Le visuel de la première diffusion du documentaire |
C'était
il y a deux cent deux ans, à proximité de Rosario, dans la Province
de Sante Fe, sur les falaises qui bordent le cours du Paraná. Un
rapide combat mettant aux prises pendant quinze minutes moins de cinq
cents soldats, les uns révolutionnaires, armés de piques, de sabres
et de fusils, les autres absolutistes, traînant avec eux un canon.
Et ça n'en est pas moins le Valmy des Argentins.
Ceux qui suivent ce blog savent qu'il s'agit du seul engagement armé du futur général José de San Martín sur le sol national et que cette victoire a donné lieu à une chanson patriotique que tous les Argentins connaissent par cœur, la Marcha de San Lorenzo. Et pour le reste, je vous renvoie à San Martín, A rebours des conquistadors, la biographie que j'ai publiée aux Editions du Jasmin, en décembre 2012, sur ce général passionné de liberté, droit comme un i, désintéressé et qui présente la particularité de n'avoir à son actif, comme commandant en chef, qu'un tout petit nombre d'engagements, trois en tout si l'on inclut San Lorenzo !
Ceux qui suivent ce blog savent qu'il s'agit du seul engagement armé du futur général José de San Martín sur le sol national et que cette victoire a donné lieu à une chanson patriotique que tous les Argentins connaissent par cœur, la Marcha de San Lorenzo. Et pour le reste, je vous renvoie à San Martín, A rebours des conquistadors, la biographie que j'ai publiée aux Editions du Jasmin, en décembre 2012, sur ce général passionné de liberté, droit comme un i, désintéressé et qui présente la particularité de n'avoir à son actif, comme commandant en chef, qu'un tout petit nombre d'engagements, trois en tout si l'on inclut San Lorenzo !
Chaque 3 février, le Régiment publie une photo rituelle de la charge historique sur sa page Facebook |
Aujourd'hui,
sur les lieux historiques du combat, l'actuel Régiment des
Grenadiers à Cheval, qui assure les fonctions d'Escorte
présidentielle, et ses réservistes rendent hommage à leurs
prédécesseurs et aux quelques hommes morts pour la patrie (ils
furent peu nombreux car San Martín était très ménager du sang de
ses soldats). Les Grenadiers vont reconstituer comme tous les ans la
charge au galop et sabre au clair avec laquelle San Martín
désordonna la colonne absolutiste venue de Montevideo pour piller un
couvent franciscain susceptible d'abriter des réserves de
nourriture.
Pour
marquer cet anniversaire, j'ai choisi un documentaire rudement bien
fait de Canal Encuentro, la chaîne culturelle du service public
argentin. Un docu-fiction très réaliste qui dure trois quarts
d'heure et qui comprend quelques erreurs qu'on pardonnera bien
volontiers (1). L'interprétation des faits n'est pas tout à fait
neutre : il s'agit pour les co-producteurs, la chaîne publique
et la Universidad Nacional San Martín (UNSAM), très portée sur le
revisionismo (2), de contribuer à casser les images d'Epinal que
l'école obligatoire véhicule encore et toujours depuis 1884 en
diffusant la lecture des événements que faisait Bartolomé Mitre
(3), dans les années 1860. Rude tâche que de remettre du contenu
politique dans une épopée militaire que les intellectuels de la
République conservatrice (1860-1880) ont soigneusement vidée de son
sens profond.
Pour
voir la présentation du film sur le site de Canal Encuentro, où
vous pourrez le télécharger gracieusement en toute légalité (à
condition d'avoir créé votre compte auprès de la chaîne), cliquez
sur le lien.
La photo choisie hier par les Réservistes (4) sur leur page Facebook : le jardin du couvent |
Pour
en savoir plus sur San Martín, cliquez sur son nom dans le bloc Pour
chercher, para buscar, to search, sous le titre de l'article ainsi
que mes activités (en haut de la Colonne de droite), qui rassemblent
mes conférences et mes livres.
(1)
L'une concerne l'utilisation anachronique de la Liberté guidant le
Peuple d'Eugène Delacroix. L'autre concerne les sous-titres en
anglais, qui ne sont pas toujours en accord avec le texte espagnol.(2)
Je vous ai déjà parlé de ce courant historique qui prend beaucoup
de place actuellement dans l'Argentine démocratique, après avoir
subi la censure féroce des différentes dictatures et autres
gouvernements autoritaires pendant la guerre froide. Il s'agit de
faire une relecture du passé national et latino-américain en
réintroduisant les peuples dans l'histoire (qui du côté mitriste
est considérée comme une suite de batailles et de traités de paix
animés par des grands hommes). La lecture revisionista est également
marquée d'une hostilité forte à la Grande-Bretagne, accusée
d'avoir été la puissance post-coloniale de l'Amérique du Sud, un
peu plus légère contre la France (pour des raisons similaires), une
réhabilitation de l'Espagne populaire et, chez certains auteurs, une
théorie du complot qui aurait vu l'oligarchie argentine s'allier
objectivement et volontairement à la Grande-Bretagne pour tenir le
pays en servage. Cette théorie prend tout un éventail d'aspects, de
la thèse scientifique bien argumentée (UNSAM) au délire complet,
hargneux et haineux, auquel Canal Encuentro fait peu de place.(3)
Bartolomé Mitre (1821-1906) est un militaire (assez médiocre) et un
puissant intellectuel qui a fixé la geste nationale de la Révolution
de Mai 1810 et de la guerre d'Indépendance. Il a aussi été l'un
des présidents de la République Conservatrice, un auteur très lu
en son temps et auquel les historiens continuent de se référer
(pour s'appuyer sur ce qu'il a dit ou le combattre ardemment) ainsi
que le fondateur et le premier directeur du journal La Nación.(4) Les réservistes ont pris en charge les explications écrites proposées dans la cathédrale de Buenos Aires, près de la tombe du général (en haut, à droite de la nef). J'en ai assuré la traduction pour la langue française.