Elu
dimanche, Bolsonaro a annoncé dès hier que sa première visite à
l'étranger, après sa prise de fonction le 1er
janvier prochain, serait pour les Etats-Unis, puis Israël et le
Chili. Les Etats-Unis pour son alter-ego, Donald Trump, aussi
violent, raciste, sexiste, inculte et mal élevé que lui (et à
peine plus subtil). Israël parce que Bibi Netanyahou n'est pas mal
non plus dans son genre, violent, cynique, belliciste et traînant
derrière lui une ribambelle de soupçons de corruption et de
malversation. Enfin le Chili parce que les pinochettistes sont alliés
à Sebastián Piñera pour former la nouvelle majorité. Ah ! ce
bon vieux temps de la dictature militaire où l'on assassinait à
plaisir les opposants, forcément communistes (1), après les avoir
dûment torturés.
En haut : "Hommage à la démocratie", avec une cérémonie que Macri a présidée dans le musée de la Casa Rosada En bas : "Tournant le dos au Mercosur" Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Or
la tradition diplomatique brésilienne veut que le premier voyage
d'un nouveau mandataire soit pour l'Argentine, le pays voisin, le
second de la région par son économie et son extension territoriale.
"Bolsonaro exclut l'Argentine de son premier voyage de président" Cliquez sur l'image pour une haute résolutoin |
A
en croire la presse nationale, les Argentins, déjà assez mortifiés
de n'avoir pas encore pu recevoir "leur"
pape, se sentent humiliés par cette décision qui n'a pourtant rien
de surprenant de la part de l'individu qui l'a prise. Ils sont
d'autant plus humiliés que les deux pays sont les seuls Etats de la
région à participer au G20, dont l'Argentine occupe cette année la
présidence tournante. Et pourtant le président Macri et le ministre
des Affaires étrangères Faurie n'ont hésité à transgresser leurs
valeurs démocratiques d'abord pour conserver de bonnes relations
avec le Brésil de Michel Temer et ensuite pour flatter son sulfureux
futur successeur, Jorge Faurie n'hésitant même pas à taxer, de
façon exagérément diplomatique, de "projet
de centre-droit"
le très malfaisant, très fumeux et passablement furibond programme
de Bolsonaro... Et pour comble de malheur, ce premier incident
diplomatique intervient alors que l'Argentine fête les 35 ans du
retour du scrutin démocratique après les sept ans de suspension de
la constitution par le coup d'Etat de 1976, ce vote libre qui allait
porter Raúl Alfonsín à la Casa Rosada.
Pour
en savoir plus :
lire
l'article de Clarín
lire
l'article de La Nación.
Ajout du 31 août 2018 :
Claudio Guedes, le professeur d'université néolibéral qui occupera prochainement le poste de ministre de l'Economie de Bolsonaro, a pris conscience de l'impair diplomatique qu'il avait commis et a tenté de s'excuser tout en répétant que décidément, le Mercosur et l'Argentine ne sont pas dans le champ de ses préoccupations. Tous les journaux argentins ce matin se font l'écho de ce rétropédalage plus que maladroit.
lire l'article de Página/12
lire l'article de Clarín
lire l'un des deux articles de La Nación
(1)
En fait, c'est une vue de l'esprit, un mantra de l'extrême-droite
pro-impérialiste. Le communisme est presque inexistant dans
l'éventail politique et idéologique d'Amérique du Sud. Même Fidel
Castro n'était pas communiste. Il s'était juste déguisé en
marxiste pour obtenir l'appui de l'URSS, indispensable pour
neutraliser la puissance des Etats-Unis trop proches des côtes de
son île.