l’ordre du jour portait sur la stratégie à déployer pour envoyer derrière les barreaux pour un bon moment certains dirigeants syndicaux, au premier chef celui du secteur bancaire, afin de laisser le champ libre à la mise en place d’une politique patronale musclée.
Pendant les débats, l’un des ministres provinciaux avait exprimé aux dirigeants économiques son regret de ne pas disposer d’une police aussi efficace que la Gestapo (en allemand dans le texte) pour en finir avec tous ces syndicalistes empêcheurs de faire du profit à tout crin.
Il y a peu,
les enregistrements de ces échanges inimaginables ont fuité dans
les médias et la justice s’est emparée de l’affaire. Une
instruction a été ouverte à La Plata (capitale de la province) et
le juge vient d’annoncer qu’il entamait des poursuites contre
plusieurs participants à cette réunion, parfaitement
reconnaissables sur les vidéos, et autres complices.
L'information est traitée discrètement (dans la colonne de droite) mais elle est bien en une. Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Les chefs d’inculpation sont ceux d’espionnage illégal et pèsent sur les têtes de plusieurs ministres provinciaux ainsi que celles de hauts responsables des services de renseignement nationaux ; L’instruction fait remonter le début de l’affaire à une autre réunion qui s’est tenue à la Casa Rosada (palais présidentiel de Buenos Aires), le 4 mai 2017, et à laquelle assistait le chef de l’État en personne, Mauricio Macri, lui-même déjà inculpé pour une autre affaire d’écoutes illégales (cette fois-ci au détriment des parties civiles dans l’enquête sur la disparition en mission du sous-marin ARA San Juan). C’est en effet à cette date que cette solution gravement illégale aurait commencé à être envisagée par les plus hautes autorités de l’État, au niveau fédéral et provincial.
Le scandale est tel que toute la presse en rend compte, celle de droite comme celle de gauche, cette dernière en faisant naturellement beaucoup plus que l’autre.
Pour aller
plus loin :
lire l’article de Clarín
(1) Le gouvernement national était alors d’une seule et même couleur politique : les deux exécutifs appartenaient à la même alliance électorale néolibérale. La gouverneure d’alors est maintenant parlementaire nationale et se présente comme l’une des possibles rivales de l’ancien président à la tête de ce courant politique. Les deux exécutifs actuels sont tous deux péronistes (de l’autre côté de l’arc politique) et ont été élus sur la même plateforme programmatique électorale.