Depuis le 5 avril, TV Pública diffuse tous les mercredis soirs un documentaire de
reconstitution de la Traversée des Andes, dont l'Argentine et le
Chili fêtent cette année le bicentenaire (voir mes articles sous le mot-clé Cruce).
Le documentaire est une
coproduction internationale qui implique l'UNESCO, où l'ambassadeur
argentin, Rodolfo Terragno, est un académicien de l'Instituto
Nacional Sanmartiniano, passionné par le personnage du général San Martín,
Google Argentina, qui a fourni les moyens de cartographie
informatique, la Direction nationale des Droits de l'Homme (ministère
de la Justice), la Direction de Droit International humanitaire
(ministère de la Défense) et le groupe Télévision publique
Argentine (ministère du système fédéral de médias et contenus
publics). On peut regretter l'absence de participation chilienne.
Après tout, l'affaire concerne aussi (rien qu'un peu) le Chili.
Photo du tournage (TV Pública) |
Sous le titre Motivados
por la Historia (motivés par l'histoire), la série se compose de
huit épisodes de moyen métrage (25-30 minutes), bien faits à ce
que j'ai pu en voir, autour d'un fil rouge : quatre jeunes gens
de la région de Cuyo, représentant chacun l'une des provinces
argentines protagonistes de cette traversée légendaire, Mendoza,
San Juan, San Luis et La Rioja, accompagnés par un professeur
d'histoire (éducation secondaire), lui-même écrivain et chargé de
rédiger le journal de l'expédition. Au fur et à mesure qu'avance
notre petit corps expéditionnaire, il plante à chaque étape
importante de la Traversée une signalétique, les emblemas azules
(symboles bleus) qui proclament que cette Route Sanmartinienne est
un site culturel protégé par l'UNESCO en cas de conflit armé (1).
Photo du tournage |
Au sein d'une équipe de
tournage de 40 personnes, nos jeunes gens ont passé une bonne partie
de leurs vacances d'été à crapahuter, à pied et à cheval, en
février, à travers une chaîne montagneuse connue pour son
caractère inhospitalier. Ils ont connu bien des difficultés
physiques, entre chaleur du jour et froid de la nuit, raréfaction de
l'oxygène en altitude et diverses menues blessures. Ils n'ont pas eu
à engager le combat une fois arrivés au Chili, eux, au moins.
Les six premiers épisodes
déjà diffusés à l'antenne sont disponibles en ligne, uniquement
en VO (ni sous-titres ni doublage, accrochez-vous !). Ils ont de
quoi vous en mettre plein les mirettes : splendeur des paysages
grandioses et miracle de la technologie vidéo assistée. Les
explications didactiques viennent en plus.
Photo du tournage |
Google Street Views et
Wikipedia sont partenaires de l'aventure et propose du contenu
complémentaire tandis que l'Universidad Nacional de Cuyo, à
Mendoza, a développé une appli, qui peut être téléchargée sur
ordinateur fixe et appareils mobiles.
L'ouverture du premier
épisode a été tourné à Paris, à l'UNESCO, et offre une courte
interview de Rodolfo Terragno, dans son petit bureau qu'il a décoré
de reproductions des célèbres lithographies que les batailles de
Chacabuco (1817) et Maipú (1818) ont inspirées au peintre Théodore
Géricault (resté à Paris mais emballé par ce qu'il lisait dans Le
Constitutionnel et Le Journal des Débats) (2).
D'ici deux semaines, les
deux épisodes restants seront eux aussi en ligne pour une forme de
replay gratuit, à l'argentine, de la série au complet.
Pour en savoir plus :
consulter la page de l'émission sur le site Internet de TV Pública.
(1) Ce qui ne manque pas
d'être un peu étrange à une époque où les deux pays frontaliers
déploient tant d'efforts pour faire vivre les organisations
internationales pacifiques que sont le Mercosur (côté économique)
et l'UNASUR (côté politique), ce qui met fin à l'hostilité qui a
existé entre eux mais qui est bel et bien dépassée aujourd'hui.
(2) En 1817, Le Journal
des Débats était plutôt hostile aux "insurgents de l'Amérique australe",
tandis que Le Constitutionnel, journal libéral, inscrit dans
l'opposition à la politique de Louis XVIII, tenait un discours plus
admiratif, plus proche de la presse britannique. Ces deux
lithographies sont très connues en Amérique du Sud. Elles sont
inconnues en France.