mercredi 25 juin 2025

Semana Gardeliana à Buenos Aires [à l’affiche]

Carlos Gardel
11 décembre 1890, Toulouse, France
24 juin 1935, Medellín, Colombie


Hier, c’était le 90e anniversaire de la disparition de Carlos Gardel, qui a trouvé la mort à Medellín, lors d’une collision de son avion au sol, alors qu’il allait décoller pour l’une des toutes dernières d’une grande tournée en Europe et en Amérique. Il avait 45 ans et il était au sommet de son art.

Sa voix a été classée au patrimoine de l’UNESCO. Il est considéré comme un trésor national par les Argentins.

Pourtant, cet anniversaire qui aurait dû revêtir quelque solennité, passe presque inaperçu. La ville de Buenos Aires (gouverné à droite et qui utilise le tango comme un atout économique plus que comme un patrimoine culturel) a mis en place une riche semaine d’événements en tout genre dans de nombreux espaces qu’elle contrôle, en particulier le réseau des théâtres municipaux. Le ministère portègne de la culture ne s’est toutefois même pas donner la peine de publier une affiche pour cette manifestation. Sur le site de la ville, une simple photo de l’artiste… Elle est dans le domaine public. Cela évite les frais, n’est-ce pas ? Ils n’ont aucune honte !

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :
lire l’article de Página/12 sur l’ensemble des propositions de la semaine
lire l’article de Página/12 sur le spectacle qui s’est donné hier au CCK (rebaptisé aujourd’hui Palacio Libertad, parce que Mileí ne supporte pas que quoi que ce soit porte le nom de l’ancien président Néstor Kirchner)
lire l’article de La Prensa, par le président de la Fondation Gardel, un homme qui n’est pas à sa place dans cet univers gardélien, qui n’a guère de liens avec l’univers du tango et ses institutions, et qui présente ici un ouvrage complotiste qu’il a signé sur l’accident du 24 juin 1935 (cela fait 90ans que toutes sortes de théories fantaisistes et absurdes circulent sur cet accident, comme il y en avait beaucoup dans ces premiers temps de l’aviation)
lire l’article de Clarín

Mileí met son veto à la loi d’aide aux sinistrés de Bahía Blanca [Actu]

Le gros titre est un calembour :
"Noyés par ma loi"
(Mileí et Mi ley se prononcent de la même manière)
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Le 7 mars (voir photo ci-dessus), la ville balnéaire de Bahía Blanca, tout au sud de la Province de Buenos Aires, était victime d’une inondation très soudaine et monstrueuse qui a fait plusieurs morts, dont deux bébés, et des dégâts matériels très importants : l’eau recouvrait les voitures ou les avaient emportées vers l’océan. De nombreuses maisons ont été détruites ou tenaient encore debout mais étaient pour toujours inhabitables, des commerces ont disparu sous les eaux, la voirie a été défoncée, etc.

Le Congrès a donc voté ces derniers jours une loi d’urgence pour venir en aide aux sinistrés et reconstruire la ville grâce à une participation financière nationale.

Or la Province de Buenos Aires est gouverné par Axel Kiciloff, un ancien ministre de Cristina Kirchner, donc un homme de gauche, que le gouvernement actuel traite de « communiste », voire de « soviétique », montrant par là que comme les MAGA qui ont élu Trump, ils ne savent pas de quoi ils parlent.

La Une de l'édition provinciale joue elle aussi avec les mots
Cette fois-ci, il s'agit d'une expression idiomatique :
Llover sobre mojado, littéralement "pleuvoir sur [sol] mouillé"
ce qui signifie "Quand c'est fini, ça recommence"
ou "de Charybde en Scylla"
Ici, mojado (mouillé) est remplacé par "llovido" (il a plu)
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Javier Mileí vient donc de mettre son veto à cette loi, ce qui oblige le Sénat à en débattre une seconde fois, pour passer outre les caprices de « Monsieur Veto », alors que des élus LLA (Mileí) avaient voté pour. On voit mal d’ailleurs comment on peut voter contre quand on regarde la situation effective à Bahía Blanca !

Il va s’entendre chanter La Carmagnole dans pas longtemps s’il continue comme ça ! (1)

C’est tellement scandaleux que même la presse de droite en parle...

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :
lire l’article de Página/12, édition nationale
lire l’article de Buenos Aires/12 (édition locale de La Plata de Página/12)
lire l’article de La Prensa
lire l’article de Clarín
lire l’article de La Nación



(1) Pour mes lecteurs argentins, par exemple les amis des Alliances françaises, qui ne connaîtraient pas cet épisode de l’histoire de France, lorsque celle-ci était, pour quelques mois encore, une monarchie constitutionnelle :

I. Madame Veto [Marie-Antoinette] avait promis (bis)
De faire égorger tout Paris (bis) [à la différence de l’Argentine actuelle, c’était faux, mais ce qui a fait l’histoire, c’est que le peuple de Paris le croyait]
Mais son coup a manqué
Grâce à nos canonniers
Refrain : Dansons la carmagnole
Vive le son, vive le son
Dansons la carmagnole
Vive le son du canon

II. Monsieur Veto [Louis XVI] avait promis (bis)
D’être fidèle à son pays (bis)
Mais il y a manqué
Ne faisons plus d’quartier !
Refrain : Dansons la carmagnole, etc

A écouter, par exemple, sur Youtube dans la collection Chants et Musiques de France - Chants du Patrimoine

La juge démissionne avant d’être révoquée [Actu]

Copie de la lettre de démission
de la juge, remise au conseil de discipline
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La juge Julieta Makintach, qui faisait partie du collège des magistrats en train de juger les huit accusés de la mort de Diego Maradona et s’était permis de signer avec un producteur sa participation rémunérée à un documentaire illégal et clandestin sur le procès dont le scénario prévoyait déjà les peines prononcées, vient de démissionner de ses fonctions dans la magistrature de la Province de Buenos Aires.

Par les mains de son avocat, elle a fait parvenir au tribunal constitué pour juger sa conduite professionnelle une copie certifiée de sa lettre de démission, adressée au gouverneur de la province de Buenos Aires, autorité qui nomme les juges provinciaux, alors qu’au cours de la première audience de ce qui fonctionne comme un conseil de discipline, le jury avait déjà répondu qu’elle devait passer en jugement pour malversations et manquements graves aux devoirs de sa charge.

Cette démission met fin au procès administratif qui s’ouvrait et lui évite le déshonneur d’être chassée de la magistrature par ses pairs, qui plus est dans le district huppé où elle exerçait, à San Isidro, dans la très chic banlieue nord de Buenos Aires. Cependant, puisqu’elle est démissionnaire, elle perd l’immunité professionnelle qui la protégeait en tant que juge en activité ainsi tous les revenus correspondants, en particulier ce demi-salaire qu’elle continuait de toucher pendant sa mise à pied à titre conservatoire, et ce jusqu’à la décision administrative définitive.

L’avocat des filles de Maradona, qui se sont parties civiles dans le procès en cours contre les médecins, infirmiers et psychologues de leur père, saisit donc l’occasion pour demander au procureur l’incarcération immédiate de l’ex-magistrate puisque plus rien ne s’y oppose. Si cette demande est acceptée, l’intéressée sera placée en détention provisoire pendant l’instruction d’un procès pénal et non plus administratif.

Julieta Makintach s’était vue en reine du box-office. La ravissante jeune femme à la cervelle de moineau risque de finir à l’ombre derrière les barreaux !

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :
lire l’article de Página/12
lire l’article de La Prensa
lire l’article de Clarín
lire l’article de La Nación

vendredi 20 juin 2025

Las 12 célèbre Cristina [Disques & Livres]

"Du haut du balcon", dit le gros titre
"Est-ce le début de la grosse résistance au gouvernement de Mileí ?"
interroge le sous-titre
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Le supplément que Página/12 consacre toutes les semaines aux enjeux de l’émancipation des femmes, Las 12, est consacré cette semaine à soutenir Cristina Fernández de Kirchner (CFK pour ses partisans), qui a fait la démonstration de sa popularité intacte parmi les Argentins, y compris au-delà des frontières du pays.

"Cristina Kirchner est déjà sous le contrôle
d'un bracelet électronique mais elle peut sortir
sur son balcon", dit le gros titre
sur cette photo qui date d'hier
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Dans cette semaine encadrée par deux jours fériés, pour célébrer la mémoire de deux héros de la guerre d’indépendance, qui se sont distingués par une multitude d’exploits et de surcroît par la présence à leurs côtés de femmes exceptionnelles, le général Güemes, le 16 juin, au jour anniversaire de son assassinat à Salta par un traître vendu à la cause coloniale, et le général Belgrano, aujourd’hui même, à la date anniversaire de son décès à Buenos Aires des suites d’une maladie dont on ne connaît pas la nature exacte, la gigantesque manifestation qui s’est tenue mercredi a donné ses fruits : le juge d’application des peines a fait marche arrière !!!

Clarín titre à peu près la même chose mais sans photo
En revanche, il est bie question de photo en-dessous
Un gouverneur était en train de faire un selfie avec un groupe
quand une personne lui a dérobé son portable.
L'insécurité règne décidément en Argentine
C'est sans doute la faute à Cristina !
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Cristina est désormais autorisée à utiliser son balcon autant qu’elle le veut, dans la mesure où ses « apparitions ne troubleront pas la tranquillité du quartier », ce qui est laissé à son appréciation, à sa bonne foi et à son bon sens. Or la presse de droite avait, il y a plusieurs jours, commencé à publier des articles laissant entendre que les habitants du coin se plaignaient déjà de toutes ces manifestations de soutien et réclamaient qu’on respecte leur « repos ». Ce à quoi Página/12 répond ce matin, en pied-de-nez, par un billet de dernière page où un habitant du quartier dit exactement l’inverse :

Vecino

Tomé la decisión de empezar a sacar esas fotos y a subirlas como un impulso de dejar una huella trascendental por lo que estaba pasando, porque es realmente impresionante”, dijo a La 750 el @vecinodecristina quien, reservando su identidad, armó un registro cotidiano en la redes de la movida en San José 1111. “Es un evento histórico que mis hijos van a estudiar en la secundaria, y está pasando en la puerta de mi casa, así que yo lo estoy tomando como un privilegio, como una oportunidad que pasó. Salgo a la puerta de mi casa y está sucediendo la historia”, comentó.


Habitant du quartier

J’ai pris la décision de commencer à prendre ces photos et de les mettre en ligne comme une envie de laisser une trace essentielle de ce qui est en train de se passer, parce que c’est réellement impressionnant, dit sur La 750 le @voisindecristina qui, en gardant l’anonymat, a mis en place un enregistrement au jour le jour sur les réseaux de ce qui bouge au 1111 rue San José [adresse de Cristina]. C’est un événement historique que mes enfants étudieront au lycée et ça se passe à la porte de chez moi. Alors je prends ça comme un privilège, comme une opportunité à ma portée. Je sors sur le pas de ma porte et l’histoire est en train de se faire, a-t-il commenté.
(© Traduction Denise Anne Clavilier)


Comme le magistrat recule et assouplit les conditions de vie de Cristina pour les six ans à venir, une députée du PRO (parti de la droite libérale que mène encore l’ancien président Mauricio Macri mais peut-être plus pour très longtemps) vient de déposer une proposition de loi qui assimile les délits de corruption aux crimes contre l’humanité, ceci afin qu’ils soient imprescriptibles et que laisser Cristina en résidence surveillée, comme le fait le juge d’application des peines, devienne suspect. Il faut la mettre à l’ombre, cette femme dangereuse, n’est-ce pas ?

Et pendant ce temps-là, une partie de cette même droite fait tout ce qu’elle peut pour élargir les vrais criminels condamnés au terme de procès équitables et au titre des crimes contre l’humanité qu’ils ont commis sous la dictature militaire, ces sbires du régime de Videla qui ont écopé de la perpétuité et dont certains purgent encore leur peine derrière les barreaux.

Tout cela démontre assez clairement l’intention politique qui se cachait derrière la condamnation et sa lourdeur et met en lumière le poids politique que conserve l’ancienne mandataire dans la vie du pays. Et tout se passe comme si la droite en avait vraiment très peur !

Au cri de "L'amie ! Balcon, balcon !"
Corazón (cœur) est une expression de tendresse et d'affection
(pas nécessairement amoureuse)
Cela se dit aux membres de la famille et aux amis très chers...
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Politiquement, son plan a échoué, même si ces gens ne peuvent ni ne veulent le reconnaître.

Lula a annoncé cette semaine son intention de rendre visite à Cristina dans la première semaine de juillet. Lula, le président de gauche, mis en prison sans aucune raison valable par la droite, et réhabilité par la justice, au Brésil, avant de retrouver l’ensemble de ses droits civiques et d’être réélu pour un troisième mandat !!!!

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :
lire l’article de Une de Las 12 sur la figure de Cristina Kirchner, martyre de la démocratie et de la lutte pour l’égalité femmes-hommes
lire le billet de dernière page de Página/12
lire l’article de Une de Página/12 sur l’assouplissement des conditions de résidence surveillée
lire l’article de Página/12 sur la présentation de cette proposition de loi délirante, qui révèle le peu de considération de cette élue pour le concept de crime contre l’humanité
lire l’article de La Prensa sur l’assouplissement des conditions de vie de Cristina
lire l’article de Clarín sur ce sujet
lire l’article de La Nación sur le sujet

Un documentaire de La Nación récompensé par le Rey de España 2025 [à l’affiche]

Visuel de présentation du documentaire
(Il s'agit d'une procession à Santiago del Estero)


Le documentaire de moyen métrage, Mama Antula, una historia del milagro argentino ‑ Cómo fue la vida de la santa que sorprendió a Occidente, raconte la vie et l’œuvre spirituelle de la première canonisée argentine, portée sur les autels par le pape François le 21 février de l’année dernière.

Native de Santiago del Estero, dans le nord-ouest argentin, et morte à Buenos Aires, où elle fut immédiatement canonisée par la vox populi, Mama Antula a permis à la spiritualité ignacienne de survivre à l’expulsion des jésuites à la toute fin du régime colonial, sous Carlos III, et de prospérer. Son activité pastorale et missionnaire intense et couronnée de succès, notamment dans les élites du vice-royaume, avait surpris les théologiens et les prélats qui en entendirent parler en Europe, jusqu’au sein de la Curie romaine.

Le documentaire, de Matías Boela et Cecilia Miljiker, produit par La Nación, pour la chaîne de télévision du groupe, a été tourné, en 2024, à Santiago del Estero, Río Gallegos, Buenos Aires et Rome, où le pape François a bien voulu apporter sa propre contribution, grâce à l’entremise de la correspondante en Italie du journal, Elizabeta Piqué, une excellente journaliste qui avait un accès privilégié auprès du Saint-Père, privilège de leur nationalité commune.

Le portrait de la nouvelle sainte
pendu à l'un des balcons de la basilique Saint-Pierre de Rome
le jour de la canonisation


Le film est distingué pour sa narration innovante, sa rigueur historique (1) et sa qualité cinématographique, dans la catégorie Journalisme culturel.

Cecilia Miljiker a reçu le prix à Madrid des mains du roi d’Espagne, accompagnée de son épouse, elle-même ancienne journaliste de télévision. C’est la deuxième production de La Nación qui reçoit cette distinction, ce dont le premier quotidien historique de l’Argentine s’enorgueillit à juste titre.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :
lire l’article de La Nación
visionner le documentaire sur la chaîne Youtube de La Nación



(1) Pourtant dès les premières images, on voit que le film tombe dans le piège de l’éternel cliché concernant Mama Antula : un gros plan de deux pieds nus, parfaitement propres, marchent à même la terre. C’est la représentation traditionnelle de Mama Antula, en image pieuse, en statue, en tout ce que vous voulez... La sainte a été décrite par les contemporains, notamment lorsqu’elle a fait son entrée dans Buenos Aires, comme « descalzada », déchaussée en français, ce qui veut dire qu’elle vivait pieds-nus dans des sandales, en signe de pauvreté, d’humilité et de renoncement, au lieu d’être « calzada », chaussée, ce qui voulait dire à cette époque porter bas de soie et souliers fermés, comme le faisaient ordinairement ceux qui, hommes comme femmes, en avaient les moyens, y compris dans les rangs du clergé séculier et chez certains ordres réguliers qui ne refusaient pas ce confort ordinaire à leurs membres. Comme d’habitude, les Argentins, qui nagent toujours dans les anachronismes, même quand ils sont des historiens patentés, ont interprété cette indication de manière littérale. Et pour leur retirer cette image du cerveau et la corriger, il faut se lever de bonne heure !

Ce soir au CAFF, un récital consacré à José María Contursi [à l’affiche]

Cette photo des deux chantuers sert d'affiche au spectacle de ce soir


Ce soir, au Club Atlético Fernandez Fierro (le CAFF, pour les intimes), dans le quartier tanguero de El Abasto, où vécut Carlos Gardel, se tiendra un récital à deux voix et plusieurs instruments intégralement consacré au répertoire écrit par le poète José María Contursi, surnommé Katunga (1911-1981), à qui l’on doit Gricel, Como dos extraños, Toda mi vida, Sombras nada más, Verdemar ou Esta noche de copas, des chefs d’œuvre sur lesquels de nombreux danseurs s’élancent sur la piste par chez nous sans trop savoir de quoi on parle…

Walter Romero et Patricia Malanca seront accompagnés par un ensemble dirigé par le guitariste et pianiste (et compositeur à ses heures) Hernán Reinaudo, qui a orchestré le récital.

Rendez-vous ce soir, vendredi 20 juin 2025, à 20h (ouverture des portes), rue Sánchez de Bustamante n° 772, à Buenos Aires, pour un concert qui devrait commencer à 21h.

Prix des places : 15 000 pesos argentins.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :
lire l’article de Página/12
accéder aux pages consacrées à José María Contursi dans l’encyclopédie en ligne argentine, Todo Tango (en espagnol).

L’une des plus vieilles églises de Buenos Aires menacée par un temple mormon [Actu]

Santa Catalina aujourd'hui (source : site Internet du centre pastoral)
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L’une des plus vieilles églises de Buenos Aires toujours debout est l’église Santa Catalina de Siena, dédiée à celle que nous appelons en français sainte Catherine de Sienne. Elle a été bâtie en 1745 sur un terrain qui se situait alors en dehors de la ville, bien au nord, pour abriter son premier monastère féminin. A l’époque coloniale, on comptait surtout des communautés régulières masculines, appartenant à des ordres missionnaires insérés dans la ville, les franciscains, les dominicains, les jésuites entre autres, et des communautés féminines cloîtrées. Santa Catalina a donc abrité les « catalinas », que l’on retrouve dans de nombreux toponymes de la ville, des moniales de la famille dominicaine. Le monastère accueillait en ses débuts les filles des grandes familles du vice-royaume du Río de la Plata, jusqu’à ce qu’un évêque l’oblige à accepter une sœur de couleur, pour mettre fin à un grand scandale qui secouait toute l’agglomération. Le recrutement resta élitiste jusqu’à la Révolution de 1810 tant et si bien que seule une petite centaine de femmes y ont fait profession de 1745 jusqu’à cette année qui marque la fin du système colonial. De 1745 à 1810, le monastère a possédé une quinzaine d’esclaves, des femmes affectées aux bas travaux (ménage, cuisine, soin des cultures vivrières et de la basse-cour, etc.)

La même église encore dans sa sobriété coloniale

Ce domaine, déclaré monument historique national en 1942, a cessé d’être un monastère en 1974. Il est aujourd’hui un centre pastoral, à la charge d’une petite équipe de trois prêtres, qui dépend directement de l’archevêque et qui propose des retraites prêchées ou en silence, une boutique d’objets religieux (santería), des conférences, un espace de prière et d’adoration au beau milieu du quartier commercial (la rue Florida) et financier (la rue San Martín, qui traverse la « City » portègne). C’est aussi un lieu historique de grande importance pour la mémoire locale et nationale : de grandes figures indépendantistes sont liées au monastère qui conservent aussi certaines pièces historiques relatives aux Invasions Anglaises (1806-1807), pendant lesquelles le monastère s’est transformé en hôpital pour soigner les soldats blessés, aux premières années post-coloniales et aux années postérieures à l’épidémie de fièvre jaune de 1872, quand les familles aisées du sud de Buenos Aires vinrent s’installer définitivement au nord, réputé plus aéré et plus sain. Et n’oublions pas le patrimoine architectural, dont il reste peu de témoignages dans une ville qui a pratiqué la destruction active de tout ce qui rappelait son passé espagnol.

Or l’une des manzanas, quadrilatères bâtis qui entourent l’ensemble monastique, a été racheté dernièrement par un promoteur immobilier lié à la communauté mormone de l’Utah, qui entend y bâtir un temple hors dimension. Comme tout ce que font en Amérique du Sud ces sectes d’origine protestante qui pullulent aux États-Unis et qui ont aujourd’hui un rôle politique actif à la droite de la droite, cela promet d’être un énorme machin très agité, drainant une population bruyante et particulièrement invasive, notamment par ses actions prosélytes. Or pour ce qui est du bruit et de l’agitation, le quartier est le champion local. Il tient donc à cet îlot de tranquillité.

Or à l’occasion des nombreux projets immobiliers qui ont vu successivement le jour dans les années 2000 pour aménager cette manzana, qui accueillait alors un parking désaffecté (playa de estacionamiento), des fouilles préventives ont permis la découverte de vestiges archéologiques qui documentent la vie quotidienne du monastère. Un trésor pour l’histoire de la ville coloniale ! Il a donc été convenu que cette manzana resterait non bâtie et accueillerait un espace vert dont ce coin ultra-urbanisé à le plus grand besoin.

L'ensemble conventuel aujourd'hui
(vue aérienne tirée du site Internet du centre pastoral)

Le projet mormon réveille les habitants qui réclament désormais qu’on respecte ce qui a été convenu : ils veulent ce qu’on appelle une place en Argentine, un coin de verdure, avec des arbres !

© Denise Anne Clavilier


Página/12 et Clarín en ont parlé ces derniers jours mais les deux journaux ont réservé leurs articles sur le sujet à leur abonnés.

Le Caras y Caretas de juillet rendra hommage à Pepe Mujica [Disques & Livres]

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En juillet, le nouveau numéro du mensuel Caras y Caretas, du groupe médiatique Octubre, qui possède Página/12, rendra hommage à Pepe Mujica, le président uruguayen qui vient de mourir à près de 90 ans, à Montevideo.

La rédaction du mensuel a en fait une réincarnation de José Gervasio Artigas, le père de l’indépendance de l’Uruguay, un personnage historique, lui aussi décédé à un âge très avancé, que la gauche s’est pleinement approprié au prix parfois de quelques entorses à la réalité historique mais c’est le seul leader indépendantiste qu’elle peut revendiquer sans trop être contredite. Elle pourrait aussi en revendiquer d’autres mais comme l’histoire conventionnelle écrite pour l’école par des penseurs de droite en ont déformé la légende, ils ne leur reste qu’Artigas. L’occasion était trop belle pour l’équipe de Caras y Caretas, menée par l’historien péroniste Felipe Pigna.

Beau portrait en couverture !

Le portrait conventionnel du héros
par un peintre largement postérieur (1889)
qui ne l'a jamais rencontré
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Dimanche dernier, ce nouveau numéro était en vente avec l’édition du jour du quotidien Página/12. Il est ou sera disponible, indépendamment du journal, très prochainement dans les kiosques.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :
lire l’éditorial de Felipe Pigna sur le site du magazine.

jeudi 19 juin 2025

La justice a raté son coup : on n’avait pas vu autant de monde dans les rues depuis longtemps [Actu]

"Le 18", dit le gros titre en allusion au 17 octobre 1945,
le jour où le peuple a montré sa loyauté à Perón
et l'a fait rappeler d'un exil sans procès.
Certains manifestants, conscients du parallèle historique,
ont répété l'image iconique de 1945 : ils se sont assis sur le bord
du bassin de la Place de Mai, se sont déchaussés
et ont mis les pieds dans l'eau.
Ils ont du courage ! En octobre, il fait chaud mais en juin,
gla gla : l'eau de la fontaine devait être frisquette !
La photo représente Plaza de Mayo hier
En biais à gauche, on voit le Cabildo et son toit rouge.
A sa droite, Avenida de Mayo.
A droite encore la Diagonal Norte avec l'obélisque
qui se dresse dans la perspective
Et tout à droite de l'image, la façade néo-classique de la cathédrale.
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Il semble qu’environ un million d’Argentins, sur une population totale de moins de 50 millions, ont arpenté les rues des grandes villes du pays hier dans l’après-midi, donc en plein jour, pour soutenir l’ancienne présidente Cristina Kirchner et protester contre le traitement judiciaire qui lui est appliqué et qu’ils sont nombreux à estimer injustifié. Le gouvernement tente en vain de prétendre que le nombre de manifestants n’a guère dépassé les 48 000 personnes, un peu comme ce conseiller de Trump prétendait samedi soir que le défilé militaire avait été un grand succès tandis que les manifestations No Kings avaient connu un fiasco retentissant (on sait que c’est exactement l’inverse qui s’est passé).

Le gros titre parle comme d'un enterrement :
"La foule pour un adieu ?"
Quelle mauvaise foi !
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La presse de droite brûle d’envie, elle aussi, de minimiser les chiffres mais les journalistes avouent qu’ils doivent se rendre à l’évidence. Les photos démontrent clairement qu’il y a eu environ un demi-million de manifestants hier dans la seule capitale où la Plaza de Mayo ainsi que les rues et avenues qui y mènent étaient noires de monde sur plus d’un kilomètre en profondeur.

Une photo de la manifestation à La Plata
dans cette édition locale de Página/12
Cristina Kirchner est native de La Plata
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La presse de droite prétend aussi, contre toute évidence, que le mouvement péroniste serait divisé alors qu’il est clair que pour l’occasion, il a refait son unité dans la diversité des courants et des personnalités qui le composent. A Buenos Aires, les bannières les plus visibles étaient celles de la Campora, le mouvement de jeunesse, passablement radicalisé, que dirige Máximo Kirchner, le fils quarantenaire de l’ex-présidente, lequel se présente désormais en héritier politique de ses deux présidents de parents. Pour autant, il n’est pas certain que ce mouvement constituait la majorité du cortège à Buenos Aires.

"Cristina a obtenu une grande manifestation*
mais elle n'a pas eu son 17 octobre", dit le gros titre
avec une mauvaise foi patente !
Bien sûr, Cristina n'a pas été libérée à minuit
mais son procès était maquillé en procès constitionnel
Ce n'était pas le cas pour Perón en 1945
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Patricia Bullrich, la très droitière ministre de la sécurité, a tenté de mettre des bâtons dans les roues aux manifestants, multipliant les contrôles tatillons et délibérément vexatoires aux entrées de Buenos Aires et à la descente des bus spécialement affrétés pour l’occasion aux quatre coins du pays mais elle a dû rapidement se rendre à l’évidence : il était impossible de faire appliquer ses règles restrictives anti-manifestants comme celle qui veut que les participants n’occupent que le trottoir et laissent la chaussée libre pour ne pas entraver la circulation. Elle a dû laisser les gens occuper la voirie tout entière sur les différents parcours dessinés par les organisateurs. Ce qui prouve bien que ses chiffres sont faux, que la foule était impressionnante et que cette convocation est donc un succès pour l’opposition, qui semblait moribonde et qui a ressuscité la semaine dernière à la publication de cet arrêt de la Cour suprême qui n’en impose à personne.

"Une autre Place de Cristina", dit le gros titre
de cette autre édition locale de Página/12
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Sur Plaza de Mayo, les organisateurs ont fait retentir la voix de la prisonnière la plus populaire du pays : un message enregistré et qu’elle avait fait sortir de chez elle. Il semble qu’on lui ait conservé le droit d’utiliser les réseaux sociaux et qu’elle garde, pendant la durée de sa peine, sa pleine liberté d’expression, dont elle va sans doute faire un grand usage. C’est tout ce qui lui reste mais c’est beaucoup, car c’est une excellente oratrice et on ne peut pas en dire autant dans les rangs de la majorité. Cristina a déclaré que le modèle politique, social et économique suivi par Mileí était en train de s’effondrer et que les responsables actuellement au pouvoir en étaient conscients. Elle a traité Mileí de cachivache : un Tartarin, un baratineur qui ne se réalise que dans l’esbroufe. C’est assez bien vu, ,non ?

"Le parti péroniste a défilé dans la division
pour soutenir Cristina, qui a lancé un défi :
Nous reviendrons", dit le gros titre
avec une contradiction manifeste entre le texte et l'image
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Et pour couronner le tout, on trouve dans la presse internationale de beaux échos de l’événement. Tout ce que les pouvoirs publics voulaient précisément empêcher en trafiquant les procédures des audiences après l’arrêt de la Cour suprême. Eh bien, c’est raté !

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :
lire l’article principal de Página/12
lire l’article de La Prensa
lire l’article principal de Clarín
lire l’article de Clarín sur les chiffres (où le journaliste reconnaît lui-même que ceux du gouvernement ne peuvent qu’être très en-dessous de la réalité)
lire l’article principal de La Nación

mercredi 18 juin 2025

Incarcération de Cristina : la justice double en côte [Actu]

"Proscrite chez elle", dit le gros titre
en faisant allusion à la perte d'éligibilité (proscripción)
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Pour court-circuiter la foule des militants qui s’apprêtaient aujourd’hui à accompagner Cristina Kirchner en masse devant le palais de justice où devait se tenir l’audience d’application des peines ainsi que la presse nationale et internationale et les réseaux sociaux qui n’auraient pas manqué de publier les photos de la manifestation, ce dont en haut-lieu à Buenos Aires on ne voulait à aucun prix, l’audience s’est tenue hier, par visioconférence, et Cristina est donc déjà sous écrou, chez elle, dans son appartement du quartier de Constitution, dans le centre de la capitale fédérale argentine.

Quoi qu’ils en disent au palais de justice, ces précautions sont la preuve qu’il s’agissait bien d’un procès avant tout politique puisque c’est une manifestation politique que l’on a voulu empêcher !

Le juge a donc accordé un aménagement de peine qui, en Argentine (comme en France, soit dit en passant), est d’ordre public pour une personne de plus de 70 ans (Cristina en a 72) : elle subira ses six ans de privation de liberté chez elle, sans la surveillance permanente et humiliante du personnel pénitentiaire, sans la promiscuité avec les autres détenues, dans le confort qu’elle a elle-même choisi pour ce domicile, situé dans un quartier de classe moyenne.

"Elle purge déjà sa peine chez elle, à Constitución",
dit le gros titre sur cette image qui entend
humilier l'ancienne présidente
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En revanche, le juge a ordonné le port d’un bracelet électronique, sous prétexte d’entraver toute tentative de fuite, décision qui correspond à une indéniable volonté d’humilier la condamnée qui est tout le temps restée en Argentine, à part quelques courts séjours autorisés à l’étranger, généralement dans des pays limitrophes, en Uruguay, au Brésil, pendant l’instruction, pendant les audiences de jugement, tout au long de la procédure, jusqu’au jour où la Cour suprême s’est prononcée, plus rapidement qu’à l’accoutumée d’ailleurs. Et puis, d’un point de vue logique, la décision du juge tient d’autant moins debout que Cristina est bel et bien entourée d’un service de sécurité qui appartient à la police fédérale. Il faudrait donc que ces fonctionnaires soient eux-mêmes corrompus pour qu’elle puisse s’enfuir. Encore faudrait-il le prouver plutôt que de mettre en doute a priori l’honneur de ces policiers !

Cristina peut sortir sur son balcon, d’où elle a salué la foule de ses partisans tous les jours depuis l’arrêt de la Cour, mais le juge a posé des restrictions à ce droit pourtant modeste quand on voit le balcon en question, d’une vingtaine de centimètres en avant de la fenêtre. Ce faisant, le magistrat prouve une nouvelle fois le caractère politique de la condamnation.

"Cristina est déjà en prison chez elle
et elle doit porter un bracelet électronique.
Manifestation de soutien", dit le gros titre
sans photo de Clarín
Une façon de l'invisibiser déjà comme le souhaite
l'ensemble du spectre de la droite argentine
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De surcroît, il a aussi restreint son droit à des visites. La défense de Cristina doit présenter dans les deux jours une liste nominative des personnes pouvant venir chez elle, famille, médecins, avocats et officiers de sécurité auquel lui donnent droit ses deux mandats présidentiels (en effet, elle reste à ce titre dépositaire d’informations d’État et ne doit pas pouvoir faire l’objet d’enlèvement, de chantage, de menaces, elle qui a déjà subi une tentative d’assassinat il y a trois ans à la sortie d’une audience judiciaire au Palais de justice et qui ne doit la vie sauve qu’au fait que l’arme de poing du meurtrier potentiel s’est enraillée). Espérons que l’ancienne présidente gardera bel et bien la possibilité de communiquer par téléphone et que ses lignes ne seront pas sur écoute. Et puis bien sûr, il faudra qu’elle puisse se ravitailler et, comme elle n’a droit à aucune sortie, il faudra que quelqu’un lui fasse régulièrement des courses dans le quartier.

Pour l’heure, il est probable qu’elle va rester très discrète car tout ce qui pourrait ressembler, de près ou de loin, surtout de loin, à une violation de ses conditions de résidence surveillée entraînerait sans aucun doute leur révocation immédiate et son incarcération dans une prison de droit commun. Il ressort aussi de cette audience tenue en catimini que le juge lui a accordé un régime pénitentiaire plus léger que celui qui avait été imposé à Lula de l’autre côté de la frontière. Le magistrat n’a tout de même pas osé suivre les réquisitions du parquet.


Que cela plaise ou non aux puissants de l’heure en Argentine et même si la presse de droite maintient le contraire, Cristina bénéficie d’un soutien populaire fort (sans quoi, on n’aurait pas procédé en catimini). La confirmation de sa condamnation a sans doute déjà resserré les rangs à gauche, ce qui, en octobre prochain, lors des élections de mi-mandat, donnera peut-être la victoire à plus de candidats qu’il était raisonnablement prévisible avant cet arrêt de la Cour. Et puisque les autorités judiciaires jouent à cache-cache avec l’opinion publique, c’est la preuve qu’il faut parler, en Argentine et hors du pays, et dénoncer ce qu’il se passe parce que ce n’est pas ainsi que des magistrats se comportent dans un État de droit où la justice est publique.

Même technique qu'à Clarín : gros titre sans photo
"Cristina est détenue en résidence surveillée
et on lui mettra un bracelet électronique"
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Aujourd’hui, 18 juin, aura lieu en fin de journée un rassemblement en soutien à Cristina Kirchner sur Plaza de Mayo sous le mot d’ordre : « Nous avions déjà un 17 et voilà qu’il nous arrive un 18 ». Un slogan lourd de sous-entendus politiques, c'en est presque menaçant. Le 17 en question, c’est en effet le 17 octobre 1945 : ce jour-là, Perón, alors très populaire ministre du Travail et second personnage d’un gouvernement de fait surgi en 1943 pour empêcher l’Argentine d’entrer dans le conflit mondial sous la pression des États-Unis, a été arrêté en catimini et envoyé dans le bagne de l’île fluviale de Martín García, au large de Buenos Aires. Une foule considérable de ses partisans s’était alors rassemblée sur Plaza de Mayo, débordant dans les rues alentours, à tel point que la junte avait pris peur et l’avait fait libérer. Il était apparu au balcon de la Casa Rosada à minuit passé. C’est sans doute ce jour-là que Perón a gagné l’élection présidentielle de 1946 où son score, dés le premier tour, a écrasé pour plusieurs années toutes ses oppositions, à droite comme à gauche ! Le 17 octobre est aujourd’hui fêté tous les ans par les militants péronistes à grand renfort de rassemblements et d’événements culturels festifs : c’est le jour de la Loyauté (el Día de la Lealtad).

De toutes les provinces, des élus locaux prennent l’avion pour converger sur la place qui a vu la Révolution de Mai 1810. Dans la plupart des capitales de province, il y aura probablement des manifestations et à l’étranger, partout où il y a des Argentins en nombre, des rassemblements sont en cours d’organisation.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :
lire l’article principal de Página/12
lire l’article de La Prensa
lire l’article principal de Clarín
lire l’article principal de La Nación