En
ce 2 février, jour de la Chandeleur où la France, et sans doute un peu au-delà de ses frontières, embaume traditionnellement les crêpes, je vous propose de nous pencher, grâce à
La Nación et à ses marronniers d'été, sur l'alfajor, grande
spécialité sucrée argentine, qui, d'après le journal, est la
championne de l'industrie pâtissière dans le pays. Pour les
enfants, il tient la place qu'a longtemps tenu le choco BN en
France : la collation grignotée à la récréation par Alceste,
quand il a oublié de s'acheter son éternel croissant destiné pour René Goscinny à faire des gros tâches de gras sur ses cahiers d'écolier.
Publicité de la marque Fantoche (pantin) inventrice de l'alfajor triple... |
En
Argentine, on en consommerait aujourd'hui neuf cents millions de
pièces, soit un kilo par personne et par an (1), acheté pour au
moins la moitié chez un kiosquier (type d'échoppes dont nous
n'avons d'équivalent que dans les gares et les stations de métro).
L'industrie dégagerait la bagatelle de sept mille millions de pesos
par an. Les ventes seraient en augmentation forte : 44% de plus
en décembre 2014 par rapport au même mois de l'année précédente
(indice non négligeable, quoi que veuille en dire l'opposition, de
la hausse globale du pouvoir d'achat des ménages dans le pays).
L'alfajor
est un gâteau venu d'Espagne où il serait de tradition mauresque,
donc probablement inventé dans le sud du pays au temps des royaumes
musulmans (son nom, qui signifie besace, en témoigne probablement
d'ailleurs). Il s'agit d'un double ou triple biscuit très friables,
comme les polvorones et les mantecados (eux aussi d'origine arabe),
collé par une couche de dulce de leche, de confiture ou de crème.
Il est ensuite laissé tel quel, roulé dans de la noix de coco râpée
ou nappé d'une couverture de chocolat ou d'un glaçage au blanc
d'œuf.
Communication institutionnelle Cachafaz - ça vous a une autre gueule, non ? |
Tout
en vous invitant à aller lire l'article qui détaille les chiffres,
secteurs par secteurs de distribution, marque par marque (il y en a
une bonne demi-douzaine au niveau national), je vous propose une
recette en images avec Cocineros Argentinos, la truculente et gargantuesque émission de cuisine
de TV Pública (connue autrefois sous son nom historique de Canal 7),
qui nous propose la version de Mar del Plata (2) (mais il en existe
d'autres, les plus connues étant l'alfajor de Santa Fe et celui de
Mendoza).
Le
site francophone Marmiton vous en propose une version en français même si le rédacteur s'embrouille un peu dans la désignation du dulce de leche. Pour le reste, c'est juste...
(1)
L'alfajor artisanale, celle que l'on achète à la confitería, très
grosse et difficile à manger sans une assiette et un couteau, pèse
environ 50 gr, sinon plus. C'est aussi le cas du gros alfajor vendu à
la pièce ou en boîtes élégantes de six ou multiples de six unités, sous des marques de luxe, type Havanna ou Cachafaz. Le petit
modèle, le préféré des marques du quotidien, vendues en kiosque
et en supermarché, comme Jorgito, Guaymallén, ou Fantoche, fait 20 grammes. Il
est conditionné en bouchée individuelle ou en barquette scellée de six pièces.
(2) Cliquez sur le lien pour lire la recette (en espagnol, of course !)