lundi 9 février 2015

La cuisine à remonter le temps [Actu]


C'est un article très bien tourné, admirablement divertissant qu'a signé hier Soledad Vallejos sur la mode internationale qui multiplie sur le petit écran les émissions de cuisine alors même qu'en ville, de moins en moins de gens trouvent le temps de cuisiner et qu'ils se tournent vers des plats tout faits et en Argentine, ces plats tout faits, ce n'est pas du surgelé comme en Europe, c'est du plat à emporter ou livrés à domicile par ce qu'on appelle là-bas les boutiques de delivery (si vous allez à Buenos Aires, vous ne pourrez pas les manquer, il y en a partout et dans tous les quartiers : pâtes, pizzas, empanadas, salades et guisos à la demande).

La journaliste de Página/12 a interviewé Mandi Ciriza, la directrice de la branche latino-américaine d'une chaîne spécialisée, Elgourmet, sur la signification du phénomène médiatique qui fait de certains chefs des vedettes à l'égal de quelques rockers et autres stars cinématographiques...



Le journal a complété cette analyse conjoncturelle avec l'interview d'une sociologue de la Universidad de Buenos Aires (UBA) qui s'est penchée sur la pionnière du genre en Argentine, Doña Petrona C. de Gandulfo, plus connue dans tout le pays comme Doña Petrona, dont les livres se vendent encore par milliers dans les librairies argentines.

Cette femme emblématique, qui fit à la télévision les premières émissions de cuisine dans les années 60, avait commencé son travail de vulgarisation culinaire trente ans plus tôt lorsqu'elle travaillait pour une entreprise gazière qui lui avait confié la tâche de faire des démonstrations sur toutes les commodités des gazinières et autres fours dont elle souhaitait voir les foyers argentins s'équiper rapidement (et c'est encore le cas dans la plupart des logis à Buenos Aires, où les plaques vitro-céramiques et à induction restent une exception, comme le four à thermostat et la bouilloire électriques l'un comme l'autre).

L'interview de Andrea Matallana sur Doña Petrona souligne les changements intervenus dans les goûts, la diététique et la condition féminine en Argentine tout au long du XXème siècle.

Andrea Matallana vient de publier aux Editions Capital Intelectual un livre sur cette aventure, qui fut aussi une belle réussite économique : Delicias y Sabores, Desde Doña Petrona hasta nuestros días (150 $ ARG).



Pour en savoir plus :
lire l'article de Página/12 sur les émissions culinaires
lire l'article de Página/12 sur la démarche de Andrea Matallana
lire la présentation du livre sur le site Web de la maison d'édition, où vous pouvez lire sur écran quelques extraits de l'ouvrage ainsi qu'une présentation de l'auteur.

Et si vous voulez vous amuser à découvrir la plus célèbre émission argentine sur le sujet, vous pouvez visiter le site Internet de Cocineros Argentinos, sur la RV Pública (les recettes sont en général réalisables, moyennant parfois quelques substitutions car nous n'avons pas en Europe tous les ingrédients de base, notamment les légumineuses, les maïs, certains fruits et légumes et les préparations charcutières et bouchères).