lundi 28 octobre 2024

En Uruguay, le peuple penche à gauche [Actu]

"Orsi contre Delgado
La coalition rassemble 47,1% et le FA 43,7%",
dit le titre du grand quotidien uruguayen
sous une forme volontairement trompeuse.
La "coalition" dont il est question ici correspond
aux partis de droite qui sont partis en ordre dispersé
tandis que la gauche (Frente Amplio) a fait
son unité opérationnelle il y a plusieurs décennies
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Les élections générales qui se sont tenues hier en Uruguay présentent ce matin un paysage politique encore incertain.

"Face à face", titre le quotidien de gauche
Diario La R (República) Digital
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Pour la présidence de la République orientale de l’Uruguay, le nom officiel du pays, la gauche est très nettement en tête puisque le duo président et vice-présidente proposé par le Frente Amplio n’a manqué que de quelques points de pourcentage pour remporter l’élection dès le premier tour. Il faudra toutefois retourner dans les bureaux de vote dans quelques semaines. Ce n’en est pas moins une défaite pour l’actuel président de la droite libérale qui voit le candidat de sa formation nettement battu (en Uruguay, le chef de l’État ne peut pas se succéder à lui-même).


"En relevant le front", titre Página/12,
le journal de la gauche argentine, avec son jeu de mot habituel
En photo, de dos, Orsi, le candidat à la présidence,
et à ses côtés, la future probable vice-présidente.
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Pour le Parlement, les résultats sont moins nets : si la gauche devient majoritaire à la chambre basse, il n’en va pas de même au Sénat où la majorité reste incertaine. A droite, les partis pourraient donc concrétiser une coalition de gouvernement pour combattre la gauche, laquelle pourrait bien s’emparer de l’exécutif national.

Sur la Une de La Prensa, l'information
n'a droit qu'à un titre très secondaire
(à gauche, dans l'encadré rouge du haut)
Le titre principal est consacré au budget
argentin actuellement débattu au Congrès
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Une petite revue de presse uruguayo-argentine s’impose.

C'est plus clair à la Une de Clarín :
le duo en tête de face
et un titre qui dit clairement que la gauche a gagné
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© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

en Uruguay :

Pour les autres titres, on se contentera des unes puisque les sites Web limitent l’accès au contenu des articles

En Argentine :
lire l’article de Página/12
lire l’article de La Prensa
lire l’article de Clarín
lire l’article de La Nación


La Nación a préféré montré les deux
candidats du second tour
Orsi est à gauche (comme il se doit !)
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vendredi 25 octobre 2024

Ma prochaine dédicace au Palais de la Femme [ici]

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Vous pouvez l'imprimer et la partager
(merci pour votre aide à la diffusion)


Le samedi 9 novembre 2024, toute l’après-midi à partir de 14h et jusqu’à la fermeture, je serai au Salon International de l’Autre Livre, au Palais de la Femme, 94 rue de Charonne, à Paris, dans le 11e arrondissement.

Comme le savent désormais mes fidèles lecteurs, ce salon réunit des éditeurs indépendants installés en France, en Belgique, en Suisse, qui se sont regroupés en association et organisent à Paris ou ailleurs des événements culturels.

Venez me retrouver sur le stand des Éditions du Jasmin. J’y présenterai l’ensemble de mes livres déjà parus dans cette maison, le tout dans une ambiance pas trop bruyante. On peut donc prendre le temps de se rencontrer et d’échanger. Dans une salle attenante, L’Autre Livre propose des boissons, du thé, du café et de quoi satisfaire un petit creux.

L’entrée est libre et gratuite pendant tout le week-end (hors jour férié).

© Denise Anne Clavilier

jeudi 24 octobre 2024

La Runfla présente son deuxième disque au CCC Floreal Gorini [à l’affiche]


Le quatuor La Runfla, formé d’une chanteuse et de trois guitaristes, se produira ce soir, jeudi 24 octobre 2024, à 21h, au Centro Cultural de la Cooperación Floreal Gorini, Avenida Corrientes 1543, pour y présenter son deuxième album au titre suggestif : Estafa piramidal (entendez : « Pyramide de Ponzi », la célèbre escroquerie qui consiste à rembourser les premières victimes qui réclament leurs placements par les règlements des suivants et ainsi de suite).

Un tango original et engagé dans la vie politique et socio-économique du moment, quand bien même le projet remonterait à 2017, loin, très loin du cauchemar dans lequel l’élection de Mileí a plongé le pays qui subissait alors une première vague de dérégulation à tout va sous la présidence de Mauricio Macri, qui est en train d’infiltrer ce nouveau gouvernement ultra-minoritaire.

Prix des places : 10 000 $ ARG.

Página/12 propose ce matin une interview de Florencia Ubertalli, la chanteuse du groupe.


© Denise Anne Clavilier

Pour aller plus loin :
lire l’article de Página/12

lundi 21 octobre 2024

Pour les 120 ans de Tita Merello, Caras y Caretas lui consacre son numéro d’octobre [Troesmas]

Tita Merello, une drôle de fille
dit le titre en citant le titre du tango Muñeca Brava
(ce qui pourrait se traduire par "Drôle de fille")


La chanteuse et actrice Tita Merello, emblématique voix féminine du tango canyengue, celui des faubourgs et des titis portègnes, aurait eu cent vingt ans le 11 octobre dernier.

Excellent prétexte pour la rédaction de Caras y Caretas, du groupe médiatique Octubre (qui possède aussi Página/12), pour sortir un numéro consacré à cette artiste exceptionnelle.

A ce titre, elle dispose bien sûr d’un espace privilégié sur le portail encyclopédique du tango argentin (en espagnol), Todo Tango, où l’on peut écouter quelques uns de ses enregistrements d’anthologie. A découvrir dans Caras y Caretas et sur Todo Tango si ce n’est pas déjà fait !

Pour aller plus loin :

jeudi 17 octobre 2024

Musique classique au bandonéon : le nouveau récital de Julio Coviello [à l’affiche]

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Ce soir, jeudi 17 octobre 2024, à 21 h, le bandonéoniste et compositeur Julio Coviello se lance à La Tierra Invisible, l’espace musical qu’il dirige dans le quartier excentré de Parque Chacabuco, dans l’ouest de Buenos Aires, dans une série de concerts consacrés au bandonéon comme instrument de musique classique, une pratique régulière dans les conservatoires argentins mais rare, pour ne pas dire inconnue, sur scène, en public.

Ces compositeurs ont en effet été introduits dans les programmes des études musicales pour faire découvrir et travailler la richesse polyphonique du bandonéon à ses futurs interprètes professionnels.

Au programme de ce soir : des œuvres de Scarlatti.

Entrée : 6 000 $ (par personne). Ce prix traduit l’inflation terrible qui règne depuis juin 2018 et qui n’a cessé d’augmenter depuis (1).

Julio Coviello a accordé une interview à Página/12 qui a inséré dans son article en ligne un enregistrement public de son interprétation d’un prélude et d’une fugue en fa mineur de Bach. A écouter. Cela vaut le coup.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :



(1) Aujourd’hui, l’inflation continue de grimper à un rythme qui certes ralentit un peu mais pour une seule raison : depuis janvier, la politique économique du gouvernement a tout simplement asséché la demande dans tous les domaines. Les prix de vente se calment donc partiellement. En Argentine, les nouvelles continuent à être toutes plus démoralisantes les unes que les autres : l’université publique est en danger de disparaître malgré les manifestations en sa faveur de la communauté universitaire dans tout le pays. Un hôpital psychiatrique renommé de Buenos Aires, el Hospital Laura Bonaparte (du nom d'une mère de la Place de Mai, elle-même médecin), a été fermé (les salariés l’occupent actuellement pour éviter le pire). Un musée prend le même chemin, celui du costume (el Museo del Traje), dont les réserves conservent environ deux milles vêtements dont les plus anciens remontent à l’époque napoléonienne. Cela correspond à la mode sous la Révolution de Mai 1810 et toute la période indépendantiste. C’est dire la valeur patrimoniale et symbolique de ce trésor qui ne sera plus exposé et dont on ignore s’il sera même préservé.
Le gouvernement a annoncé son intention de privatiser les routes nationales (ce qui pourrait bien signifier un péage or ces routes structurent et assurent la continuité territoriale du pays) et celle de vendre, pour la seconde fois de son histoire, la compagnie aérienne nationale Aerolíneas Argentinas. Il va également déréguler les liaisons par car longue distance, qui ont elles-mêmes remplacé les lignes ferroviaires privatisées puis fermées dans les années 1990, sous la présidence Menem, et n’a pas l’intention pour autant de doter l’État des moyens de contrôler le respect des normes de sécurité. C’était jusqu’à présent un moyen assez sûr de voyager dans tout le pays à des prix raisonnables (je l'ai moi-même fait avec plaisir) alors que l’avion restait et reste hors de prix pour beaucoup. Il est donc à craindre qu'on ne puisse plus ni voyager dans sa propre voiture sans dépenser une fortune ni en car longue distance sans risquer sa peau.

Qui plus est, pour conserver un pays vivable où la prospérité soit un objectif atteignable avec un peu d'effort et d'organisation collectifs, les Argentins ne peuvent plus compter sur les parlementaires qu’ils ont élus il y a un an sur un programme assurant le maintien et le développement d’un État social et régulateur, alors même que ces élus nationaux constituent l'écrasante majorité du Congrès : Mileí a acheté un certain nombre d’entre eux, le nombre dont il avait besoin pour avaliser toutes ses décisions discrétionnaires. Ils votent désormais dans le sens qu’il souhaite, en trahissant leurs mandants ouvertement et tous les jours !
Dans trois ans, à la fin de cette présidence, l’Argentine sera à genoux, si elle ne l’est pas déjà, et elle mettra plusieurs décennies à se relever.

jeudi 19 septembre 2024

Festival Osvaldo Ruggiero en ligne et en public [à l’affiche]

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Ce soir, jeudi 19 septembre 2024, commence à Buenos Aires le deuxième festival Osvaldo Ruggiero consacré au bandonéon. L’événement porte le nom d’un des plus célèbres bandonéonistes de l’orchestre de Osvaldo Pugliese (1905-1995).

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La Fábrica Argentina de Tango a ouvert les festivités hier soir sur sa chaîne Youtube (tango.fabrica) tandis que ce soir et demain, tout le monde est invité à venir écouter les artistes à la Academia Nacional del Tango, sur Avenida de Mayo, dans le quartier de San Nicolás.

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Samedi, on change de lieu : concert au CAFF, au milieu de l’Abasto, le quartier de Gardel et de Troilo !

© Denise Anne Clavilier

mercredi 18 septembre 2024

Une conférence sur Gardel au Museo Mitre : rare ! [à l’affiche]

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Demain, jeudi 19 septembre 2024, à 18h, le Museo Mitre propose une conférence sur Carlos Gardel qui, à ses débuts, chantait surtout de la musique rurale et non pas du tango. A cette époque où il fallait qu’il se produise dans les restaurants fréquentés par la très bonne société de la fin de la Generación del Ochenta, une période politique qui s’étend de 1880 à 1916, année au cours de laquelle Gardel bascule dans le tango, le chanteur a mis à son répertoire une valse en hommage à Bartolomé Mitre (1821-1906), l’homme de lettres, l’érudit, le patron de presse et l’homme politique qui avait occupé la présidence argentine dans la période précédente (la República Conservadora, 1860-1880).

Il existe un enregistrement de cette valse intitulée A Mitre. C’est l’un des tout premiers disques de Carlos Gardel : il date de 1912.

La conférence de Mario Ezequiel Pérez portera donc sur les origines du tango dans la vie politique argentine du début du 20e siècle.

Le Museo Mitre est installé dans ce qui fut la demeure privée de ce personnage-clé dans la vie politique, institutionnelle et intellectuelle de l’Argentine. La visite vaut le coup, notamment pour l’impressionnante bibliothèque qu’il avait assemblée et lue tout au long de sa vie et le trésor archivistique que ce collectionneur passionné avait constitué, nous préservant de véritables trésors pour la recherche historique. C’est un des principaux musées d’histoire à Buenos Aires et bien entendu, sa direction est menacée par Mileí et son ignorance crasse (dont il a encore fait étalage cette semaine dans un long discours sur sa politique économique que presque personne n’a voulu écouter).

© Denise Anne Clavilier

samedi 14 septembre 2024

Vu d’Ukraine, bien sûr, c’est différent ! Nouvelle interiew de Zelensky dans Clarín [ici]

Photo Présidence de l'Ukraine
La journaliste argentine (Clarín) est au centre, avec les lunettes
sur les cheveux
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Autant en Argentine, Mileí représente de plus en plus maintenant la catastrophe qu’il provoque dans le pays, autant le point de vue ukrainien est différent. Mileí est en effet l’un des quelques chefs d’État qui ont officiellement et publiquement pris parti pour le pays agressé, comme c’est le cas au Chili, en Uruguay, au Pérou et en Equateur alors que comme Mileí, les présidents péruvien et équatorien menacent eux aussi la continuité de l’État de droit dans leur pays.

Une nouvelle conférence de presse s’est tenue cette semaine à Kiyv : elle a mis en présence des journalistes sud-américains et le président ukrainien. C’était un voyage de presse organisé par le Ministère des Affaires étrangères ukrainien dans le cadre des rencontres de la Plateforme Crimée qui prépare le retour de la presqu’île aun sein de l’Ukraine indépendante après la victoire.

Clarín publiait hier une synthèse pleine page des propos présidentiels avec un titre qui exagère beaucoup le contenu des réponses de Zelensky : il aurait soutenu Mileí et condamné Lula.

Ce n’est pas tout à fait cela. Si Zelensky a en effet dénoncé l’alignement de Lula sur les positions russes, il en a donné une explication économique et non pas idéologique qui préserve l’avenir (la dépendance d’un certain nombre de pays du continent à la Russie qui alimente leur marché intérieur sans qu’ils puissent s’en dégager facilement, et ce n’est pas faux).

Quant à Mileí, le chef d’État ukrainien fait le minimum diplomatique, là encore pour préserver l’avenir : Mileí a, déclare-t-il, répondu positivement à toutes ses demandes, ce qui est déjà un motif de reconnaissance de la part de l’Ukraine. Zelensky prend bien soin de ne pas répondre à la question de la journaliste qui relevait que la production et la livraison de munitions par l’Argentine, suite à la signature d’un accord international entre les deux ministres de la Défense a cet effet, ne se sont jamais concrétisées.

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Et d’ailleurs, Mileí avait promis de se rendre en Ukraine. On attend toujours ! Et il avait même renoncé à se rendre en juin en Suisse, à la Conférence pour la Paix, avant de changer d’avis une nouvelle fois et d’être présent. Curieusement, cela s’est traduit par une décoration que lui a remise Zelensky sur place et Mileí adore les décorations et les récompenses. Il est capable de faire, aux frais de la princesse, un nombre de kilomètres considérables pour recevoir ce genre de gratification, même lorsqu’elle vient d’un groupuscule inconnu au bataillon.

Il est donc intéressant de confronter l’article de Clarín, qui n’a même pas trouvé légitime d’annoncer l’interview en une, et la vidéo dont un extrait sous-titré en espagnol est intégré dans l’article en ligne.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :
lire l’article de Clarín

Un Plenario consacré aux apports africains au tango [à l’affiche]

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Lundi prochain, le 16 septembre 2024, à 18h, dans les locaux de la Academia Nacional del Tango, présentation d’un ouvrage de recherche sur l’histoire musicale et chorégraphique du tango : Las Rutas afro en el Tango.

L’ouvrage relève d’une démarche anti-raciste, qui est la très bienvenue dans l’Argentine où Mileí fait régner une atmosphère toxique dans ces domaines : racisme, xénophobie, machisme.

Ce livre aurait fait plaisir à Alorsa auquel ses amis rendent hommage ce soir à La Plata.

Comme toujours, la soirée est ouverte à tous et l’entrée est gratuite.

© Denise Anne Clavilier

vendredi 13 septembre 2024

Hommage à Alorsa pour les quinze ans de sa mort [à l’affiche]

"Le tango est de retour", dit le titre du spectacle
en citant celui d'un des textes les plus connus de Alorsa

A La Plata, la ville où il est né, où il vivait et où un infarctus aigu est venu nous le voler par une nuit caniculaire du mois d’août (32° à Luján ce jour-là, à la fin de l’hiver !), demain, samedi 14 septembre 2024, de nombreux artistes se réuniront sur la scène du Planetarium de l’Université Nationale de La Plata (UNLP) pour rendre hommage à leur ami, l’auteur-compositeur interprète Alorsa, décédé en 2009, à l’âge d’à peine 39 ans (il les aurait eus au mois de novembre suivant).

La soirée commencera à 20h.

Parmi les nombreux artistes annoncés : Cucuza, Lucio Arce (qui vint me prendre à Buenos Aires pour me conduire à ses obsèques à La Plata en ce mois d’août qui nous a tous si douloureusement marqués), Facundo Radice, Julieta Cabrera et bien entendu ses musiciens, qui formaient avec lui La Guardia Hereje (1) et qui ne l’ont pas oublié.

Parmi eux, Leo Gianibelli a assuré la promotion de la soirée : il a donné de nombreuses interviews dans lesquelles il dresse un portrait attachant de l’homme et fait une analyse vue de l’intérieur de l’œuvre inachevée qu’Alorsa nous a laissée avec cette mort terriblement précoce.

Alorsa sur scène. Il brandit un horrible nain de jardin
Entendant un jour qu'il y avait en France un mouvement
"pour la libération des nains de jardin", qui volaient ces objets de décor
chez les particuliers, il avait fait une chanson pleine de son humour
si subtil et délicat
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Permettez-moi d’évoquer ici deux souvenirs : avec son accord, j’avais intégré une dizaine de ses textes à ma seconde anthologie bilingue, Le Bicentenaire de l’Argentine à travers le patrimoine littéraire du tango, parue en décembre 2010 comme numéro thématique spécial de la revue Triages (Tarabuste Editions), un volume que l’éditeur avait publié avec l’aide et le soutien du Conseil National du Livre.

Son hymne à Maradonna, que beaucoup de chanteurs de sa génération ont désormais inscrit à leur répertoire, Para verte gambetear (pour pouvoir te voir dribbler), fait, quant à lui, partie de la première, Barrio de Tango, recueil bilingue de tangos argentins, parue en mai 2010 et toujours disponible aux Éditions du Jasmin, que je pourrai donc, non sans émotion, dédicacer dimanche prochain à la Fête de l’Huma, un rendez-vous culturel international qui lui aurait beaucoup plus avec ce public de toutes les couleurs et venu de toute la France. Comme si c’était hier, je me souviens de la découverte de cette chanson en août 2007, au tout début de mon tout premier séjour en Argentine : c’était chez Walter Alegre, le coordinateur de la Ciudad del Tango, au CCC Floreal Gorini, devenu un ami précieux depuis. Pendanr qu’il préparait un modeste et délicieux asado sur son balcon, Walter avait mis en route le magnétoscope pour me faire entendre cette chanson et à peine le morceau était-il terminé que le chanteur lui-même frappait à la porte pour un petit coucou à l’improviste parce qu’il était de passage à Buenos Aires. C’était Alorsa et son inséparable guitare. Il a pris part à ce dîner à la bonne franquette (à la mode argentine), nous avons échangé jusqu’à pas d’heure et je lui ai exposé mon projet de bouquin pour obtenir l’autorisation d’y traduire sa chanson.

Pour les besoins des deux livres, Alorsa et moi avons ensuite beaucoup échangé, par mail interposé (on ne parlait pas encore de Whatsapp), sur les nuances dont je voulais tenir compte dans mes traductions et en 2009, alors que les livres ne sont sortis que l’année suivante, j’ai appris que cela l’avait touché. C’est sa mère, Olga, partie elle aussi beaucoup trop tôt, qui me l’a raconté dans ce salon où elle nous servait le café quelques heures après les obsèques de son fils.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :




(1) La Guardia Hereje : la Garde hérétique. Une allusion à l’histoire du tango où l’on a défini deux époques fondatrices, la Guardia Vieja (la Vieille Garde), où régnaient les musiciens amateurs (avant 1910 approximativement), et la Guardia Nueva (la Nouvelle Garde), où sont apparus les premiers musiciens professionnels, souvent issus de conservatoires et de théâtres européens, lesquels ont donné au tango toute sa complexité orchestrale et harmonique.

Nouvelle dédicace à la Fête de l’Huma dimanche [ici]

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Dimanche prochain, 15 septembre 2024, je serai toute la journée sur le stand des Editions du Jasmin au Village du Livre de la Fête de l’Huma qui se tient cette année exceptionnellement à Brétigny (pendant toute la durée de Paris 2024, le domaine de La Courneuve a en effet accueilli un parc temporaire d’activités pour les enfants autour du sport et de l’olympisme et l’heure est au démontage).

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Pour cette journée dominicale qui marque ma rentrée d’autrice, je disposerai de l’ensemble de mes bouquins parus au Jasmin, ceux sur le tango (la culture populaire urbaine), celui qui s’appuie sur le folklore (culture populaire rurale) et ceux qui présentent deux personnages fondateurs dans l’histoire du pays, les révolutionnaires qui ont voulu établir sur le continent les principes de la souveraineté nationale et l’État de droit que sont José de San Martín (1778-1850) et Manuel Belgrano (1770-1820).

© Denise Anne Clavilier


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« Ils n’ont pas de pain, qu’ils mangent de la brioche !» : le faux historique versaillais prend forme à Buenos Aires [Actu]

Un beau plateau de medialunas dans une boulangerie artisanale


Pendant cette pause éditoriale sur Barrio de Tango pendant la « trêve olympique », la situation politique, économique et sociale en Argentine a continué de se dégrader considérablement : le président a retiré à l’INADI ses compétences d’enquête concernant le sort des disparus, mineurs, de la Dictature, il a restreint les informations sur l’activité gouvernementale auxquelles le public doit avoir accès, sous prétexte de protéger la vie privée des dirigeants ; il a mis son veto à une loi qui relevait de 8 % les pensions de retraite (dans un pays où l’inflation cumulée depuis le 1er janvier est déjà de 94% l’an), fait réprimer à coup de balles en caoutchouc et de gaz lacrymogène en plein visage les retraités qui manifestaient devant le Congrès, acheter ensuite un certain nombre de députés du parti radical (UCR), le plus vieux parti du pays fondé en 1890 précisément pour lutter contre la corruption et établir un Etat de droit digne de ce nom, ceci afin que la Chambre ne dispose pas de la majorité nécessaire à la levée de ce veto inique (et ça a marché !) ; il est allé prononcer un discours devant l’union des industriels pour leur dire d’aller se faire voir chez les Grecs et qu’il ne tiendrait aucun compte des besoins exprimés par leur secteur, il a ouvert les frontières à tous les produits d’importation, alimentaires et manufacturés, ce qui va conduire à la faillite de nombreuses entreprises… Bref, c’est une crise encore plus profonde qu’en 2001 qui s’installe en Argentine et sans aucun doute pour longtemps.

"Assaut contre les retraités", dit le gros titre
En bas à gauche, le scandale des petits-déjeuners présidentiels
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On assiste à un effondrement de la consommation des ménages et du tourisme, un arrêt de nombreuses activités de recherche scientifique, une fuite de plusieurs investisseurs étrangers qui ferment leurs établissements en Argentine, un appauvrissement de l’actualité du spectacle, une hausse du chômage, du travail non déclaré et de la violence crapuleuse : on tue pour voler une voiture, pour s’emparer d’un téléphone portable, pour rafler le contenu d’un magasin.

Les réserves alimentaires constituées par le précédent gouvernement pour faire face à d’éventuelles crises n’ont toujours pas été distribuées aux plus nécessiteux et la ministre continue à se pavaner, sûre de son bon droit et de l’appui indéfectible de Mileí, son protecteur et « meilleur ami », malgré les plaintes déposées contre elle en justice.

Le quotidien de la droite catholique souligne
les mêmes faits. En haut en rouge :
"Semaine compliquée au Congrès pour
le gouvernement Mileí"
En bas et à gauche : les scandales des medialunas
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Le groupe présidentiel au Congrès s’est fracassé sur le scandale d’une visite parlementaire en prison aux plus emblématiques condamnés pour crimes contre l’humanité, l’une des élues impliquées n’ayant pas hésité à publier les manigances peu honorables qui ont conduit à cette démarche qui semblait devoir s’inscrire dans un processus de libération, voire d’amnistie de ces criminels galonnés (ou galonnés criminels, dans l’ordre que vous préférez).

Et c’est dans ce contexte que’au début de la semaine, la presse a révélé un scandale symbolique : pendant que 75 % des habitants de l’Argentine se serrent la ceinture et ne mangent pas toujours à leur faim, notamment de très nombreux enfants, le gouvernement dépense 16 millions de pesos en viennoiseries diverses et variées pour le service du petit-déjeuner des élus et de leurs conseillers : Página/12, La Prensa et Clarín ont publié les contenus et les montants des factures. Edifiant ! En outre, ces commandes sont passées à des industriels (pains et medialunas congelées) plutôt qu’à des artisans qui font vivre ses spécialités en y mettant tout leur cœur et leur sens de la qualité (il y en a beaucoup autour de la Casa Rosada et à n’en pas douter non plus à Olivos, où vit le président, entouré de ses « enfants », ses cinq chiens clonés). Les rédactions des deux premiers quotidiens cités ont été assez choquées pour mettre l’info en une.

Le moins qu’on puisse dire est que ce paysage ne me laisse pas beaucoup de latitude pour reprendre ce blog comme avant : la vie culturelle n’est plus ce qu’elle était en Argentine. Je me contenterai donc désormais de publier par à-coup, de façon irrégulière, lorsque quelque chose le méritera, comme c’est le cas ces jours-ci avec un hommage à Alorsa à La Plata, une conférence sur Gardel au Museo Mitre à Buenos Aires, une présentation d’ouvrage sur l’héritage africain dans le tango à la Academia Nacional del Tango, dans la capitale fédérale là encore, ou cette nouvelle interview de Volodymyr Zelensky à la presse sud-américaine qui laisse entrevoir toute l’ambiguïté idéologique envers la guerre contre l’Ukraine qui règne dans ces différents pays.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

mercredi 7 août 2024

Un scandale qui atteint le péronisme [Actu]

"Violence de genre et terrorisme psychologique",
dit le gros titre
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L’affaire couvait depuis quelques jours. Elle a donc éclaté hier. L’ancien président Alberto Fernández, qui a précédé Mileí à la Casa Rosada, est accusé par son ex-compagne, Fabiola Yánez, de violences conjugales.

Cette affaire dérive de l’enquête, ouverte depuis plusieurs mois, sur des faits de corruption autour des contrats d’assurance de l’État : les marchés passés sous la présidence de Fernández auraient bénéficié à des amis du président qui s’en seraient mis plein les poches. Dans ce cadre, le téléphone d’une des secrétaires de Fernández a été saisi et son contenu analysé par les enquêteurs. Ils y ont trouvé des conversations privées entre cette dame et l’ex-Première dame Fabiola qui lui parlait des coups que lui donnait le président. Entendue une première fois, début juillet, par le juge d’instruction sur ces éléments de preuve, Fabiola Yánez avait refusé catégoriquement de porter plainte et l’affaire avait par conséquent été classée. Jusqu’à ce qu’il y a quelques jours, elle ne fuite dans la presse où elle a été abondamment et diversement commentée selon la couleur politique de la rédaction.

 

Pas de photo sur Clarín ! Quelle révolution !
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Hier, Fabiola Yánez, qui est restée vivre à Madrid avec l’enfant du couple, né pendant le mandat de son père, a appelé le cabinet du juge : elle avait changé d’avis et voulait porter plainte. Elle accuse désormais son ancien conjoint de coups et blessures mais aussi d’un constant harcèlement par tous les moyens de communication (elle parle même de « terrorisme psychologique », ce qui ne sera pas retenu comme tel par l’instruction puisqu’un tel terrorisme n’existe dans aucune loi argentine).

L’ex-président, qui vit à Buenos Aires, dans son appartement de Puerto Madero, où le couple avait élu domicile avant le mandat, s’est contenté d’une déclaration écrite et diffusée dans les réseaux sociaux : il y nie catégoriquement les faits tout en annonçant qu’il est en mesure de prouver devant la justice qu’ils n’ont jamais existé. Il ajoute qu’il ne fera aucune autre déclaration afin de protéger sa famille et Fabiola elle-même. Le juge lui a interdit d’approcher à moins de 500 mètres de son ancienne compagne ainsi que de quitter le territoire national (comme elle vit à Madrid, elle peut être tranquille). Il a également l’interdiction de se mettre en communication avec elle, y compris par écrit. En revanche, il peut appeler son fils.


Même politique prudente de la part de La Nación
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Alberto Fernández est l’un des présidents qui a le plus fait avancer la protection du droit des femmes dans la législation argentine depuis le retour à la démocratie. C’est lui qui a fait passer la loi qui dépénalise l’avortement (ce qui permet aux intéressées de ne pas dépendre de la décision d’un juge, comme ces très jeunes adolescentes quin se voyaient refuser, même après un viol, même après un inceste, le droit de mettre fin à leur grossesse sur des motifs parfois purement idéologiques). Alberto Fernández a aussi fait mettre en place des procédures qui protègent les femmes des violences de genre. Toutes mesures qui sont aujourd’hui menacées de suppression par Mileí et sa clique.

Il est probable que, quand bien même il pourrait prouver son innocence, ce qui est toujours très difficile, l’ancien président ne pourra pas se relever politiquement d’un tel scandale. Dans tous les cas, le doute est semé et les preuves avancées par les enquêteurs ont toute l’apparence d’être très sérieuses.


Même pas besoin de traduire !
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Voilà ce qui augure mal des élections de mi-mandat l’année prochaine pour la gauche. Plusieurs personnalités politiques ont déjà fait savoir qu’elles se plaçaient sans hésiter du coup de la victime.

© Denise Anne Clavilier
www.barrio-de-tango.blogspot.com


Pour aller plus loin :
lire l’article principal de Página/12, qui jusqu’ici soutenait mordicus l’ancien mandataire dans le scandale des assurances mais a peut-être choisi désormais de le laisser tomber devant la gravité de la plainte de l’ex-Première dame,
lire l’article de La Prensa, qui a choisi de traiter l’affaire avec une ironie ravageuse
lire l’article de Clarín sur l’écart entre cette accusation (et la personne qui la porte !) et les positions publiques affichées par l’ancien président pendant son mandat (d’autres articles sont réservés aux abonnés)
lire l’article principal de La Nación