Hier, dans une grande conférence de presse
particulièrement solennelle, le président Alberto Fernández a
annoncé que la dette argentine émise à l’étranger et contractée
auprès d’investisseurs privés vient d’être définitivement
restructurée après un peu moins de neuf mois d’une négociation
ardue dans des conditions difficiles marquées par la pandémie, sous
la conduite du ministre de l’Économie,
Martín Guzman, la nouvelle coqueluche des économistes alternatifs,
un disciple du prix Nobel Joseph Stiglitz.
Gros-titre : "Le gouvernement annonce la restructuration à 99% de la dette extérieure" Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
A
cette occasion, le chef de l’État était accompagné par ses
ministres et par les présidents des deux chambres législatives, le
président de la Chambre des députés, Sergio Massa, et la
présidente du Sénat, Cristina Kirchner, vice-présidente, qui a eu
elle-même, lors de son propre mandat présidentiel, à défendre bec
et ongles la souveraineté de son pays quand un vieux juge local
new-yorkais s’était mis en tête d’humilier l’Argentine en la
traitant comme un débiteur privé soumis au droit commercial commun
de l’État de New-York. Hier, elle faisait son grand retour aux
côtés du chef de l’État depuis leur prestation de serment
respective, le 10 décembre dernier.
Gros-titre : "Avec Cristina, ils annoncent le succès du nouveau taux de remboursement" Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Alberto Fernández a
profité de cet incontestable succès pour présenter son plan de
relance économique pour l’année prochaine. Et ce matin, comme par
hasard, la pressse mainstream a sorti un nouveau scandale pour
porter atteinte à la crédibilité politique de Cristina Kirchner,
qui voit l’étau judiciaire que certains juges avaient tenté de
refermer sur elle sous la précédente majorité. La voilà
maintenant accusée par les media de refuser de payer ses impôts.
Cette même presse qui ne peut faire autrement ce matin que de saluer
la réussite d’un gouvernement qu’elle ne peut pas souffrir.
On nourrit aussi beaucoup depuis quelques jours l’idée qu’elle joue actuellement contre le président qui serait sa marionnette. Il était donc important pour la majorité de présenter un front uni.
Gros-titre : "Et maintenant, on produit et on travaille" |
Il reste maintenant à
l’Argentine à ficeler un accord définitif avec le FMI dont la
directrice générale lui est plutôt favorable. Il se pourrait bien
que cet accord attende toutefois le résultat des élections du 3
novembre car, en cas de réélection de Donald Trump, il est possible que le
Fonds monétaire international subisse une pression de la part des
USA pour empoisonner la vie du gouvernement argentin comme il semble
avoir subi une pression, déjà de Trump, pour violer au profit de
Mauricio Macri ses règles limitant l’ampleur des prêts (1).
Cet accord, lorsqu’il sera conclu, sera envoyé au Congrès pour
être approuvé. Un point marqué par la majorité !
En Argentine, tout le
monde se souvient qu’il y a deux ans, Mauricio Macri a endetté le
pays en exerçant son pouvoir présidentiel de façon
discrétionnaire, sans passer par le débat et le vote
parlementaires, ce dont il n’est pas exclu qu’il doive un jour
répondre devant les tribunaux (cette décision peut s’interpréter
comme un abus de pouvoir, comme une décision anticonstitutionnelle).
Pour aller plus loin :
lire l’article de Clarín
Ajout du 7 septembre 2020 :
Página/12 analyse la réussite de Martín Guzman et le silence d'une droite assommée par une prouesse qu'elle n'attendait pas à gauche.
(1)
Il semble que Trump ait espéré faciliter ainsi la réélection de
Mauricio Macri, homme d’affaires comme lui. Raté !