vendredi 20 juillet 2012

Hommage à Ignacio Corsini demain dans sa rue [Actu]


Ignacio Corsini était un chanteur strictement contemporain de Carlos Gardel, qui resta plus que lui fidèle à la tradition esthétique des payadores, dans la manière de chanter notamment, tandis que Gardel tirait peu à peu le tango vers une esthétique plus européanisante avec l'introduction des techniques du bel canto dans l'art vocal utilisé.

Ignacio Corsini était né en Sicile, le 13 février 1891, et mourut à Buenos Aires, après une belle carrière de chanteur et de comédien, le 26 juillet 1967. Comme Carlos Gardel, il était un enfant naturel né de père inconnu et arriva très tôt, à 5 ans, en Argentine.

Très engagé politiquement, il fut le créateur de la série de morceaux de Enrique Maciel et Pedro Blomberg (1) que l'on appelle el ciclo federal, pleins de la nostalgie de l'époque (dite fédéral) de Juan Manuel de Rosas (1835-1852), où les noirs connurent leur apogée politique, sociale et culturelle en Argentine, avant de subir des mesures de rétorsion sans nombre à partir de 1852, après la défaite par les armes de Rosas. Corsini fut aussi et c'est très cohérent historiquement parlant un partisan du président Yrigoyen, le premier président de gauche du pays, élu en 1916, après 36 ans de l'épouvantable régime de la Generación del Ochenta (génération de l'année 1880).

Demain, samedi 21 juillet 2012, une plaque fileteada sera aposée au numéro 676 de la rue Otamendi, à 11h30, dans le quartier d'Almagro, où il vécut. C'est là que sa mère s'installa à son arrivée. Ils partirent ensuite vivre à la campagne (une expérience que ne fit pas Carlos Gardel, ce qui explique sans doute les rapports différents que les deux hommes eurent avec l'héritage des payadores, des artistes qui furent essentiellement des musiciens des champs plus que des villes). C'est là aussi qu'il revint vivre en 1907 et qu'il connut alors le grand payador qui habitait ce quartier (et dont le souvenir est toujours palpable dans plusieurs de ces rues), José Betinotti. C'est là qu'il habita presque jusqu'à sa mort.

Je ne vois pas de signature sur la photo de la plaque (le cadrage l'omet) mais je veux bien parier qu'il s'agit d'une oeuvre du fileteador Luis Zorz. C'est d'ailleurs lui en général qui obtient ces commandes pour des plaques souvenirs en extérieur. Un des très bons maîtres de cette discipline plastique si typique de Buenos Aires. Et comme vous le lisez sur le texte d'accompagnement envoyé par le Musée Casa Carlos Gardel, la plaque est posée dans le cadre de l'exposition consacrée à Corsini et cette série de chansons du Cycle Fédéral.

(1) Plusieurs de ces morceaux qu'il contribua à rendre célèbres et vivants jusqu'à aujourd'hui ont été traduits par mes soins dans Barrio de Tango, l'anthologie que j'ai publiée en mai 2010 aux Editions du Jasmin.