mardi 30 octobre 2018

A peine élu, Bolsonaro casse déjà tout [Actu]

"Avec le cœur regardant vers le nord"
la rédaction de Página/12 a choisi de citer le texte d'un tango de Eladía Blázquez
où elle regardait au sud, c'est-à-dire vers la patrie et vers les classes sociales modestes

Elu dimanche, Bolsonaro a annoncé dès hier que sa première visite à l'étranger, après sa prise de fonction le 1er janvier prochain, serait pour les Etats-Unis, puis Israël et le Chili. Les Etats-Unis pour son alter-ego, Donald Trump, aussi violent, raciste, sexiste, inculte et mal élevé que lui (et à peine plus subtil). Israël parce que Bibi Netanyahou n'est pas mal non plus dans son genre, violent, cynique, belliciste et traînant derrière lui une ribambelle de soupçons de corruption et de malversation. Enfin le Chili parce que les pinochettistes sont alliés à Sebastián Piñera pour former la nouvelle majorité. Ah ! ce bon vieux temps de la dictature militaire où l'on assassinait à plaisir les opposants, forcément communistes (1), après les avoir dûment torturés.

En haut : "Hommage à la démocratie", avec une cérémonie
que Macri a présidée dans le musée de la Casa Rosada
En bas : "Tournant le dos au Mercosur"
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Or la tradition diplomatique brésilienne veut que le premier voyage d'un nouveau mandataire soit pour l'Argentine, le pays voisin, le second de la région par son économie et son extension territoriale.

"Bolsonaro exclut l'Argentine de son premier voyage de président"
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A en croire la presse nationale, les Argentins, déjà assez mortifiés de n'avoir pas encore pu recevoir "leur" pape, se sentent humiliés par cette décision qui n'a pourtant rien de surprenant de la part de l'individu qui l'a prise. Ils sont d'autant plus humiliés que les deux pays sont les seuls Etats de la région à participer au G20, dont l'Argentine occupe cette année la présidence tournante. Et pourtant le président Macri et le ministre des Affaires étrangères Faurie n'ont hésité à transgresser leurs valeurs démocratiques d'abord pour conserver de bonnes relations avec le Brésil de Michel Temer et ensuite pour flatter son sulfureux futur successeur, Jorge Faurie n'hésitant même pas à taxer, de façon exagérément diplomatique, de "projet de centre-droit" le très malfaisant, très fumeux et passablement furibond programme de Bolsonaro... Et pour comble de malheur, ce premier incident diplomatique intervient alors que l'Argentine fête les 35 ans du retour du scrutin démocratique après les sept ans de suspension de la constitution par le coup d'Etat de 1976, ce vote libre qui allait porter Raúl Alfonsín à la Casa Rosada.

Pour en savoir plus :

Ajout du 31 août 2018 :
Claudio Guedes, le professeur d'université néolibéral qui occupera prochainement le poste de ministre de l'Economie de Bolsonaro, a pris conscience de l'impair diplomatique qu'il avait commis et a tenté de s'excuser tout en répétant que décidément, le Mercosur et l'Argentine ne sont pas dans le champ de ses préoccupations. Tous les journaux argentins ce matin se font l'écho de ce rétropédalage plus que maladroit.
lire l'article de Página/12
lire l'article de Clarín
lire l'un des deux articles de La Nación



(1) En fait, c'est une vue de l'esprit, un mantra de l'extrême-droite pro-impérialiste. Le communisme est presque inexistant dans l'éventail politique et idéologique d'Amérique du Sud. Même Fidel Castro n'était pas communiste. Il s'était juste déguisé en marxiste pour obtenir l'appui de l'URSS, indispensable pour neutraliser la puissance des Etats-Unis trop proches des côtes de son île.