jeudi 14 avril 2022

L’inflation toujours aussi sportive : plus vite, plus loin, plus haut ! [Actu]

Cliquez sur l'image pour une haute résolution


Cette fois, le taux d’inflation a dépassé les bornes. C’est le plus haut taux mensuel enregistré depuis vingt ans, c’est-à-dire depuis le krach national de Noël 2001… En Argentine, il a voulu se mesurer à l’inflation dans le reste du monde et il ne doit pas être loin du podium avec sa moyenne générale de 6,7 % pour le seul mois de mars. Une nouvelle désastreuse qui arrive à la veille du long week-end de Pâques qui commence demain, Vendredi Saint, pour s’achever dimanche soir.

Synthèse générale tirée du rapport de l'INDEC
Cliquez sur l'image pour une haute résolution

Ce n’est toutefois une surprise pour personne. D’abord parce que les consommateurs se rendent compte au jour le jour du phénomène en faisant leurs courses. Ensuite parce que ce type de chiffres circulait dans la presse depuis plusieurs jours grâce à des estimations publiées par des cabinets privés.

Synthèse des différentes variations dans le temps et l'espace
Cliquez sur l'image pour une haute résolution

Et pour une fois, ce n’est pas l’alimentation qui mène le bal mais les frais liés à la scolarité et à la formation, depuis l’école primaire jusqu’à l’université en passant par tout ce qui est formation professionnelle. C’est le plus inflationniste des postes de dépenses dans toutes les régions, sauf dans le nord-est où elle est dépassée, mais de très peu, par les dépenses énergétiques des ménages (électricité, gaz et carburant).

Région par région, les cinq postes les plus inflationnistes
Cliquez sur l'image pour une haute résolution

Les dépenses liées au logement (loyer et autres consommations en lien avec le lieu de résidence) apparaissent aussi parmi les cinq postes les plus inflationnistes dans toutes les régions, sauf la Patagonie, avec la plus basse densité humaine de tout le pays.

Les titreurs n'hésitent pas à user des grands thèmes
de l'extrême-droite occidentale avec cette question
sur la décadence du pays !
Cliquez sur l'image pour une haute résolution

Tout cela nous donne un taux interannuel de 55,1 %, soit déjà beaucoup plus que celui laissé par Mauricio Macri lorsqu’il a quitté la Casa Rosada le 10 décembre 2019, à une époque de calme plat pour l’inflation internationale, et un cumul depuis le 1er janvier de 16,1 % (pour un trimestre).µ

Cliquez sur l'image pour une haute résolution

Récemment, le gouvernement argentin a conclu, à un prix intéressant, un accord de fourniture de gaz avec la Bolivie pour voir venir l’hiver (c’est dans deux mois). Par ailleurs, le pays est producteur de pétrole mais ne parvient pas à satisfaire l’ensemble du marché, en particulier la demande du transport de marchandises comme en témoigne la une de La Nación de ce matin, qui se délecte en soulignant à chaque fois les difficultés qui surgissent devant le gouvernement (de gauche).

L'info est bien en une (tout en haut) mais cette fois-ci,
le journal a préféré titrer sur une rencontre de parlementaires
européens et latino-américains à dominante poutinienne
Cliquez sur l'image pour une haute résolution

Le contexte international n’épargne donc pas l’Amérique du Sud, même si un pays comme l’Argentine, producteur de céréales, de viande, de lait et de fruits, devrait pouvoir, dans un proche avenir, capter des parts de marché que l’Ukraine ne pourra pas couvrir. Une rente juteuse qui s’annonce pour le patronat agraire plus que pour l’ensemble du pays : fraude fiscale, dissimulation de capitaux dans les paradis fiscaux et intérêts privés à la manœuvre.

© Denise Anne Clavilier

Pour aller plus loin :

lire l’article de La Nación, qui gratifie cette fois-ci encore ses lecteurs de ses propres graphiques (ceux de l’INDEC sont pourtant plus parlants)
lire le rapport de l'INDEC