lundi 15 avril 2024

Ce soir, on fait le plein avec le bandonéon [à l’affiche]

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Les activités publiques reprennent à la Academia Nacional del Tango, avenida de Mayo 830, ce soir, lundi 15 avril 2024, pour la saison.

A tout seigneur, tout honneur, le Plenario de ce soir sera consacré à la présentation d’un livre du compositeur et bandonéoniste Gabriel Merlino, intitulé « Archéologie du Bandonéon », un titre sans doute un peu pompeux mais « bien argentino ».

La chanteuse Vanina Tagini, qui a partagé avec Merlino plusieurs tournées en Europe ces dernières années, participera àla soirée.

Entrée libre et gratuite (ça ne change pas).

© Denise Anne Clavilier

dimanche 7 avril 2024

Festival Elijo Crecer : les chercheurs défendent la science [à l’affiche]

A droite, une belle carte symbolique de l'Argentine
avec sa forme de cône !


Ce week-end, les scientifiques argentins ont organisé et animent dans tout le pays un festival de la science, intitulé Je choisis de grandir (Elijo Crecer). A travers ces stands et ces rencontres, ils cherchent à sensibiliser le public aux enjeux de leurs métiers et de leur secteur.

Un secteur non marchand dont Javier Mileí ne comprend pas la nature, lui qui n’envisage le monde et la vie qu’à travers le profit économique immédiat, sonnant et trébuchant. Il veut donc en finir avec cette activité qui ne serait qu’un coût inutile pour l’État, qui devrait impérativement s’alléger.

Pour leur part, les scientifiques savent parfaitement qu’il s’agit en fait d’un investissement sur l’avenir du pays, qui a toutes les capacités d'en faire un acteur attractif, puissant et respecté dans le monde.

Comme d’habitude, seul Página/12 en rend compte dans la presse quotidienne d’envergure nationale. Les journaux locaux en parlent aussi : c’est une animation culturelle à ne pas manquer (elles se font rares ces temps-ci). Quant aux journaux nationaux de droite, ils s’en contrefichent. Tous ces chercheurs, ce sont des « progressistes », n’est-ce pas ? Donc des gens de gauche. Ils ne sont pas dignes que l’on intéresse les lecteurs à leurs revendications.

Je ne conçois pas que des hommes et des femmes qui travaillent dans la culture et l'économie du savoir puissent avaliser une politique aussi suicidaire !

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article de Página/12
visiter le site créé par les scientifiques pour présenter et promouvoir leur manifestation fédérale.

vendredi 5 avril 2024

Un État de plus en plus répressif [Actu]

"L'Etat en état de siège", dit le gros titre
sur cette photo de la police fédérale bloquant
l'entrée du secrétariat d'Etat aux droits de l'homme
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Avant-hier, Javier Mileí a envoyé la police, armée jusqu’aux dents, dans les différents ministères où il voulait virer du monde. Même le secrétariat d’État aux droits de l’homme, dont les bureaux sont situés sur le campus de l’ex-Esma, à Palermo, a vu les flics investir ses locaux. Mileí, qui avait salué mardi le passé glorieux de l’armée à l’occasion de l’anniversaire de la guerre des Malouines (provoquée par la junte militaire), met en place non pas l’État de liberté que d’aucuns ont cru il réclamait dans sa campagne électorale, mais un État policier et militariste qui s’éloigne à grand pas des idéaux de démocratie poursuivis, contre vents et marées, depuis quarante ans par le peuple argentin.

Hier, c’était les enseignants qui faisaient grève, un mois après la rentrée des classes.

Dans quelques jours, les syndicats appellent à une deuxième grève générale dans tout le pays.

"La colère des improductifs", dit le gros titre
Ce mépris dit déjà beaucoup
Ce n'est pas étonnant de la part
de ce quotidien ultra-réactionnaire
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Comme mes fidèles lecteurs le constatent, il devient très difficile pour moi de soutenir le rythme de publication qui était le mien sur ce blog avant l’arrivée au pouvoir de l’actuel gouvernement qui est en train de détruire systématiquement tout ce que le secteur culturel, au sens large du terme, a construit en Argentine depuis largement plus d’un siècle.

Monter des projets comme j’en avais régulièrement jusque ce que le covid vienne tout bousculer en 2020 est très probablement sans aucune perspective. D’ici quelques semaines, il est prévu que je prenne un poste de travail dans une maison d’édition (une perspective plutôt sympa, soit dit en passant). Dès lors, une bonne partie de mon temps est consacré à me familiariser avec mes futurs outils de travail quotidien.

Une autre partie de ce temps, je le consacre à approfondir ma découverte du monde ukrainien et à étudier cette langue, complexe (comme toutes les langues) et passionnante, avec son riche patrimoine historique et littéraire. Comme j’ai eu l’occasion de l’expliquer en janvier, l’Ukraine présente les mêmes enjeux qui m’ont fait me pencher sur l’Argentine : la construction d’une nation et d’un État indépendant et démocratique, avec un patrimoine culturel méconnu par chez nous et une histoire coloniale (ici, seulement pendant trois siècles sur un bon millénaire) à comprendre. De surcroît, ce que nous avons sous les yeux, cette guerre impitoyable que la Russie livre à ce pays, c’est avec la technologie d’aujourd’hui le même conflit d’indépendance qu’il y a deux cents ans, celle que j’ai étudiée sous bien des angles à travers les figures lumineuses de San Martín et de Belgrano ! Or des figures lumineuses, ce n’est pas ce qui manque en Ukraine, dans le passé et dans le présent, que l’on observe la politique, la chanson, la musique classique, la littérature, le cinéma, enfin bref partout où les yeux peuvent se porter...

Clarin prend parti contre les fonctionnaires licenciés
tout en soulignant la énième démission au sein du gouvernement
dont la stabilité n'est pas la qualité première
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Depuis juillet 2008, j’ai déposé dans ces colonnes une épaisse documentation francophone sur l’Argentine et sa culture. Je vais continuer à nourrir ce blog mais la nourriture risque fort de se faire plus rare au long des quatre ans de ce mandat désastreux et affameur, même si quelques uns de mes amis, dont je sais qu’ils ont voté pour Mileí et que j’ai du mal à comprendre, m’expliquent que ce type représente un futur plein d’espoir pour leur pays. Ils en sont convaincus. Moi non.

"Clameurs et coercition autour des fonctionnaires
licenciés", dit le gros titre sans cacher la violence
des rixes. Cliquez sur l'image pour une haute résolution

Le mandat de Mauricio Macri, pour lequel ils avaient aussi voté, s’est terminé en désastre social et en catastrophe économique pour tout le pays qui s’est effondré dans un nouvel endettement infernal et mes amis en étaient conscients et ils en avaient conçu une grande colère. Or ce mandat s’annonce pire encore. Avec des propos de haine décomplexée en plus. Au moins Macri, son sourire et son élégance vestimentaire ont-ils fait illusion pendant la première moitié de son mandat. Mileí a eu moins d'une semaine d’état de grâce ! Et encore, en calculant large.  Devant mes amis, je me sens un peu, mutatis mutandis, comme Iegor Gran devant ses connaissances russes qui ont accepté la propagande poutienne (1) et le mythe des ukro-nazis qui justifierait l’agression de ce pays voisin dont la Russie s’était engagée en 1994 à garantir l’intégrité des frontières !

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :



(1) Qui plus est, on trouve dans la bouche de Poutine comme dans l’actuel discours gouvernemental argentin les mêmes obsessions contre le féminisme et les droits de l’homme, le même rejet viscéral et irrationnel de l’analyse critique des dictatures historiques et des sexualités atypiques et la même instrumentalisation de la religion, que ce soit avec le prétendu patriarche Kirill, la figure du pape François tordue pour la faire rentrer dans le fanatisme miléiste et la pseudo-culture loubavitch ultra-réactionnaire de ce dernier qui ne le retient en rien de violer le chabbat pour faire genre ! Or Mileí prétend se tenir aux côtés de l’Ukraine contre la Russie, comme il est aussi du côté de Trump, de Bolsonaro et d’Orban. Cherchez l’incohérence. Elle n’est que trop facile à trouver.

Voir l’essai de Iegor Gran, Z comme zombie, POL Éditeurs, Paris, 2022, repris en poche chez Babelio, Gallimard (février 2024).

Le Festival Tango ECuHNi envers et contre tout [à l’affiche]



Demain, le Centre culturel ECuNHi (Espacio Cultural Nuestros Hijos, espace culturel nos enfants), animé par l’association Madres de Plaza de Mayo, lance une nouvelle édition de son festival de tango, qui dure une petite demi-journée…

Au programme, récitals, ateliers, cours de danse, rencontre avec les artistes.

Entrée libre et gratuite, dans le campus de l’ex-ESMA devenue un campus des droits de l’homme. Un pied-de-nez au président qui ne supporte par l’existence de ce type d’institution.

Comme d’habitude, seul Página/12 en parle.

© Denise Anne Clavilier
www.barrio-de-tango.blogspot.com

Pour aller plus loin :

lire l’article de Página/12
visiter la page Facebook de la manifestation.

Exposition de Hermenegildo Sábat au Museo de Arte decorativo à Buenos Aires [à l’affiche]

Affiche de l'exposition


Le défunt peintre et dessinateur de presse Hermenegildo Sábat, dit Menchi, qui a fait la majeure partie de sa carrière journalistique dans la rédaction de Clarín, fait l’objet depuis hier d’une rétrospective, la première depuis sa mort, au Museo Nacional de Arte Decorativo à Buenos Aires.

L’exposition a été inaugurée avec le ban et l’arrière-ban du groupe Clarín et durera jusqu’au mois de juin.


Beaucoup de portraits et de caricatures, pour lesquels Sábat avait un talent exceptionnel et un trait tout à fait reconnaissable.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article de Clarín d’avant-hier
lire l’article de Clarín d’aujourd’hui
lire l’artilcle de La Nación d’hier

Mileí revendique le vieux fond raciste colonial [Actu]

"Avec le visage de Roca", dit le gros titre
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Mardi, 2 avril, Javier Mileí présidait sa première cérémonie d’hommage aux combattants des Malouines qui se tient tous les ans au jour anniversaire du début de la guerre en 1982. Il a profité de l’occasion pour exprimer son admiration sans borne pour « la baronne Margaret Thatcher » (sur l’ordre de qui un navire baptisé General Belgrano a été coulé, faisant près de 400 morts argentins, sans parler de l’amitié de la dame pour Pinochet !). Pire encore sans doute, loin d’être le « meilleur Premier ministre britannique de l’histoire », elle en a sans douté été le pire puisqu’à sa mort, trente ans après son dernier jour au pouvoir, les Britanniques ont été très nombreux à manifester contre elle, y compris le long du cortège funéraire, alors que ce grand nombre d’années, avec le changement de génération, fait d’ordinaire taire les contentieux, au moins pendant le deuil et rassemble les gens autour du catafalque.

Non content de son effet, Mileí a ajouté une provocation de plus à la déjà très longue liste de ses insolences : il a nommé comme l’un de ses modèles historiques le général Julio Argentino Roca, celui qui, à la fin du dix-neuvième siècle, a conduit une expédition militaire d’une cruauté sans nom et reconnue aujourd’hui comme de nature génocidaire (encore que la notion n’existait pas encore), la dite Campaña del Desierto, un nom de propagande pour désigner ce qui était en fait la conquête de la Patagonie, alors habitée par les peuples mapuches comme on peut le constater sur les cartes de l’Argentine à la même époque (où la région est nommée comme « République indienne »). Il n’y a pas beaucoup personnages plus honni à gauche et même au centre que Roca, cette espèce de Custer du sud (à qui l’on prête cette formule odieuse : « un bon Indien est un Indien mort ».)

"Une cause nationale qui divise les politiques",
dit La Prensa, dont la plupart des éditorialistes
tiennent des propos très proches de ceux du président
sur les mêmes sujets
La photo représente le monument aux soldats
morts aux Malouines, en contre-bas de la
Plaza San Martin à Buenos Aires
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Une fois la cérémonie achevée, il a persisté dans ses propos par un acte symbolique : il a de nouveau débaptisé une salle d’honneur de la Casa Rosada, le Salón de los Pueblos Originarios, qui portera désormais le nom de Héroes de las Malvínas, le tout en prétextant que les peuples préhispaniques n’avaient aucune civilisation digne de ce nom. Une compréhension du monde dont San Martín et Belgrano eux-mêmes s’étaient déjà défaits au début du 19e siècle ! (1)

Plus de vingt ans d’efforts existants (à défaut d’être couronnés d’un plein succès) pour intégrer dans la nation et dans l’histoire ces peuples victimes de la colonisation, des maladies apportées par les conquérants européens puis de leur répression politique et culturelle que notre siècle reconnaît enfin comme criminelle, réduits à néant, volontairement, sciemment, cyniquement, par ce personnage débordant de haine et qui a voué sa vie au culte de l’argent et du profit…

L'étreinte hypocrite du président et de la vice-(présidente
devant le monument aux soldats morts aux Malouines
Ils ne se supportent pas et ne peuvent pas le cacher.
"Milei appelle à une réconciliation avec les Forces Armées",
dit le gros titre d'un journal dont la rédaction a autrefois
collaboré de bon coeur avec la Junte militaire
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Une nouvelle fois, l’Argentine, qui montrait la voie à tout son continent en matière de droits de l’homme, livrée à une régression dont elle aura du mal à se remettre.

Même idée pour cette autre une :
"Lors de l'hommage pour la guerre des Malouines,
Milei a appelé à une réconciliation avec les Forces Armées"
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Mileí a aussi appelé à une réconciliation nationales avec les forces armées, en confondant volontairement les bourreaux dûment condamnés avec l’ensemble des militaires du pays, ce qui au bout de quarante ans de démocratie est une confusion que les Argentins ne font plus, et alors que sa vice-présidente, catholique traditionaliste et elle-même fille d’un militaire qui a trempé dans la dictature, veut voir tous les condamnés amnistiés.

La plaque de la salle d'honneur dans la Casa Rosada

© Denise Anne Clavilier
www.barrio-de-tango.blogspot.com


Pour aller plus loin :



(1) Mileí n’a aucune considération pour les deux Pères de la Patrie qui pourtant réunissent tout le monde en Argentine. Sans doute parce qu’ils font l’unanimité et qu’il déteste cela dans son pays.

mardi 2 avril 2024

La loi de la jungle règne sur le mate [Actu]

"Ni yerba de ayer secandose al sol"
le gros titre est une citation de Enrique Santos Discépolo
(Célèbre tango Yira yira que j'ai intégré
dans Barrio de Tango, recueil bilingue de tangos argentins)
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Depuis hier, les prix dans le secteur de la yerba mate sont libres. L’Institut National de la Yerba Mate (INYM) ne peut plus fixer de prix plancher en-dessous duquel aucun industriel du secteur ne pouvait acheter la récolte de feuilles de cet arbre de la famille du houx dont les Argentins tirent une infusion qui est devenue un must de leur culture et de leur art de vivre, ainsi que de celui des Paraguayens, des Uruguayens, des Brésiliens dans l’extrême sud du pays et de nombreux Chiliens.

Cette régulation du prix depuis un peu plus de vingt ans avait permis à des petits producteurs de s’en sortir et de développer des produits originaux, de qualité supérieure. Toute une série de coopératives et de familles avaient fleuri dans le secteur, essentiellement dans les provinces de Corrientes et de Misiones.

C’est fini. Désormais, les producteurs seront à la merci des géants du marché qui les obligeront à vendre à vil prix la récolte s’ils ne la transforment pas eux-mêmes. Et ils pourront faire une guerre des prix aux producteurs-transformateurs de plus petite taille. Il est à craindre que de nombreuses marques disparaissent des rayons à plus ou moins longue échéance et que le bas de gamme gagne de la place dans les gondoles en même temps que les prix vont grimper à toute vitesse.

Clarín a préféré consacrer ses gros titres
à d'autres affaires mais le scandale
a droit à un appel d'article à droite
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De plus, il est peu probable que le reste de l’alimentation échappe à une forte dégradation du marché, à commencer par la viande et les produits laitiers, eu égard au fanatisme économique de ce gouvernement. C'est tout un patrimoine que le gouvernement refuse de protéger et de développer au bénéfice du profit de quelques grosses fortunes de l'agro-industrie !

Comme l’Uruguay dépend entièrement de la production argentine (et un tout petit peu de celle du Brésil), il y a fort à parier que cette décision se fera sentir aussi de l’autre côté du Río de la Plata.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

jeudi 28 mars 2024

Adieu à Cocineros Argentinos [à l’affiche]

Super-tournée de sandwich-saucisse pour plus de 100 personnes,
dit le sous-titre de l'émission


Une émission culinaire vieille de 15 ans a tiré sa révérence hier : la nouvelle direction (déjà démissionnaire par ailleurs) de TV Pública venait d’annoncer que Cocineros Argentinos ne serait plus produite au-delà du 31 mars. L’équipe a donc fait sa dernière hier puisqu’on entre aujourd’hui dans le grand week-end de la Semaine Sainte avec les jours fériés qui l’accompagnent et le dernier chassé-croisé touristique avant l’hiver austral.

Cette émission très sympathique et un brin foutraque qui s’efforçait de rendre compte de la variété de la cuisine de tout le pays et de mettre à l’honneur les manifestations locales et les spécialités de chaque province a eu un final exceptionnel : une centaine d’acteurs du secteur et d’anciens du programme ont répondu à l’appel des animateurs actuels.

"Nous faisons nos adieux à TV Pública"
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Sur leurs propres deniers, ils ont tous convergé vers le studio de Buenos Aires depuis Jujuy et la Terre de Feu, depuis La Pampa et les Andes, depuis Corrientes et Córdoba…

Pour le dernier numéro, il y avait de grands classiques de la gastronomie traditionnelle au menu : la tournée de sandwiches à la saucisse toute chaude sortie du barbecue (choripan) et un guiso federal (ragoût fédéral) géant aux légumineuses...

TV Pública semble promise à la privatisation même si rien n’est encore dit. Le gouvernement avait nommé un directeur qui n’a résisté que quelques semaines à toutes les pressions qui s’exerçaient sur lui et qui s’exerceront sans aucun doute sur son successeur, dont on attend de savoir qui il sera.

Et Cocineros Argentinos n’est pas la seule victime de cette opération de destruction patrimoniale menée tambour battant par le nouveau président.

"Nous sommes tous des cuisiniers argentins"
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Les journaux télévisés ont disparu de la grille. De surcroît, on vient même d’apprendre que la télévision publique a supprimé l’émission hebdomadaire du culte musulman. Les musulmans constituent une très modeste minorité en Argentine où ils ne subissent pas de discrimination particulière dans ce pays sans passif ni passé avec le monde arabo-musulman, à ceci près que le président est un soutien inconditionnel d’Israël et surtout de Bibi Netanyahu et ses alliés extrémistes. Jusqu’à il y a quelques jours seulement, Mileí prétendait même transférer l’ambassade à Jérusalem mais il en sera pour ses frais s’il veut imposer au Sénat la nomination de son rabbin préféré comme ambassadeur (le type n’a aucune compétence pour tenir ce poste et il n’a pas encore réussi à recevoir l’adoubement obligatoire de la Chambre haute à laquelle une concession vient d’être faite : le renvoi sine die du transfert à Jérusalem).

Dans son désir (apparent) de mettre le feu à son pays et au-delà, Mileí vient de récolter l’expulsion de tous les diplomates argentins en poste à Bogotá. Il n’a rien trouvé de plus intelligent à faire il y a quelques jours que d’insulter pour une nouvelle fois son homologue colombien (le premier président de gauche du pays), qu’il a traité d’« assassin communiste » et dont la patience a des limites.

L’ambassadeur colombien vient d’être rappelé pour consultation auprès de son gouvernement.

L’Argentine file un très mauvais cocon.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article de Página/12 sur la dernière de Cocineros Argentinos
lire l’article de La Nación sur cette dernière émission
lire l’article de Clarín sur la suppression de El Cálamo, l’émission musulmane.

Mes prochaines dédicaces au Palais de la Femme en avril [ici]

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Les 12, 13 et 14 avril 2024, en même temps que le gigantesque et très commercial Festival du Livre de Paris, se tiendra une nouvelle édition du petit et riche salon L’Autre Livre qui rassemblera de nombreux éditeurs artisanaux et militants de la diversité culturelle dans notre pays, avec leurs auteurs et autrices qui dédicaceront sur les différents stands.

Comme tous les ans au printemps, le salon se tiendra au Palais de la Femme, 94 rue de Charonne, dans le 11e arrondissement de la capitale (M° Charonne).

Je serai sur le stand des Éditions du Jasmin où je présenterai (et dédicacerai) mes ouvrages sur l’Argentine, sa culture populaire et sa grande histoire (aujourd’hui mise à mal par un gouvernement irresponsable et inculte et on en a pour quatre ans comme ça !).

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Je serai présente le vendredi et le samedi après-midi, les 12 et 13 avril prochain.

L’entrée est libre et gratuite.

Il y a de quoi gâter tous les âges et satisfaire tous les goûts.

Nous vous attendons nombreux dans un quartier bon marché et très vivant.

© Denise Anne Clavilier


Pour mieux connaître les Éditions du Jasmin, n’hésitez pas à aller faire un tour sur son site Internet.

mardi 26 mars 2024

Ils osent tout, c’est même à cela qu’on les reconnaît ! [Actu]

Estela de Carlotto a droit à sa photo juste
à côté du titre
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Ils osent tout ! Un procureur (de droite) de Mar del Plata vient de mettre en accusation Estela de Carlotto, la présidente de Abuelas de Plaza de Mayo (Grands-Mères de la place de Mai), pour incitation au coup d’État…

La droite ne lui pardonne pas le texte qu’elle a lu dimanche pendant la manifestation de commémoration du coup d’État de 1976. Elle a terminé son allocution en parlant de l’affreux président qui casse tout à la Casa Rosada en insultant tout le monde en ligne en prime. « Faisons quelque chose pour qu’il change ou qu’il s’en aille et le plus tôt sera le mieux » avait-elle conclu alors que Mileí, en poste depuis un peu plus de cent jours, détruit le droit du travail, la recherche publique, les universités nationales, la santé publique comme le montre en ce moment la terrible épidémie de dengue qui fait des morts et contre laquelle le gouvernement refuse de généraliser la vaccination, le secteur de la culture, la petite agriculture familiale, la lutte pour limiter le réchauffement climatique qui fait des ravages dans toute l’Argentine avec des inondations, des méga-feux, des sécheresses, des canicules et la fonte des glaces australes, et menace de relâcher dans la nature les criminels de la Dictature militaire qui ont été condamnés lors de procès équitables à de lourdes peines, souvent à perpétuité.

Là aussi, une photo tout en haut !
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Clarín n’hésite même pas à titrer que l’accusation est portée à la demande du président par un procureur à sa botte.

La Nación est le moins généreux des trois
L'info est traitée tout en bas à droite
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La presse est effarée par l’affaire qui annonce une nouvelle fois une dangereuse régression de la liberté d’expression dans le pays où il ne fait décidément pas bon ne pas être d’accord avec le pouvoir en place. Ce traitement de l’information est d’autant plus étonnant que la presse de droite ne porte pas dans son cœur l’association des Abuelas de Plaza de Mayo beaucoup trop proche de la gauche à son goût et que la cause elle-même ne paraît pas toujours légitime à tout le monde (pas mal de gens à droite ne voient pas pourquoi on va ainsi bouleverser la vie des « braves » familles qui ont adopté des enfants qui n’étaient pas les leurs… De « bons » chrétiens qui croient ou feignent de croire que « la vérité vous rendra libres » comme il est dit dans l’Évangile). Pourtant la personnalité mesurée de Estela et son sourire rayonnant sont appréciés un peu partout au-delà des clivages idéologiques et partisans en Argentine, sans parler de l’étranger.

Paradoxalement, c’est Página/12 ce matin qui se trouve le seul quotidien national à ne pas avoir inscrit l’affaire à sa une.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lundi 25 mars 2024

Grande manifestation des droits de l’homme hier [Actu]

"Nous avons 30.000 raisons de défendre la patrie",
dit le gros titre reprenant le slogan des manifestants
On voit ici la Plaza de Mayo archi-pleine,
jusque dans les rues adjacentes et la percée de Avenida de Mayo
(dans l'axe principal)
Le ruban qui contourne ce qu'on appelle la Pyramide de Mai
reprend les photos de tous les disparus sous la Dictature
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Hier, l’Argentine commémorait le 48e anniversaire du coup d’État de Videla et consorts qui a ouvert sept ans de la pire dictature subie par ce pays qui en a connu plusieurs.

La manifestation à La Plata avec cette jeune femme
figurant la "Liberté" coiffé du bonnet phrygien rouge
telle qu'elle est figurée à Buenos Aires au sommet
de la Pyramide de Mai, un monument érigé
le 25 mai 1811 pour le premier anniversaire de la Révolution
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Les militants de l’opposition et des droits de l’homme ont défilé dans les rues de toutes les grandes villes dans des manifestations géantes comme on en avait peu vues en quarante ans de démocratie.

"Deux sons de cloche", préfère titrer La Prensa
pour éviter de prendre parti
On y voit la Plaza de Mayo de l'autre côté.
La Casa Rosada est tout au fond
En dessous : la foule en deuil à Moscou
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De son côté, le gouvernement n’a rien trouvé de mieux à faire en ce jour particulier que de publier une vidéo ignoble qui met en scène trois ténors du négationnisme des crimes contre l’humanité de la Junte et remet donc en cause, d’une manière particulièrement vicieuse et perverse, les chiffres officiels des victimes de la dictature, soit trente mille adultes disparus et environ quatre cents enfants de moins de cinq ans volés à leurs familles opposantes au régime.

"Le gouvernement a nié les 30.000 disparus
et il a rouvert la polémique", dit le gros titre
sur cette photo de Plaza de Mayo en plongée
avec la statue de la Liberté en haut de la Pyramide
(en fait un pyramidion à la romaine)
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Les journaux de droite (La Prensa, Clarín, La Nación) hésitent entre d’un côté la dénonciation de la démarche scandaleuse du gouvernement, dont ils constatent qu’il fait tout pour semer les germes d’une guerre civile dans le pays, et de l’autre leur combat traditionnel contre ces commémorations d’une époque que la droite préférerait ensevelir dans l’oubli, pour faire comme s’il ne s’était rien passé, prétendant refermer sans bruit la parenthèse afin que tout le monde reprenne sa vie sans jamais parler de rien. L’attitude « secret de famille »… Devant l’affrontement spectaculaire entre les militants du souvenir dans la rue et ce gouvernement délibérément provocateur retranché dans la Casa Rosada protégée hier comme un bunker, ces quotidiens voient bien que quelque chose ne tourne pas rond. Ou plus exactement que le pays est en train de filer un très mauvais cocon sous la présidence de cet homme au comportement fasciste.

"Pour l'anniversaire du coup d'Etat,
le gouvernement plaide pour une mémoire complète"
dit le gros titre sur une vue en plongée
de Plaza de Mayo.
Au premier plan, en bas à droite, le Cabildo
où se sont produits les événements fondateurs du 25 mai 1810
De l'autre côté, la Casa Rosada dont on voit
qu'elle est protégée de la foule qui ne peut l'approcher
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Favorable à la commémoration, à la recherche de la vérité historique et politique et à la condamnation pénale à la suite de procès légaux contre les responsables politiques, militaires et policiers des crimes du régime, Página/12 est quant à lui vent debout contre ce gouvernement, lequel ne prend plus aucune précaution ne serait-ce que pour faire au moins semblant de dissimuler son caractère agressif, anti-social et anti-démocratique.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article principal de Página/12
lire l’article de La Prensa sur les prises de positions des organisations des droits de l’homme
lire l’article de La Prensa sur la vidéo gouvernementale
lire l’article principal de Clarín
lire le seul article de La Nación disponible en ligne sur les manifestations d’hier.

vendredi 22 mars 2024

Les artistes et les militants des Droits de l’homme préparent le 24 mars [à l’affiche]

"Maintenant plus que jamais", dit le gros titre
du supplément culturel de Página/12
sur une image de manifestation dans le parc
de la ex-ESMA, ancienne école de la marine
devenue sous Néstor Kirchner un complexe culturel
placé sous le parrainage de l'UNESCO
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Le 24 mars est traditionnellement un jour férié qui commémore le coup d’État militaire de Videla et consorts en 1976. Un jour pour célébrer le souvenir (des victimes et de la terreur d’Etat), la vérité (historique et juridique) et la justice (qu’il faut faire contre les bourreaux).

Cette année, la date tombe un dimanche et qui plus est le dimanche des Rameaux qui ouvre la Semaine sainte dans la religion chrétienne.

Devant la disparition des financements publics des institutions culturelles, les associations et le secteur culturel s’organisent pour proposer des activités aussi diversifiées que possible dans les centres culturels et certains musées. Aujourd’hui, seul Página/12 en fait part à ses lecteurs.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :