Manifestation devant le palais municipal en avril 2013 (photo Télam) En noir sur fond blanc on lit : Pas de grille ! En rouge : Association [de riverains] Parque Lezama |
Depuis
au moins deux ans, le gouvernement municipal de Buenos Aires enferme
systématiquement les petits espaces verts derrière des grilles ce
qui enlaidit beaucoup la ville, y fait régner un sentiment
d'insécurité fictive (jusque dans des quartiers aussi tranquilles
que Palermo, Recoleta ou Belgrano) et complique la vie des habitants
qui doivent faire à pied tout un détour pour profiter de l'espace
vert qui ne dispose plus que d'un seul point d'entrée et de sortie
ou pour le contourner pour atteindre l'une ou l'autre des autres rues
qui délimitent la place. Et tout ça dans une ville où marcher sur
la pelouse ne lui fait aucun mal : l'humidité est telle à
Buenos Aires que la végétation n'a rien à craindre des chaussures
des hommes. Rappelons que la ville est bâtie sur une zone
marécageuse, le delta du Río de la Plata, lui-même formé par la
jonction de deux énormes cours d'eau principaux, le Paraná et
l'Uruguay (à quoi il faut ajouter au sud de Buenos Aires même le
Riachuelo, dont on voit l'embouchure sur le plan, en bas, à droite :
le coude vers l'ouest que l'on aperçoit à l'extrémité des quais
de Puerto Maderno, bâti sur le Río de la Plata).
Vue satellitaire légendée du parc en juin 2011 C'est l'hiver, ce qui vous explique le manque de verdure Au sud, vous reconnaissez une zone industrielle |
L'année
dernière, j'ai constaté avec stupeur que la place du Chili, qui
fait face à la Plaza Gran-Bourg, sur laquelle donne le bâtiment de
l'Institut National Sanmartinien, à Palermo, avait subi cet
affront : les grilles cassent toute l'harmonie du lieu et du
mariage entre les statues des grands héros de la vie de José de San Martín en Amérique et en Europe (pendant son exil), avec les arbres majestueux qui s'épanouissent sur cette place, très
sereine, malgré la proximité de l'artère automobile qu'est Avenida
del Libertador. La même chose est arrivée au Parque del Centenario
à Flores et tant et tant d'autres lieux bucoliques en pleine ville.
L'année
dernière encore, je n'avais pas mis les pieds au Parque Lezama dans
le sud de San Telmo qui était entouré d'engins de travaux, boueux,
abîmé de partout par ces travaux qui semblaient très lourds.
Il
s'avère qu'ils avaient pour but de clore le parc (en fait un grand
jardin public, délicieux par ailleurs, à l'extrémité duquel on
trouve le Musée national historique pour lui donner son nom en
français (Museo Nacional Histórico). Mais les habitants des
environs ne l'entendent pas de cette oreille et vont manifester en
ces jours fériés des jours gras avec une murga de carnaval bien
ancrée dans la lutte politique pour dénoncer cette absurdité
urbaine. Página/12 raconte par ailleurs dans un article de ce matin
comment ils s'organisent pour bloquer les travaux et la pose des
grilles, après que la justice portègne leur a donné raison en
faisant suspendre l'opération. Les habitants se sont organisés en
association de riverains pour ester en justice et organiser la
défense d'un accès libre à cet espace vert et de la manière dont
ils l'investissent au quotidien. Le jardin sert en effet de raccourci
quand on veut le traverser en diagonale pour aller d'une avenue à
l'autre...
C'était
un grand progrès d'urbanisme au vingtième siècle que les grilles
des espaces verts soient abattues. Mauricio Macri ramène sa ville un
siècle en arrière alors qu'il faudrait développer la marche à
pied et la bicyclette pour lutter contre la pollution automobile dans
toute la capitale. Il fait l'inverse. La même chose peut être dite
de sa politique d'enchérissement inflationniste des transports en
commun qui pèsent de plus en plus sur le budget des ménages qui
voient aussi augmenter les impôts locaux. Il faut croire que trop
c'est trop !
Une carte postale du Parque Lezama avant 1931 C'est l'année où l'on a abattu cette enceinte et améliorer la circulation pédestre des riverains |