mardi 8 septembre 2020

Il y a deux cents ans aujourd’hui, San Martín foulait le sol de Pisco [Bicentenaire]

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Le 8 septembre 1820, le général José de San Martín, à la tête d’un corps expéditionnaire envoyé par le Chili 1, débarquait sur une plage péruvienne, la Bahía de Paracas, à « trois lieues au sud du port de Pisco » 2, dans la partie méridionale du pays. Cette expédition, San Martín l’avait conçue en août 1814, alors qu’il était convalescent à Córdoba, dans la future Argentine dont il était natif. Il était parti de Valparaíso le 20 août précédent.

Edition du 24 novembre 1820
quand on apprit le départ le 20 août de l'expédition de San Martín
Ce journal était libéral et cette information l'embarrasse beaucoup.
Tout libéraux qu'ils pouvaient être, les Espagnols au pouvoir
pendant ces trois années où le roi avait été écarté du gouvernement
tenaient à conserver leur empire colonial
d'où provenaient toutes leurs richesses
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Dès qu’il eut mis pied à terre, entouré de quelques hommes de son état-major et accompagné de deux bataillons, de deux équipages d’artillerie et d’un détachement de cavalerie débarqués dans la nuit 3, il déclara que le Pérou était d’ores et déjà libre, alors que Lima était encore tenue par son vice-roi, le général Joaquím Pezuela, celui-là même qui à la fin de l’année 1813 avait gagné la confiance du Conseil de Régence en Espagne en délogeant du Haut-Pérou (actuelle Bolivie) le général indépendantiste argentin Manuel Belgrano. Avec cette déclaration provocante, San Martín entamait ce qu’il restait de crédit à Pezuela, l’une des principales tactiques qu’il allait mettre en œuvre pendant les dix mois qui le séparaient de la chute définitive de Lima et de la conversion de ses habitants à l’indépendance.

La côte péruvienne à la hauteur de Pisco (photo Google Earth)
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Pendant ces dix mois, jusqu’à la mi-juillet 1821, San Martín mena une guerre d’usure contre les forces royalistes en évitant autant qu’il lui était possible de verser le sang et en refusant de provoquer la bataille de Lima dont toute l’Europe attendait qu’elle répète son exploit de février 1817 lorsqu’il avait déjà défait les troupes royalistes au Chili, à la bataille de Chacabuco. À bord d’une petite goélette, la Moctezuma, que le directeur suprême du Chili lui avait offerte, pour qu’elle lui serve de domicile jusqu’à la reddition de Lima, il allait parcourir la côte péruvienne du sud au nord et du nord au sud pour affoler les forces ennemies, provoquer des marches et contre-marches qui, en épuisant les hommes, allaient entraîner des désertions en masse et même des ralliements collective à la cause révolutionnaire.

Extrait de l'ouvrage du général Geronimo Espejo,
compagnon d'armes de San Martín depuis la traversée des Andes
Apuntes históricos sobre la Expedición libertadora del Perú, Buenos Aires, 1868

En septembre 1820, Pezuela disposait d’environ 8.700 hommes (ce sont du moins les chiffres qu’il présenta lorsque, de retour en Espagne, il dût rendre des comptes au roi Fernando VII pour la perte de la dernière colonie que la Couronne possédait encore sur le continent sud-américain). San Martín n’en avait que la moitié 4 mais sa stratégie s’avéra payante et ses rangs grossirent au fur et à mesure que le temps s’écoulait.


A partir du 8 septembre jusqu’en septembre 1822, les écrits publics de San Martín allaient porter une double date, le jour selon le calendrier grégorien et, souvenir de la Révolution Française, dont il était l’un des héritiers, l’année de la Liberté du Pérou : Año I de la Libertad del Perú jusqu’en août 1821 puis Año II de la Libertad del Perú jusqu’à sa démission de toute fonction publique, remise aux députés du Congrès constituant qu’il avait convoqué à Lima en septembre 1822.

San Martín quitta le pays avec le titre de Fondateur de la Liberté du Pérou que le Congrès venait de lui accorder et qui figure sur son acte de décès, dressé à Boulogne-sur-Mer le 18 août 1850 et que conservent les archives départementales du Pas-de-Calais.

Une de La Prensa aujourd'hui
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A cette occasion, le quotidien argentin La Prensa a publié aujourd’hui une chronique commémorative du président honoraire de l’Instituto Sanmartiniano del Perú (à lire sous ce lien). Le journal la fait même figurer sur sa une de ce jour. A marquer d’une pierre blanche !



(1) Elle englobait aussi une partie de l’Armée des Andes, majoritairement composée d’Argentins et plus précisément de Cuyains.
(2) soit une douzaine de kilomètres.
(3) Leur mission était de s’emparer de la bourgade de Pisco. En arrivant sur place, ils trouvèrent la place désertée par ses habitants et s’installèrent avec les précautions d’usage. De son côté, le gouvernement vice-royal fit courir le bruit que la ville avait été ravagée par l’ennemi et que les civils avaient souffert des traitements barbares.
(4) 4.118 hommes pour l’armée de terre et 1.900 marins. Très vite, une grande partie de cette armée fut victime du paludisme qui ravageait ces régions et la suite de la campagne n’en fut que plus héroïque et mit à rude épreuve les qualités de stratège et de tacticien du général en chef.