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Le 8 septembre 1820, le général José de
San Martín, à la tête d’un corps expéditionnaire envoyé
par le Chili 1,
débarquait sur une plage péruvienne, la Bahía de Paracas, à
« trois lieues au sud du port de Pisco » 2,
dans la partie méridionale du pays. Cette expédition, San Martín
l’avait conçue en août 1814, alors qu’il était convalescent à
Córdoba, dans la future Argentine dont il était natif. Il était
parti de Valparaíso le 20 août précédent.
Dès
qu’il eut mis pied à terre, entouré de quelques hommes de son
état-major et accompagné de deux bataillons, de deux équipages
d’artillerie et d’un détachement de cavalerie débarqués dans
la nuit 3,
il déclara que le Pérou était d’ores et déjà libre, alors que
Lima était encore tenue par son vice-roi, le général Joaquím
Pezuela, celui-là même qui à la fin de l’année 1813 avait gagné
la confiance du Conseil de Régence en Espagne en délogeant du
Haut-Pérou (actuelle Bolivie) le général indépendantiste argentin
Manuel Belgrano. Avec cette déclaration provocante, San Martín
entamait ce qu’il restait de crédit à Pezuela, l’une des
principales tactiques qu’il allait mettre en œuvre pendant les dix
mois qui le séparaient de la chute définitive de Lima et de la
conversion de ses habitants à l’indépendance.
La côte péruvienne à la hauteur de Pisco (photo Google Earth) cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Pendant
ces dix mois, jusqu’à la mi-juillet 1821, San Martín mena
une guerre d’usure contre les forces royalistes en évitant autant
qu’il lui était possible de verser le sang et en refusant de
provoquer la bataille de Lima dont toute l’Europe attendait qu’elle
répète son exploit de février 1817 lorsqu’il avait déjà défait
les troupes royalistes au Chili, à la bataille de Chacabuco. À bord
d’une petite goélette, la Moctezuma,
que le directeur suprême du Chili lui avait offerte, pour qu’elle
lui serve de domicile jusqu’à la reddition de Lima, il allait
parcourir la côte péruvienne du sud au nord et du nord au sud pour
affoler les forces ennemies, provoquer des marches et contre-marches
qui, en épuisant les hommes, allaient entraîner des désertions en
masse et même des ralliements collective à la cause
révolutionnaire.
Extrait de l'ouvrage du général Geronimo Espejo, compagnon d'armes de San Martín depuis la traversée des Andes Apuntes históricos sobre la Expedición libertadora del Perú, Buenos Aires, 1868 |
En
septembre 1820, Pezuela disposait d’environ 8.700 hommes (ce sont
du moins les chiffres qu’il présenta lorsque, de retour en
Espagne, il dût rendre des comptes au roi Fernando VII pour la
perte de la dernière colonie que la Couronne possédait encore sur
le continent sud-américain). San Martín n’en avait que la
moitié 4
mais sa stratégie s’avéra payante et ses rangs grossirent au fur
et à mesure que le temps s’écoulait.
A
partir du 8 septembre jusqu’en septembre 1822, les écrits publics
de San Martín allaient porter une double date, le jour selon le
calendrier grégorien et, souvenir de la Révolution Française, dont
il était l’un des héritiers, l’année de la Liberté du Pérou :
Año I de la Libertad del Perú
jusqu’en août 1821 puis Año II de la
Libertad del Perú jusqu’à sa
démission de toute fonction publique, remise aux députés du
Congrès constituant qu’il avait convoqué à Lima en septembre
1822.
San Martín
quitta le pays avec le titre de Fondateur de la Liberté du Pérou
que le Congrès venait de lui accorder et qui figure sur son acte de
décès, dressé à Boulogne-sur-Mer le 18 août 1850 et que
conservent les archives départementales du Pas-de-Calais.
Une de La Prensa aujourd'hui Regardez en bas à gauche Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
A
cette occasion, le quotidien argentin La Prensa a publié aujourd’hui
une chronique commémorative du président honoraire de l’Instituto
Sanmartiniano del Perú (à lire sous ce lien). Le journal la fait
même figurer sur sa une de ce jour. A marquer d’une pierre
blanche !
(1)
Elle englobait aussi une partie de l’Armée des Andes,
majoritairement composée d’Argentins et plus précisément de
Cuyains.
(2)
soit une douzaine de kilomètres.
(3)
Leur mission était de s’emparer de la bourgade de Pisco. En
arrivant sur place, ils trouvèrent la place désertée par ses
habitants et s’installèrent avec les précautions d’usage. De
son côté, le gouvernement vice-royal fit courir le bruit que la
ville avait été ravagée par l’ennemi et que les civils avaient
souffert des traitements barbares.
(4)
4.118 hommes pour l’armée de terre et 1.900 marins. Très vite,
une grande partie de cette armée fut victime du paludisme qui
ravageait ces régions et la suite de la campagne n’en fut que plus
héroïque et mit à rude épreuve les qualités de stratège et de
tacticien du général en chef.