mercredi 4 février 2015

Bientôt un nouveau bienheureux latino-américain : Oscar Romero [Actu]

Photo EPA publiée par le Vatican

La nouvelle n'est pas une surprise complète puisque dès le début de son pontificat, François avait relancé le procès en béatification de Monseigneur Oscar Romero, archevêque de San Salvador assassiné, en haine de la foi, selon l'expression du droit canon pour définir les martyrs, par des paramilitaires, le 24 mars 1980. Il a été poignardé au moment où il consacrait la coupe de vin pendant la messe du soir, célébrée dans la chapelle d'un hôpital catholique.

L'article de L'Osservatore Romano, daté d'aujourd'hui et publié hier soir
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L'enquête canonique avait été interrompue sous le règne de Jean-Paul II, au grand dam de la gauche latino-américaine, des organisations des droits de l'homme et de l'Eglise qui se déployait sur le terrain social dans tout le continent. Monseigneur Romero était profondément engagé dans la pastorale populaire, auprès des classes défavorisées, dans la droite ligne de la doctrine sociale de l'Eglise. Il avait pris position pour le respect de la Déclaration universelle des droits de l'Homme, pour la libération face à l'oppression et au despotisme de la guerre froide, et il avait demandé ouvertement que les Etats-Unis cessent de soutenir les forces militaires qui entretenaient alors la guerre civile au Salvador (et dans toute l'Amérique centrale). Oscar Arnulfo Romero appartenait à cette première mouvance de la théologie de la Libération qui n'a jamais pris les armes ni absorbé le marxisme, deux glissements progressifs qui entraînèrent par la suite la condamnation de tout le mouvement, sans distinction, par Jean-Paul II.

Hier, le Pape François a signé le décret qui autorise l'élévation de Monseigneur Romero sur les autels (1) ainsi que celle de plusieurs autres martyrs de nationalités diverses, assassinés, quant à eux, au Pérou en août 1991.

La cérémonie de béatification proprement dite devrait se tenir à San Salvador, dans le diocèse du nouveau bienheureux, à une date qui devra être fixée par l'archevêque du lieu.

Le décret lui-même, tel qu'il est rapporté
dans L'Osservatore Romano du 4 février 2015

L'actualité brûlante en Argentine, avec l'affaire Nisman qui continue d'attiser les controverses entre majorité et opposition et alimente les rumeurs tandis que la Présidente se trouve en voyage officiel en Chine (autre point de friction politique), fait que l'information n'a pas le retentissement qu'on aurait pu en attendre si l'été avait été un tant soit plus apaisé, plus ordinaire. Le lecteur ne sera pas surpris d'apprendre qu'en Argentine, le quotidien qui développe le plus l'information reste et demeure Página/12, malgré ses convictions antireligieuses revendiquées. La Prensa n'en parle même pas.

Quant à la presse uruguayenne, elle s'intéresse davantage au carnaval et se complaît ce matin dans les images insoutenables du supplice du malheureux aviateur jordanien...

Pour aller plus loin :
lire l'article de Clarín, qui s'embrouille dans les prénoms du prélat (il faut vraiment traiter la chose avec dédain pour commettre pareille ânerie, le nom complet de l'homme est extrêmement connu dans le monde entier !)
lire l'article de La Nación (signé par Elizabetta Piqué, qui a réagi depuis Rome dès que l'information a été confirmée par les autorités vaticanes)
lire l'article de Página/12 (qui a attendu ce matin pour traiter l'information)
lire la dépêche de Télam (datée d'hier)
Aller aux sources avec deux articles très différents des services de communication du Vatican : un article en français et un article en espagnol.


(1) Avant qu'un fidèle défunt puisse faire l'objet d'une vénération publique, il faut qu'il ait été déclaré bienheureux. A l'étape précédente, celle où il est Vénérable Serviteur de Dieu, la seule prière autorisée est la prière privée, laquelle est elle-même guidée par des textes écrits par les responsables de la cause de béatification.