Photo EPA publiée par le Vatican |
La
nouvelle n'est pas une surprise complète puisque dès le début de
son pontificat, François avait relancé le procès en béatification
de Monseigneur Oscar Romero, archevêque de San Salvador assassiné,
en haine de la foi, selon l'expression du droit canon pour définir
les martyrs, par des paramilitaires, le 24 mars 1980. Il a été
poignardé au moment où il consacrait la coupe de vin pendant la messe du
soir, célébrée dans la chapelle d'un hôpital catholique.
L'article de L'Osservatore Romano, daté d'aujourd'hui et publié hier soir Cliquez sur l'image pour obtenir une résolution lisible |
L'enquête
canonique avait été interrompue sous le règne de Jean-Paul II, au
grand dam de la gauche latino-américaine, des organisations des droits de l'homme et de l'Eglise qui se déployait sur
le terrain social dans tout le continent. Monseigneur Romero était
profondément engagé dans la pastorale populaire, auprès des
classes défavorisées, dans la droite ligne de la doctrine sociale
de l'Eglise. Il avait pris position pour le respect de la Déclaration universelle des droits de l'Homme, pour
la libération face à l'oppression et au despotisme de la guerre
froide, et il avait demandé ouvertement que les Etats-Unis cessent
de soutenir les forces militaires qui entretenaient alors la guerre
civile au Salvador (et dans toute l'Amérique centrale). Oscar
Arnulfo Romero appartenait à cette première mouvance de la
théologie de la Libération qui n'a jamais pris les armes ni absorbé
le marxisme, deux glissements progressifs qui entraînèrent par la
suite la condamnation de tout le mouvement, sans
distinction, par Jean-Paul II.
Hier,
le Pape François a signé le décret qui autorise l'élévation de
Monseigneur Romero sur les autels (1) ainsi que celle de plusieurs
autres martyrs de nationalités diverses, assassinés, quant à eux,
au Pérou en août 1991.
La
cérémonie de béatification proprement dite devrait se tenir à San
Salvador, dans le diocèse du nouveau bienheureux, à une date qui
devra être fixée par l'archevêque du lieu.
Le décret lui-même, tel qu'il est rapporté dans L'Osservatore Romano du 4 février 2015 |
L'actualité
brûlante en Argentine, avec l'affaire Nisman qui continue d'attiser
les controverses entre majorité et opposition et alimente les
rumeurs tandis que la Présidente se trouve en voyage officiel en
Chine (autre point de friction politique), fait que l'information n'a
pas le retentissement qu'on aurait pu en attendre si l'été avait été un tant soit plus
apaisé, plus ordinaire. Le lecteur ne sera pas surpris
d'apprendre qu'en Argentine, le quotidien qui développe le plus
l'information reste et demeure Página/12, malgré ses convictions antireligieuses revendiquées. La Prensa n'en parle même pas.
Quant
à la presse uruguayenne, elle s'intéresse davantage au carnaval et
se complaît ce matin dans les images insoutenables du supplice du malheureux
aviateur jordanien...
Pour
aller plus loin :
lire
l'article de Clarín, qui s'embrouille dans les prénoms du prélat (il faut vraiment traiter la chose avec dédain pour commettre pareille ânerie, le nom complet de l'homme est extrêmement connu dans le monde entier !)
lire
l'article de La Nación (signé par Elizabetta Piqué, qui a réagi depuis Rome dès que l'information a été confirmée par les autorités vaticanes)
lire
l'article de Página/12 (qui a attendu ce matin pour traiter l'information)
lire
la dépêche de Télam (datée d'hier)
lire
le très court entrefilet de La República (en Uruguay)
Aller
aux sources avec deux articles très différents des services de
communication du Vatican : un article en français et un article en espagnol.
(1)
Avant qu'un fidèle défunt puisse faire l'objet d'une vénération
publique, il faut qu'il ait été déclaré bienheureux. A l'étape
précédente, celle où il est Vénérable Serviteur de Dieu, la
seule prière autorisée est la prière privée, laquelle est
elle-même guidée par des textes écrits par les responsables de la
cause de béatification.