C'est
un article très bien tourné, admirablement divertissant qu'a signé
hier Soledad Vallejos sur la mode internationale qui multiplie sur le
petit écran les émissions de cuisine alors même qu'en ville, de
moins en moins de gens trouvent le temps de cuisiner et qu'ils se
tournent vers des plats tout faits et en Argentine, ces plats tout
faits, ce n'est pas du surgelé comme en Europe, c'est du plat à
emporter ou livrés à domicile par ce qu'on appelle là-bas les
boutiques de delivery (si vous allez à Buenos Aires, vous ne pourrez
pas les manquer, il y en a partout et dans tous les quartiers :
pâtes, pizzas, empanadas, salades et guisos à la demande).
La
journaliste de Página/12 a interviewé Mandi Ciriza, la directrice
de la branche latino-américaine d'une chaîne spécialisée,
Elgourmet, sur la signification du phénomène médiatique qui fait
de certains chefs des vedettes à l'égal de quelques rockers et
autres stars cinématographiques...
Le
journal a complété cette analyse conjoncturelle avec l'interview
d'une sociologue de la Universidad de Buenos Aires (UBA) qui s'est
penchée sur la pionnière du genre en Argentine, Doña Petrona C. de
Gandulfo, plus connue dans tout le pays comme Doña Petrona, dont les
livres se vendent encore par milliers dans les librairies argentines.
Cette
femme emblématique, qui fit à la télévision les premières
émissions de cuisine dans les années 60, avait commencé son
travail de vulgarisation culinaire trente ans plus tôt lorsqu'elle
travaillait pour une entreprise gazière qui lui avait confié la
tâche de faire des démonstrations sur toutes les commodités des
gazinières et autres fours dont elle souhaitait voir les foyers
argentins s'équiper rapidement (et c'est encore le cas dans la
plupart des logis à Buenos Aires, où les plaques vitro-céramiques
et à induction restent une exception, comme le four à thermostat et
la bouilloire électriques l'un comme l'autre).
L'interview
de Andrea Matallana sur Doña Petrona souligne les changements
intervenus dans les goûts, la diététique et la condition féminine
en Argentine tout au long du XXème
siècle.
Andrea
Matallana vient de publier aux Editions Capital Intelectual un livre
sur cette aventure, qui fut aussi une belle réussite économique :
Delicias y Sabores, Desde Doña Petrona hasta nuestros días (150 $
ARG).
Pour
en savoir plus :
lire
l'article de Página/12 sur les émissions culinaires
lire
l'article de Página/12 sur la démarche de Andrea Matallana
lire
la présentation du livre sur le site Web de la maison d'édition, où
vous pouvez lire sur écran quelques extraits de l'ouvrage ainsi
qu'une présentation de l'auteur.
Et
si vous voulez vous amuser à découvrir la plus célèbre émission
argentine sur le sujet, vous pouvez visiter le site Internet de Cocineros Argentinos, sur la RV Pública (les recettes sont en
général réalisables, moyennant parfois quelques substitutions car
nous n'avons pas en Europe tous les ingrédients de base, notamment
les légumineuses, les maïs, certains fruits et légumes et les
préparations charcutières et bouchères).